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CHAPITRE II.

Table des matières

LE NOUVEAU-NÉ.


Instant de la naissance. — Premiers soins.

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L’enfant, dans le sein maternel, n’empruntait rien aux ressources créées par l’intelligence humaine; il était là à l’abri de toute injure, protégé contre les choses extérieures, contre les variations de la température, et à la source même des matériaux de sa nutrition et de son accroissement.

Mais enfin cette vie latente et mystérieuse a fini au jour même de la naissance; après avoir triomphé des étreintes du part, l’enfant naît; le cordon ombilical, qui le mettait en communication avec sa mère, est coupé ; il va vivre de sa propre vie: la nature a abdiqué son pouvoir absolu.

Nous le répétons, faible, en proie à mille besoins qu’il est incapable de satisfaire, que ferait-il de cette indépendance, si la prévoyance maternelle n’eût préparé tout ce que réclament sa nudité et son impuissance.

D’abord, qu’on le mette en contact avec l’air pur, c’est là son plus pressant besoin.

Nous prescrivons de porter l’enfant qui vient de naître loin du lit de sa mère, hors de la chambre même, si celle-ci est petite, si elle est encombrée de personnes dont le service était nécessaire, mais dont la présence a échauffé et altéré l’atmosphère.

Les poumons de l’enfant ont besoin, pour fonctionner, d’être stimulés par un air vif et dégagé de toutes les particules odorantes, de tous les miasmes qui le vicient, surtout dans la chambre d’une nouvelle accouchée.

Il faut l’éloigner aussi, et cette recommandation est utile dans la saison froide, des poêles ardents qu’on trouve dans de pauvres habitations; l’air est raréfié près de ces puissants calorifères, et l’enfant, pâle et décoloré, y périrait, asphyxié par défaut de respiration. Il est mieux près du feu clair d’un foyer; là du moins sa peau est stimulée par la chaleur rayonnante de la flamme, et le courant d’air qui y est établi prépare à la respiration du nouveau-né une excitation salutaire.

L’établissement de la première respiration est, le plus souvent, facile. Quand il en est autrement, ce n’est pas le cas ordinaire, c’est le résultat d’une parturition trop longue ou d’un état de faiblesse radicale inhérente au nouveau-né, ou bien encore l’obstacle vient d’une quantité trop grande de mucosités dans la trachée-artère et à l’entrée du larynx. C’est à l’homme de l’art à conjurer les effets de semblables causes; la science lui en donne les moyens, et dans cet écrit, destiné aux mères de famille, nous n’avons pas à les expliquer tous. Les plus simples peuvent être exercés même par les personnes étrangères à l’art de guérir. Souvent, en effet, il ne s’agit que d’insuffler de l’air dans la bouche de l’enfant, de lui frotter le corps avec quelque liqueur spiritueuse, ou les pieds avec une brosse; de le ranimer par la vive chaleur des linges chauds, de la flamme, des bains très-chauds; d’exciter les narines en les titillant avec la barbe d’une plume, ou enfin en lui appliquant quelques coups secs avec les doigts sur les parties les plus charnues. Mais, d’ordinaire, l’enfant respire et crie au moment même où il vient de naître, et pour soutenir le rhythme encore inégal de cette grande fonction, il suffit de prendre à l’égard de l’enfant les soins que nous venons de prescrire.

Premiers soins à donner au nouveau-né.

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On évite de lui couvrir le visage avec les langes en désordre dont il est entouré, et qui pourraient, en se collant à sa face, comme nous l’avons vu une fois , le priver d’air et l’exposer à périr.

Dès que le souffle respiratoire est bien établi, il faut débarrasser l’enfant de la matière grasse, caséeuse qui le recouvre presque en entier; celte matière, fruit de la sécrétion de la peau, était là pour défendre celle-ci de l’impression des eaux de l’amnios, au milieu desquelles l’enfant vivait dans le sein maternel; aussi cette matière, qui ne se laisse point dissoudre dans l’eau, a-t-elle besoin d’être délayée et comme étendue et liquéfiée dans l’huile tiède pour abandonner la peau de l’enfant. On doit donc prendre de l’huile avec les doigts et, partout où il est nécessaire, faire de douces onctions. Après cela seulement une onde tiède sert à la débarrasser de toutes ces matières grasses qui ranciraient au contact de l’air et développeraient sur la peau des rougeurs, des boutons prurigineux.

