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III

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–Eh bien! questionna le comte, vivement impressionné par le récit de l’abbé, eh bien! ce serment, La Hire y manqua-t-il?

–Jamais tant que vécut Jeanne. et même en apprenant qu’elle venait d’être brûlée vive. Il était terriblement furieux ce jour-là cependant.

–Il y avait de quoi!

–D’accord! mais au moment même où sa bouche s’ouvrait pour… ce que vous savez. il se rappela sa promesse, et, regardant le bâton, sur lequel ses yeux laissèrent tomber une larme: «Jeanne, dit-il, ma pauvre Jeanne, je tiendrai parole à ta mémoire»

–Bienn! s’écria Bourgachard, très-bien! C’était un digne soldat que ce La Hire!

–Aussi son bâton lui devint-il un porte-bonheur… absolument comme pour vous l’anneau de l’abbesse. Un seul jour il s’oublia… C’était après un revers. On battait en retraite… Il jura… Quelques minutes plus tardd, un trait l’atteignit en pleine poitrine.

–Blessé?

–Mortellement. Il fit venir toute sa lignée, laquelle était fort nombreuse, car, à défaut d’héritiers directs, une ribambelle de neveux et de cousins étaient venus se grouper à sa suite depuis qu’il s’était fait un grand nom, depuis qu’il avait conquis une grande fortune. La même chose aussi vous arrivera, monsieur le comte… gardez-vous d’en douter.

–Oui, oui, ça commence déjà, répondit en riant le colonel; mais moi, j’aurai des enfants, s’il plaît à Dieu…

–Et si vous ne causez plus à ma nièce de ces terreurs qui peuvent tuer à la fois le présent et l’avenirr! répliqua solennellement l’oncle Pierre.

–On y fera tout son possible! fit Bourgachard en s’efforçant de dissimuler son émotion sous un sourire. Mais, je vous en prie, achevez l’histoire de La Hire.

–Lorsque tous ses parents furent réunis, le héros mourant se fit apporter son bâton, ordonna de le rompre en autant de morceaux qu’il y avait là d’héritiers, et remettant à chacun d’eux l’une de ces reliques: «Ce sont, dit-il, autant de talismans qui doivent se perpétuer dans votre descendance, et sauvegarderont celui qui portera l’un d’eux dans les combats. à moins toutefois qu’il ne tourne ses armes contre la France ou qu’il n’enfreigne le second commandement de Dieu. Ce cas échéant, malheur à lui, malheur!» Tel fut le testament de La Hire. Les la Roche-Aymon descendent de ce fameux capitaine, et moi, leur dernier représentant, je possède, dans un vieux médaillon, la dernière parcelle de ce bâton sacré. Un jour peut-être, s’il vous naît un fils qui devienne soldat à son tour, et si vous m’avez permis de l’élever dans la crainte de Dieu, je lui remettrai cet héritage.

–Pourquoi ne me le confieriez-vous pas à moi-même, et dès aujourd’hui? demanda Bourgachard.

–Oh! oh! vous jurez, vous. ce vous serait un présent fatal.

–Eh bien! fit le comte après un silence, eh bien! je le réclame de votre amitié, mon oncle. au moins pour les trois jours qui me restent à demeurer ici. Quant à ces trois jours, je renouvelle le serment de votre ancêtre… Je me souviendrai tout à la fois de Jeanne d’Arc et de ma chère Renée. Je ne jurerai plus que par le bâton de La Hire.

–Parole d’honneur?

–Parole d’honneur! Et qui sait, si je m’en montre digne, peut-être me permettrez-vous de l’emporter avec moi, ne fût-ce que pour lui faire traverser de nouveau le fracas des batailles.

–Eh! je ne demande pas mieux! conclut l’abbé, je remonte chez moi, venez m’y rejoindre. mais dans un quart d’heure seulement. Patience!

La loi de Dieu

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