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IV

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C’était un excellent homme que M. Durand, bien qu’un peu entiché de sa fortune, qui, du reste, était son ouvrage.

En dépit de l’estime qu’il professait pour Jacques Renaud, son ancien condisciple à l’école communale, il avait hésité à le recevoir, devinant bien ce qui l’amenait et, par avance, désolé de ce qu’il aurait à lui répondre.

Aussi son visage exprimait-il un regret sincère, mais en même temps une résolution irrévocable.

Dès le premier regard, les deux pères se comprirent. Et, comme l’ouvrier cherchait encore une façon d’entamer l’entretien:

–Je sais… je sais tout, commença brusquement l’armateur; mais ce n’est pas faute à moi!. Que veux-tu que j’y fasse?

–Eh!… parbleu… que Lu les maries! répliqua intrépidement le bonhomme Renaud.

–Comme tu y vas, toi!

–Pourquoi pas? Est-ce que Lu ne nous estimes pas tous les deux, le père comme le fils?

–Quant à ça, d’accord. Toi, tu es la probité, l’honneur même… et ton fils vaudra encore mieux. De plus, une aptitude aux affaires, un coup d’œil, une intelligence d’élite. Et je lui dois la vie de ma fille. Tu vois que je n’oublie rien, Jacques, et que je rends toute justice à Maurice.

–En ce cas, tu dois être convaincu qu’il aime sincèrement ta fille, et qu’il la rendrait heureuse?

–Oui. Je te l’avouerai même, je serais enchanté de l’avoir pour gendre…

–Eh bien! alors?…

–S’il avait ce qui lui manque.

–Que lui manque-t-il?

–Une fortune.

Sous ce grand mol, Jacques sembla courber la tète,

Mais la relevant aussitôt, comme s’il n’eût fait que se replier sur lui-même afin de reprendre un nouvel élan pour la lutte:

–Durand, dit-il avec un grand calme, je Le remercie de m’avoir parlé aussi franchement, aussi amicalement. Je n’ai plus de crainte pour l’avenir de nos enfants, je suis certain que tu vas consentir à leur bonheur.

Le millionnaire eut un geste de vif déplaisir; il avait espéré que tout était fini.

–Tu ne veux pas d’un gendre qui aurait les mains vides, poursuivit Renaud, c’est trop juste. Mais tu es trop raisonnable pour exiger que lui, jeune homme, il soit aussi riche que toi, alors surtout qu’il possède, c’est toi qui l’as dit, une intelligence d’élite, de l’honneur et de la volonté. Avec ces qualités-là, tu l’as prouvé par Lon exemple, on arrive.

Le sourire qui effleura les lèvres de l’armateur, prouva suffisamment au père Jacques qu’il avait touché juste.

Aussi s’empressa-t-il d’appuyer davantage encore sur la corde sensible.

–On arrive à gagner des millions, monsieur Durand. Je dirai plus: avant de les avoir en portefeuille, on les a déjà dans le cerveau. Ils étaient dans le tien dès l’âge de vingt ans, comme ils sont aujourd’hui dans celui de mon fils. Tu es un homme trop habile pour ne pas les y voir. Ose dire que non!…

–Mais, malheureux! sais-tu bien que je donpe à ma fille…

–Je ne te demande pas quelle sera la dot du Mlle Clémentine, mais bien quelle devrait ètre la dot de Maurice.

–A quoi bon!

–Dis toujours. Voyons…, quel serait ton chiffre pour lui… pour moi?

–Tu le veux absolument.

–Je t’en prie.

–Eh bien!. deux ou trois cent mille francs. pour le moins.

–Mettons deux cent mille.

–Eh! Lu ne les as pas, mon pauvre Jacques!

–Assurément, non. Mais il faut que je te conte une histoire.

–Une histoire?

–Oui, la mienne.

M, Durand haussa les épaules.

–Il le faut! exigea dignement le père de Maurice,

–Allons!… va… puisque tu y tiens absolument. Mais, je t’en préviens, tout ce que tu pourras dire ne changera rien à ma résolution.

–Peut-être!…

Le bonhomme Jacques se carra dans un large fauteuil, parut un instant se recueillir, et commença ainsi:

La loi de Dieu

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