Читать книгу Études d'histoire naturelle - Romuald Jacquemoud - Страница 15

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Dans le monde infini en petitesse qui nous occupe, dans cette création plus nombreuse que les grains de sable de l’Océan, toutes les professions, tous les métiers les plus divers, sont admirablement pratiqués. Nous trouvons là de vastes ateliers où des milliers d’ouvriers travaillent sans relâche et ont, comme entre les mains, les instruments les plus propres à faciliter, à simplifier leurs travaux. Des chefs-d’œuvre inimitables par leur construction et leur fini sortent de ces étranges fabriques en miniature. Chaque insecte a reçu de la Nature une tâche particulière, une profession spéciale. «Voilà les instruments qui te sont nécessaires, lui a-t-elle dit, va et travaille.»

Docile à cette voix suprême, le petit ouvrier s’est mis résolument à la peine. Sa vie est courte; il doit la multiplier par son activité ; il donnera le jour à de nombreux enfants qui lui succéderont sur le chantier. Il était faible, et, pour remédier à celte faiblesse, il a formé de vastes associations dont tous les membres travaillent en commun.

Descendons un moment jusqu’au monde inférieur; franchissons l’entrée de ces mille huttes presque imperceptibles, parcourons ces curieux ateliers de l’industrie insectulaire. Les petits artisans sont à la tâche. Tenailles, vrilles, tarières, scies, limes, instruments tranchants, pelles, pioches, rien ne leur manque pour mener leur œuvre à bonne fin. A travers le voile épais de mépris dont nous les avions enveloppés, les insectes nous paraissaient des êtres sans industrie, presque des choses. Dès que nous les avons vus à la besogne, dès que leur petite intelligence manufacturière se dévoile à nos yeux, le mépris tombe et l’admiration lui succède.

Dans cet ingénieux monde, nous voyons des architectes habiles qui, après avoir choisi un emplacement favorable, tracent le plan d’édifices élégamment construits et capables de contenir des milliers de citoyens. La symétrie se révèle partout. On a cherché, dans notre société, la manière dont il faudrait disposer les compartiments d’un édifice pour loger le plus d’habitants possible; et, chose étrange, vraiment admirable! on est arrivé, pour obtenir ce résultat, au plan suivi par les abeilles dans leur établissement.

Chez les insectes, les uns travaillent sur le bois; ils percent, ils forent, ils scient sans relâche. Nous trouvons ici de petits maçons qui, munis de truelles, bâtissent des cases en pierres solidement cimentées entre elles; et ces blocs de construction sont des grains qui échappent presque à nos regards. Plus loin, de laborieux pourvoyeurs vont butiner dans les prairies pour nourrir ceux qu’un travail sédentaire retient à l’intérieur.

Dans la classe des insectes carnassiers, ceux-ci poursuivent leur proie à la course ou au vol; ceux-là, auxquels la Nature a refusé la légèreté et la promptitude, suppléent par l’industrie à ce qui leur manque; ils tendent d’élastiques filets qui arrêteront les insectes débiles; ou bien, trappeurs patients, ils creusent des fosses au fond desquelles ils se retirent, attendant que le gibier vienne se précipiter sous leur atteinte.

Animal presque dégoûtant, une chenille, pressentant que le moment approche où, faible, sans défense et presque sans vie, elle opérera sa métamorphose pour devenir bientôt après un sémillant papillon, s’enveloppe d’un tissu de soie, se file un cocon à la fois moelleux et résistant; et là, elle attend avec patience que l’œuvre de sa transformation soit accomplie.

Études d'histoire naturelle

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