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III

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Ils étaient trois les Le Nain, trois frères; et ils sont restés unis dans la gloire, comme ils l’étaient par les liens du sang et l’affection.

Antoine, Louis et Mathieu naquirent à Laon vers la fin du seizième siècle. Ils moururent les deux premiers en 1648, le dernier en 1677.

«On dit, un Le Nain (Ch. Blanc) en parlant indifféremment d’un tableau de l’un ou l’autre des Le Nain.»

On a essayé, il est vrai, de discerner ce qui, dans l’œuvre commun, appartient plutôt à celui-ci qu’à celui-là, mais on n’y a réussi que médiocrement; et il sera bien difficile à présent d’y arriver, d’autant plus que la biographie des trois artistes est des plus obscures.

Il paraîtrait néanmoins que l’aîné, Antoine, s’adonna surtout à la miniature et aux petits portraits. «C’est donc, (Ch. Blanc) plutôt entre Louis et Mathieu qu’il y aurait eu collaboration pour les sujets d’histoire, les paysages et principalement pour les tabagies, les mendiants et les paysans dont se compose presque tout leur œuvre.» Mais cela n’a pas une importance capitale.

Les frères Le Nain étaient peu estimés de leur temps. Les registres de l’Académie ne font mention d’eux que comme peintres de bambochades. On devait trouver que leurs tableaux n’étaient pas assez nobles.

Notre époque a rendu justice aux trois artistes. Elle leur a donné une belle place dans les galerie des maîtres français, — une place des plus méritées.

Un Maréchal dans sa forge.

Le maréchal,la partie inférieure du corps caché par une enclume,fait chauffer une barre de fer. A droite, debout, se tient une femme; près d’elle est assis un vieillard, une bouteille clissée à la main. A gauche, un groupe d’enfants; l’un deux tire la chaîne du soufflet de forge.

C’est un fort beau tableau, d’un bon dessin, mais, ceci n’est pas une critique, d’un singulier coloris. Les personnages, graves, la figure triste, semblent tous regarder le spectateur.

Le Repas de paysans. Ils sont plusieurs, assis autour d’une sorte de table très basse.

Après toute une journée passée au dehors sous la pluie et sous le vent, ils se reposent en mangeant lentement. Ils ont l’air morne et résigné ; leurs traits sont plutôt durcis que durs. Ce sont bien de ces animaux farouches, noirs, livides et tout brûlés du soleil, dont parle La Bruyère.

Dans ce tableau, la couleur est peut-être encore plus blafarde que dans l’autre. C’est plutôt une grisaille réchauffée de quelques notes rouge brun et dorées. Mais qu’elle sombre mélancolie il s’en dégage, quel sentiment, quel au-delà !

La Crèche. Une des plus grande toiles des Le Nain; mais qui n’a ni le charme ni la vigueur de celles que nous avons citées plus haut.

Le Corps de garde. Un chef-d’œuvre complet qui devrait être au Louvre.

Des Jeunes gens jouant aux cartes. Morceau très coloré, aux ombres franches.

La Promenade dans une église, moins la finesse d’exécution, se rapproche de la manière de François Clouet.

Des Portraits. Ceux de Cinq-Mars, d’Henri de Montmorency, etc.

Les frères Le Nain ne doivent rien à l’imitation italienne. Ils procèdent directement de la nature et des bons vieux maîtres gaulois.

Ils se sont contenté — ce qui est plus difficile qu’on a l’air de le croire — de peindre ce qu’ils avaient sous les yeux: des misérables et des paysans. Quoique moins connus que les artistes du prétendu grand siècle, ils ont sur eux, à notre avis, l’avantage incontestable d’être restés eux-mêmes, d’être originaux, en un mot.

Histoire de la peinture en France

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