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I

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Non habbebis deos alicnos coram me.

La veille de Solférino, vers le soir, une dizaine de sœurs grises traversaient le camp.

Leur marche involontairement ralentie, leurs vêtements poudreux attestaient un long voyage: elles arrivaient de France.

A quelques pas en avant, l’une des saintes filles, qui semblait guider les autres, s’en distinguait par une taille plus élevée, par un pas plus ferme et plus calme.

Ce devait être une supérieure. Elle paraissait. jeune encore, et, malgré sa pâleur, elle était encore très-belle.

–Sœur Thérèse! répétaient avec une pieuse vénération tous ceux qui avaient fait la campagne de Crimée.–C’est la sœur Thérèse!

Elle atteignit un monticule, sur lequel causaient quelques officiers de chasseurs à pied: ils se levèrent tous à son approche, tous ils se découvrirent.

Sœur Thérèse passa, suivie de ses compagnes.

Les officiers reformèrent leur groupe, à l’exception de deux, jeunes capitaines qui restèrent debout, un peu à l’écart des autres.

Le premier,–un Breton nommé Kerkadec,– semblait en proie à une émotion profonde, et les yeux fixés vers le tournant de la route où venait de disparaître la sœur Thérèse, il était devenu presque aussi pâle qu’elle; il restait immobile et comme pétrifié, avec une larme roulant sur chaoque joue.

–Kerkadec, dit enfin son compagnon qui l’observait, mais qu’as-tu donc?

–Moi, rien….. rien! répondit-il du ton de quelqu’un qui se réveille en sursaut, et qui veut garder son secret.

Puis, comme se ravisant tout à coup:

–Baudouin, fit-il, tu es mon ami, n’est-ce pas?

Pour toute réponse, Baudouin tendit franchement la main à Kerkadec.

–Viens, reprit celui-ci, cherchons quelque endroit où personne ne puisse nous entendre. Il faut que tu saches tout, mais toi seul. il le faut!

Déjà le Breton, de plus en plus ému, se dirigeait vers un coteau dénude, solitaire.

La nuit approchait, déjà pailletée çà et là de quelques étoiles. Le ciel était d’un bleu sombre, la chaleur accablante encore. Pas un souffle d’air; un vague et lointain murmure comparable à celui de la mer. C’était le bruit du camp qui s’endormait.

Ses tentes blanchâtres s’étendaient à perte de vue dans toutes les directions; sur toutes les éminences on voyait se dessiner la silhouette d’une sentinelle. Parfois, un feu qui s’allumait, un roulement de tambour, le pas d’une patrouille, un cri de ralliement, le refrain d’une chanson. Tel était le tableau; mais il y planait quelque chose de lourd, d’orageux, de sinistre. C’était la veille d’une bataille.

Kerkadec se laissa tomber sur un tertre, parut un instant se recueillir et commença ainsi:

La loi de Dieu

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