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IV

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Table des matières

«Le chancelier Séguier (Ch. Blanc), se promenant un jour dans son jardin aperçut un enfant qui dessinait avec beaucoup d’application. Il s’approcha de cet enfant et, lui trouvant de la physionomie, il prit intérêt à ses études, lui promit d’avoir soin de son avancement et lui acheta d’avance, par manière d’encouragement, tous les dessins qu’il apporterait.»

Cet enfant, c’était Charles Lebrun (1619-1690) qui, plus tard, grassement pensionné par son protecteur le chancelier, alla passer quelques années à Rome, où il étudia éperdûment l’antienne sous la direction de Poussin.

De retour à Paris, plein d’orgueil, s’estimant déjà le plus grand artiste de France, Lebrun ne tarda pas à devenir le premier peintre de Louis XIV, qui l’anoblit.

Un seul homme était de force à lutter avec lui, Le Sueur; mais LeSueur s’éteignit à trente-huit ans, miné par une mélancolie dont la cause échappe.

Lebrun, en apprenant la mort de son rival, ne put s’empêcher de s’écrier que cela lui tirait une grosse épine du pied!

Dès lors le favori de Louis XIV devint le despote des arts. Il prétendit s’imposer à tous.

Son influence néfaste se fit sentir bientôt.

«Si Lebrun, dit Stendhal, est le premier peintre du roi, tous les artistes copieront Lebrun. Si contre toute apparence, il se trouvait quelque pauvre homme de génie assez insolent pour ne pas suivre sa manière, le premier peintre se gardera bien de favoriser un talent qui, par sa nouveauté, pourrait dégoûter du sien le roi son maître.»

Le Crucifix aux Anges fut exécuté d’après un rêve d’Anne d’Autriche. Tableau médiocre.

La sainte Famille.

La Madeleine repentante.

Lebrun a traité ce sujet avec une certaine originalité. Il a choisi le moment où la pécheresse renonce aux vanités du monde, non celui où elle s’est retirée dans une solitude.

Donc, pas de grotte obscure, pas de paille tenant lieu de lit, pas de cruche ébréchée, surtout pas de tête de mort légendaire. Non. Mais dans une sorte de boudoir, la Madeleine, (Mlle de La Vallière, a-t-on prétendu) richement vêtue, est assise, ses beaux yeux pleins de larmes levés vers le ciel. Elle s’appuie nonchalamment sur un meuble, dédaigneuse de son miroir.

A ses pieds gît, entr’ouvert, un coffret d’où s’échappent des bijoux.

L’idée est bonne, mais l’exécution ne vaut pas grand’chose. La sainte, qui regrette le passé plus peut-être qu’elle ne se repent, se désole avec des gestes de théâtre, drapée dans je ne sais quels vêtements d’une couleur criarde et sans harmonie. La Vallière qui était une jolie femme devait s’habiller avec plus de goût que cela.

Entrée de Jésus-Christ à Jérusalem.

Le martyre de saint Etienne, etc.

Et les Batailles d’Alexandre.

Le Passage du Granique.

Alexandre et Porus.

La Famille de Darius, etc.

Vastes compositions qui demandèrent de nombreuses recherches archéologiques. Elles gagnent à être vues en gravure.

A propos de la Famille de Darius, Voltaire, (Qui le croirait?) fait remarquer que ce tableau n’est pas effacé par le coloris d’une toile de Paul Véronèse pui se trouvait à côté et même qu’il le surpasse de beaucoup par le dessin, la composition, la dignité, l’expression et la fidélité du costume!

L’œuvre de Lebrun, comme celle de Poussin, — il n’y a pas d’autre ressemblance entre ces deux peintres — est immense. L’analyser tout entière serait impossible.

Citons encore les décorations de l’hôtel Lambert, qu’il avait entreprise concurremment avec Le Sueur.

Lebrun eut, de son temps, une vogue inouïe.

«Exalté pendant sa vie (Ch. Blanc) déprécié après sa mort, il est un de nos trois plus grands artistes. — (Quels sont donc les deux autres?)

— Il représente en peinture le grand siècle. — (pourquoi grand siècle?) et l’on peut dire qu’il aimait à peindre tout ce que Louis XIV aimait à voir.»

C’est touchant!

Baudelaire pense aussi que Lebrun est un de nos trois peintres les plus illustres; avec David il ne craint pas de le mettre sur le même rang qu’Eugène Delacroix!

Quant à Théophile Gautier, il prétend, avec son indulgence ordinaire, qu’on n’a pas pour Lebrun toute l’admiration qu’il mérite.

Nous avons le regret de ne pas partager l’avis des éminents critiques précités.

Pour nous, la France compte quatre peintres hors ligne, dont le dernier dépasse encore les autres de cent coudées. Ce sont: François Clouet, Nicolas Poussin, Antoine Watteau et Eugène Delacroix.

Histoire de la peinture en France

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