Читать книгу Études d'histoire naturelle - Romuald Jacquemoud - Страница 17
XII
ОглавлениеAu point de vue du système de reproduction, on divise les insectes en deux grandes classes: les vivipares et les ovipares. Chez les vivipares, le petit être sort vivant et complètement formé du ventre de sa mère; chez les ovipares, la mère pond des œufs d’où sortiront des petits qui passeront par plusieurs transformations ou métamorphoses dont nous parlerons bientôt.
La mère vivipare a ici un bien grand avantage sur l’ovipare. Elle pourra voir ses petits à peine produits à la lumière, elle les réchauffera du feu de son amour; elle se sentira renaître dans un autre elle-même. Tel n’est pas le sort de la mère ovipare; pour celle-ci, la mort est un fruit de l’amour; ces petits qu’elle aurait aussi aimés, elle ne les connaîtra pas; elle mourra après avoir pondu ses œufs, les confiant alors à une plante pour que celle-ci continue ses fonctions maternelles, et au soleil, pour qu’il en facilite l’éclosion, comme un bon père. Cette pauvre mère, malgré cela, chérit d’instinct ceux dont la naissance doit lui donner la mort; elle ne recule devant rien pour assurer l’existence de ces œufs qu’elle ne verra jamais s’ouvrir. Prévoyante et mère avant tout, elle pondra ses œufs dans un endroit où les petits qui sortiront pourront trouver une facile et abondante pâture; elle rassemblera autour d’eux les aliments qu’elle sait convenir à leur jeune âge, et, après ce suprême acte d’amour qui aura consumé le peu de vie qui lui restait, elle s’éteindra auprès de ces œufs, et ceux qui en sortiront ne verront pas non plus leur mère et ne sauront jamais ce qu’ils lui ont coûté.
Qui ne serait saisi d’admiration et d’attendrissement devant ces ineffables mystères de la reproduction! Toutes ces merveilleuses combinaisons de l’intelligence et de l’amour, de la vie et de la mort, doivent avoir un but fixe et élevé. Plus j’examine le monde des insectes, plus j’incline à penser que le fil conducteur nous manque pour le moment et que nous ne sommes encore qu’au seuil de cette immense étude de l’histoire naturelle.