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II

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–J’en suis désolé vraiment, monsieur le chevalier, mais le bruit d’un complot prêt à éclater ayant décidé M. le ministre de la guerre à faire occuper militairement toute cette région, j’ai la mission pénible d’exercer sur vous une surveillance toute particulière. Le lieutenant Hautbridé et le sous-lieutenant Vessencœur, sous mes ordres tous les deux, logeront dans le château, tandis que la compagnie que je leur confie couchera sous la tente aux alentours, prête à se mettre en armes au moindre signal. Ces messieurs sont d’ailleurs deux jeunes gens fort bien élevés dont la société ne saurait que vous être infiniment agréable.

Ainsi parla le capitaine Massepain, tandis que le lieutenant Hautbridé et le sous-lieutenant Vessencœur s’inclinaient gracieusement, comme cédant au poids de l’éloge dont les honorait leur supérieur.

–Les beaux hommes! pensa damoiselle Yolande.

–Ils sont bien gentils! se murmurèrent à l’oreille Olympe et Gabrielle.

–Le diable les patafiole! grommela M. de Gâteux-Courdesac à qui s’adressait directement ce discours.

–C’est compris, n’est-ce pas? et j’entends que ces deux officiers soient traités avec tous les égards dus à leur mérite, conclut le capitaine Massepain.

–C’est entendu, répondit sèchement le chevalier.

Quelques instants après, le capitaine étant parti, le lieutenant Hautbridé et le sous-lieutenant Vessencœur furent conduits, par l’intendant de la maison, dans la chambre qu’ils devaient occuper en commun, une belle pièce, ma foi, ayant pour voisine la salle d’armes, dont M. de Gâteux-Courdesac avait fait un véritable musée. Car il y avait réuni les armures de ses ancêtres les plus fameux, parmi lesquels il comptait plusieurs croisés ayant rapporté la gale de Palestine, et deux ou trois héros ayant pris à Pavie de la poudre d’escampette. Les deux plus huppés de la famille étaient certainement l’aïeul Isolin de Gâteux-Gourdesac, qui avait servi d’assistant à l’évêque Cauchon, dans le procès de Jeanne d’Arc, et le grand-oncle Tutu de Gâteux-Courdesac, qui s’était prudemment écarté de la voiture du roi Henri IV au moment où le vertueux Ravaillac en escaladait le marchepied. Aussi les cuirasses, les casques, les brassards et les cuissards sous lesquels avaient respiré ces deux preux étaient-ils l’objet d’un culte particulier et astiqués deux fois par mois par M. le chevalier lui-même afin que rien de leur antique lustre ne s’envolât parmi les poussières du temps.

–La nuit de l’action, avec un seul tour de clef, je tiendrai mes deux oiseaux en cage! avait pensé le sire Godefroid en nedonnant aux deux amis qu’un seul et sommaire appartement.

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