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IV

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Celle-ci augmenta visiblement, et une rougeur de brique envahit tout le visage du vieux guerrier quand Laripète continua ainsi:

–Il y avait bien une légende sur cette femme, mais rien de prouvé et de bien connu sinon qu’elle s’appelait Césarine, ce qu’un de nous avait discrètemeut découvert sur une lettre que lui adressait des Etoupettes. On disait vaguement que notre camarade n’était que son petit amant, la dame étant entretenue par un officier supérieur de la garnison qui prenait de grandes précautions pour la voir, parce qu’il était déjà marié.

–Nom de nom! C’est elle! pensa le général Honoré Leloup, et il faillit avoir une attaque d’apoplexie. Si nous allions faire une partie de billard? reprit-il tout haut.

–La fin de l’histoire! La fin de l’histoire! s’écrièrent l’amiral Le Kelpudubec et ces dames.

Le pauvre général dut se résigner, et Laripète, qui ne s’était pas aperçu de son angoisse, continua implacablement:

–J’arrive à une aventure vraiment honteuse, et qui prouve que les hommes les plus distingués par leur naissance et par leur éducation sont sujets à d’étranges petitesses. Car je ne suis pas le premier venu et Voiron était le fils d’un pharmacien de première classe. Enfin, vous. m’y avez contraint, et, d’ailleurs, nous avions l’excuse de n’être pas absolument dans notre bons sens quand nous fîmes la vilaine action. Il y avait eu réception ce soir-là, et nous étions abominablement gris l’un et l’autre. Vous-même, général, vous aviez un extraordinaire pompon.

–Je vous fais grâce de ce détail, dit le général d’un ton bourru.

–Nous quittâmes, Voiron et moi, nos camarades longtemps avant la fin de ce punch glorieux qui dura jusqu’au lendemain matin si j’ai bonne mémoire. Mais des Etoupettes nous avait déjà précédés et c’était bien entendu pour aller faire une visite à sa belle tandis que l’homme sérieux de celle-ci faisait le jobard au milieu des consommations. C’était par un soir d’été abominablement chaud, et toutes les fenêtres de la petite maison où se cachait Césarine dans un véritable berceau de clématites étaient ouvertes. Voiron me fit la courte échelle, je l’aidai moi-même à grimper ensuite le long des feuillages; et nous parvînmes ainsi, comme des malfaiteurs, comme de simples filous, jusqu’à la chambre attenante à celle où notre camarade goûtait les coupables délices d’un amour inutilement mystérieux. Aucun bruit. Nous entendîmes seulement, à plusieurs reprises, ces simples mots dits par Césarine: Plus haut!–Nous savons maintenant l’infirmité de Guy, me dit tout bas Voiron à l’oreille: il est sourd.–Imbécile, lui dis-je, nous nous en serions bien aperçus.

Puis un grand silence se fit.

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