On s’assure ensuite que le cordon ombilical est bien lié ; s’il a été coupé assez long, on l’enferme, replié sur lui même, dans une compresse de linge fin; on augmente ainsi l’obstacle à un écoulement possible de sang artériel. Souvent, en effet, le fil qui serre le cordon ombilical en coupe la première enveloppe, où la lymphe qui s’échappe de la section, diminuant le volume du cordon, le fil cesse de l’étreindre, et le faisceau des vaisseaux sanguins, qui en occupe le centre, redevient libre et permet au sang de s’échapper. On ne doit donc jamais quitter un enfant nouveau-né sans éveiller l’attention sur la possibilité d’un tel accident, et sans recommander qu’on le visite souvent dans les premières heures de la naissance; cette précaution est urgente surtout si on ne l’entend pas respirer ou crier, si on trouve son visage et ses lèvres pâles. Dans le cas d’hémorrhagie, entr’ouvrir ses langes, resserrer l’étreinte du fil qui embrasse le cordon, c’est là tout ce qu’il y a à faire.

Le cordon, enveloppé comme nous le disions tout-à-l’heure, est maintenu par une petite bande circulaire qui fait le tour de l’abdomen et qui protège l’ombilic contre les premiers efforts de la respiration, contre les cris fréquentes du premier âge. On prévient ainsi la hernie ombilicale, si prompte à se former dans les premières semaines.

On doit comprendre qu’indépendamment des dispositions qui tiennent à la structure de l’enfance, et qu’il n’est pas utile d’expliquer dans cet ouvrage, les efforts, à cet âge, manquent de mesure; l’enfant qui crie n’est pas retenu par la crainte de se nuire; il faut donc, au moyen de celle légère compression, venir à son aide, le prémunir contre lui-même, et, de toutes les constrictions du maillot, bannies depuis longtemps, conserver celle-là seule dont l’utilité ne peut être contestée.

Ces précautions prises, on doit revêtir le nouveau-né de ses drapeaux et de ses langes. C’est d’abord une petite chemise à manches courtes, fendue en arrière et lâchement serrée autour du cou, qui fait la première pièce de son ajustement.

Les drapeaux sont en toile fine déjà usée, pour être plus douce, et les langes en coton, en futaine, en molleton ou flanelle, suivant les saisons. L’enfant en est enveloppé tout entier jusqu’aux épaules, ses bras y sont enfermés au moins les premiers jours; plus tard on les laissera en liberté, recouverts d’un petit corset à manches, et les langes n’envelopperont plus la poitrine de l’enfant qu’à la hauteur des aisselles. On aura soin de les arrêter avec des cordons; il faut, autant qne possible, éviter d’employer les épingles dans cette toilette.

On aura soin que rien ne soit trop serré, et que les mouvements de la poitrine soient libres, que la respiration n’éprouve aucune gêne, et on déposera ainsi l’enfant dans son berceau. Il ne faut pas oublier que si la poitrine était gênée, la respiration pourrait être suspendue, et l’effort de l’enfant impuissant contre la constriction. Au premier moment la lutte peut encore se soutenir, mais peu à peu la face se colore, le cerveau s’engorge; dès-lors le défaut d’influx nerveux produit l’immobilité des muscles intercostaux, et la respiration s’éteint.

Après toute précaution, on le couchera sur le côté, pour que les mucosités qui s’échappent des narines puissent s’écouler et laisser libre accès à l’air de la respiration. On placera le berceau en un lieu sûr, à l’abri des courants d’air, et garanti par ses rideaux, non de l’air dont l’enfant a besoin, mais de la lumière qui le tiendrait éveillé.

La chaleur vitale étant liée intimement à la respiration, et celle-ci, chez le nouveau-né, étant encore imparfaite, on doit veiller à ce que sa couche soit molle et chaude; il est même de règle, quand les enfants sont faibles, de placer près d’eux des vases de grès ou de vérre remplis d’eau chaude, qui leur communiquent la chaleur dont ils pourraient manquer. On comprend que dans les saisons rigoureuses ces précautions deviennent plus importantes. C’est là, dans cette couche molle et tiède, que l’enfant retrouve quelque chose de la douce température qu’il éprouvait dans le sein maternel; il s’endort et retourne ainsi à une condition voisine de la vie intra-utérine qu’il vient de quitter. Il ne s’éveillera que par le sentiment de la faim.

Ce réveil est annoncé par quelques vagissements; on se hâte alors de prendre l’enfant, de le débarrasser de ses langes; on s’assure s’il a rendu le méconium. C’est la première selle, composée d’une matière noirâtre provenant du foie et des intestins. Les mouvements du diaphragme que la respiration exige, l’action des parois du ventre, la contractilité des fibres musculaires des intestins, que le sang artériel vient d’exciter, voilà les mobiles de cette première évacuation alvine; ils suffisent d’ordinaire, et l’emploi si commun des sirops purgatifs ne doit être prescrit que sur des motifs dont la médecine seule se fait juge.

L’émission des urines a lieu ordinairement aussi dans les premières heures, et souvent dès que la respiration s’est établie.

On change alors avec soin les drapeaux de l’enfant, et dès qu’on l’a mis à l’abri du contact des matières dont il s’était sali, on le présente au sein où il doit puiser sa première nourriture.

Traité sur l'éducation physique des enfants

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