Читать книгу Traité sur l'éducation physique des enfants - Charles Joseph François Richard - Страница 11
Vie morale. — Volonté.
ОглавлениеPeu à peu cependant la force motrice libre s’éveille, et dans les actes de l’enfant, quelqu’intention se fait comprendre; c’est en harmonisant les mouvements de la langue, des lèvres, des muscles du larynx qui président à la formation de la voix, que l’âme manifeste sa première apparition. La voix de l’enfant semble vibrer exprès pour stimuler l’amour maternel, pour l’éveiller; c’est là un appel au cœur qui émeut les entrailles des mères; elles ont toutes remarqué que le cri de l’enfant les saisit plus que sa vue.
L’enfant crie d’abord, mais il ne pleure point. pleurer est un progrès plus avancé. Il cric seulement pour exprimer quelque douleur physique, quelque besoin matériel. Mais après le second mois, l’âme est devenue susceptible d’affliction, elle influe sur les muscles de la face, qui prend un air chagrin dans les moments de souffrance, et les glandes lacrymales se sont mises au service de la sensibilité. L’enfant pleure.
La joie aussi fera sortir plus tard des sons de la poitrine. L’enfant fait d’abord entendre des sons confus, qui semblent un essai des organes vocaux; il balbutie quand il est mu par une vive satisfaction, et prélude ainsi à la parole. Insensiblement la volonté prendra possession de la voix; l’instinct de l’imitation lui fait répéter des mots faciles; enfin, incité à l’aspect des choses qui le flattent, tourmenté par le besoin de communiquer avec les autres, il crée une sorte de langage par lequel il se fait comprendre de sa mère, de sa nourrice et de ceux qui l’entourent habituellement.
Les membres de l’enfant se meuvent libre ment et sans cesse, nous venons de dire que c’était d’abord sans but; ils ne se rangent sous l’empire de la volonté intelligente qu’avec et à la suite des muscles de la face et de ceux qui articulent les sons. La liberté acquise hors du sein maternel, le bien-être, la joie que l’enfant en éprouve inspirent d’abord des mouvements continuels; le mouvement de flexion de sa main est sa tendance ordinaire; c’est pourquoi il saisit tout ce qui est à sa portée. Mais longtemps ses mouvements seront incertains et mal assurés; lors même que le vouloir commence à les diriger, il lui faudra plus d’une tentative pour saisir les objets à sa portée; il lui arrivera plus d’une fois de heurter son front ou ses yeux en voulant rencontrer sa bouche. Mais enfin, vers le septième mois, l’intelligence assure déjà ses efforts; du doigt il montre à sa mère les objets qui brillent à ses yeux, il veut lui faire partager sa curiosité, il l’invite, dans son langage indécis et confus, à prendre part à son étonnement; puis, au milieu de ces premières joies de la vie, saisi d’un sentiment de tendresse, il embrasse son cou et la presse de ses bras innocents.
Quant aux membres inférieurs, leur force et leur activité musculaires restent longtemps incomplètes. Longtemps l’enfant se traînera sur ses mains, qui remplacent des organes de locomotion lents à se perfectionner; on en conçoit la raison: non-seulement il faut aux membres pelviens de la force, mais il faut que les os aient acquis assez de solidité pour soutenir l’édifice tout entier, et que les progrès de l’ossification dans les articulations de la hanche et du genou soient assez avancés. La rotule et le pied doivent se développer, les inflexions du bassin et de la colonne vertébrale ont besoin de se prononcer pour que le tronc tout entier puisse se maintenir debout et conserver son équilibre.
C’est alors seulement que l’enfant abandonne ses premiers essais de locomotion; il lève la tête et témoigne sa joie quand, avec un peu d’aide, il peut poser ses pieds sur le sol, et marcher en conservant cette attitude.