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CONDITION PHYSIQUE ET MORALE DE L’ENFANT DU PREMIER AGE.
ОглавлениеLa vie a un cours qui consiste dans une série non interrompue de mutations; cependant au milieu de son instabilité incessante, à travers ses métamorphoses diverses, elle est poussée vers un but déterminé. Au premier coup d’œil sur les lois générales de la nature, l’enfant qui vient au monde apparaît comme un produit de l’espèce, nourri, protégé par des individus plus mûrs, mais se préparant à prendre rang parmi eux, et marchant de jour en jour vers l’indépendance et l’individualité. On peut même dire que l’enfant dans le sein maternel a déjà sa vie à part, ses maladies propres, son accroissement particulier, mais il n’a pas son entière indépendance: entre sa mère et lui, il existe encore un lien organique qui ne sera rompu qu’au jour de la naissance. Jusque là la nature a pris toute la responsabilité de l’œuvre; au moment de naître, la condition de l’enfant va changer, la séparation matérielle s’accomplit, et, par une sorte de compensation, c’est aussi dans ce moment que des liens moraux, plus forts que ceux qui viennent de se briser, s’établissent entre une mère et son fils.
Faible et nu, l’enfant qui vient de naître ne se rattache plus à celle qui lui donne le jour que par ses besoins, par sa faiblesse et son impuissance à se suffire à lui-même, tandis que la mère éprouve subitement les premiers transports de la tendresse maternelle. Cet amour vif et tendre est ce qui garantit à l’enfant tous les soins qu’il réclame et sans lesquels la fin de sa vie toucherait à son commencement.
De quelle nature est-il donc ce sentiment que Dieu n’a donné qu’aux mères? N’est-ce point une des formes sublimes dont se revêt la puissance créatrice? En lui il y a une mission conservatrice dont tous les êtres qui vivent ressentent un moment l’inspiration; mais, chez une mère, sa durée n’est pas bornée à l’âge de faiblesse et d’impuissance de l’enfant, sa pérennité se montre comme la manifestation d’un rang supérieur, comme la condition d’un développement plus avancé de la vie; et sans doute, pour arriver à son existence si parfaite, l’homme devait eu sentir l’influence, en éprouver le bienfait.