Читать книгу Études d'histoire naturelle - Romuald Jacquemoud - Страница 3
PRÉFACE.
ОглавлениеEn laissant aller ces pages au vent de la publi cité, je puis bien dire que je ne me suis pas trop abusé sur leur valeur réelle. Le mérite, s’il y en a, est mince assurément, je ne m’en cache pas à mes propres yeux. Mais, quand bien même j’aurais tant soit peu pris le change sur la portée du présent travail, y aurait-il grand mal à cela? Je n’ai pas encore accompli mes dix-huit ans, et, chaque jour, j’entends dire autour de moi que c’est l’âge des illusions.
L’infériorité de cet écrit, je l’espère, me sera donc aisément et d’avance pardonnée. Ayant recherché avec une curiosité et un amour passionnés, dès mes plus jeunes années, les insectes qui se trouvaient à ma portée, je me suis mis ensuite à réfléchir sur tout cela. Aujourd’hui je veux dire comment je comprends, comment je sens la petite création, le Cosmos inférieur.
Peu chargé encore de jours et de connaissances acquises, j’aurai certainement, malgré l’exactitude apportée aux détails de la tâche, commis des erreurs d’observation et d’appréciation. De plus studieux investigateurs les relèveront. Cette partie de la science, du reste, est loin d’être pleinement élucidée à l’heure actuelle.
Encore quelques mots comme excuse, ou, si l’on veut, comme passe-port, en faveur de ce livre bien peu consistant. Toutes les pages ici rassemblées ont, dans le courant de cette année, été publiées en feuilleton dans le journal Le Savoyard. Les lecteurs de cette feuille périodique, et je les en remercie vivement, leur ont fait la plus sympathique bienvenue. Les lettres particulières, assez nombreuses, qui me furent adressées à ce sujet, et parmi lesquelles j’aime à citer celle de M. Prud-homme, de Grenoble, l’habile directeur du journal le Sud-Est, me confirment ce favorable accueil. En outre, divers journaux des deux départements de la Savoie, ainsi que des départements de l’Ain, de l’Isère et du Rhône, et de plus la Gazette de Turin, ont bien voulu accorder assez d’intérêt à ces modestes études d’histoire naturelle, pour en reproduire spontanément de grands fragments dans leurs colonnes. Que ces organes de la publicité acceptent maintenant la sincère expression de ma reconnaissance. Les uns et les autres ont été bien accueillants à mon égard; mais ils ne se sont pas doutés de l’efficace appui que leur approbation apportait à mes juvéniles efforts. J’ai senti comme un patronage invisible se former autour de mon travail et de ma bonne volonté. Fort de ce soutien de l’opinion, je suis allé en avant; et, plus d’une fois, à travers les aridités du labeur, je me suis dit à moi-même: «Il faut prendre courage, il faut justifier, en faisant mieux, l’assentiment public qui vient si généreusement à moi.»
Sur le fond du présent ouvrage, j’ai peu à dire. Je me suis trouvé amené, suivant la pente irrésistible de mes idées, à dégager surtout les considérations d’ensemble, comme les plus lumineuses et au fond les plus vraies, car, dans la Nature, ce qu’il y a de plus positif, c’est l’enchaînement général, c’est la collectivité des grands rapports entre les êtres.
Il se peut que ma manière de voir ne soit pas du goût de certains esprits. Je m’en consolerai en songeant que chacun, à notre époque, est libre de penser comme il l’entend et de dire franchement comment il pense.
Parmi les recherches et les notions de fait, les unes m’appartiennent en propre, les autres sont du domaine de l’histoire naturelle, fonds commun où chacun peut puiser à volonté. Quant à l’appréciation scientifique, au côté théorique, je me suis fait une religion de garder ma pleine et entière liberté de jugement. Ceux qui sont familiers avec l’histoire naturelle trouveront peut-être dans ces pages, sur certains points, des éclaircissements de quelque précision qui semblent faire défaut dans des traités plus étendus.
J’ai composé un assez grand nombre de monographies d’insectes; pour le moment, je n’en tire de mes cahiers qu’une sixaine, que je publie à titre de pièces à l’appui de mes considérations générales.