Читать книгу Traité sur l'éducation physique des enfants - Charles Joseph François Richard - Страница 7
Actes instinctifs. — Digestion première.
ОглавлениеL’enfant tette d’abord tout ce qu’on lui met dans la bouche; l’instinct de la nutrition agit, et même plus d’une fois le chirurgien a pu sentir à son doigt la succion de la bouche d’un enfant qui était encore dans le sein de sa mère.
La bouche d’un nouveau-né n’est pas, comme celle de l’adulte, une première cavité où l’aliment doit recevoir une première préparation. La forme des mâchoires ne permet aucun effort de mastication; les gencives sont dépourvues de dents; les glandes salivaires, grêles et peu développées pendant les deux premiers mois au moins, ne donnent pas de salive qui puisse imprimer aux substances un premier degré d’altération. La bouche de l’enfant n’est donc qu’un organe de succion et de passage, qualité qu’elle doit à des lèvres plus longues, propres à saisir le mamelon, et à l’étroitessa et à la brièveté de la voûte palatine.
Différente dans sa structure et dans sa fonction, la bouche de l’enfant réclame donc une autre nature d’aliment que la bouche de l’adulte, et c’est la mère qui va le fournir; c’est elle dont le sein produit un liquide nourricier facile à assimiler, et qui n’a besoin d’aucune préparation préliminaire.
Ces considérations montrent assez l’erreur de ceux qui prétendent, par une nourriture artificielle, remplacer l’allaitement; c’est là une infraction évidente à cette loi d’harmonie qui règne entre les deux êtres, la mère et l’enfant, et à laquelle ce dernier ne peut être soustrait sans inconvénient. Cette loi régit rigoureusement les premiers temps qui suivent la naissance; mais l’enfant arrivera bientôt à désirer d’autres aliments que le lait de sa mère, qui ne lui suffit pas toujours. C’est vers le troisième mois que ce besoin se fait sentir. Il lui faut des substances molles, pultacées, farineuses, parce que le sens du goût, qui se développe, exige déjà une variété dans les choses; et les forces digestives s’accroissant peu à peu, sont alors capables d’élaborer des substances plus solides.
L’estomac se développe, la bile coule en plus grande abondance; l’intestin grêle, qui n’était dans l’embryon qu’un organe sécrétoire, devient un véritable organe d’ingestion; le gros intestin, qui le suit, se développe, se prononce davantage, et se montre conforme à sa destination, qui est de recevoir les résidus de la digestion.
Le mouvement péristaltique qui précipite la marche des substances alimentaires est encore longtemps insuffisant; aussi le lait regorge et revient par le vomissement, sans que l’enfant en soit incommodé. On observe ce phénomène chez les enfants, surtout chez ceux qui ont une nourrice abondante, et on ne voit pas que cette régurgitation de lait leur nuise en aucune manière. En contact avec le suc gastrique, le lait tourne à l’aigre, il se caille promptement; l’enfant vomit la matière caséeuse seule, et le sérum est absorbé ; ce qui explique pourquoi ce sont toujours des caillots qui sont rejetés, et pourquoi aussi la nutrition s’opère malgré la fréquence de cette réjection.
La bile, en s’unissant au caillot, le change en chile, mais elle n’est pas assez alcaline encore pour en maîtriser l’acidification; aussi les vents et les matières jaunâtres qui sont rendus par les selles exhalent une odeur non point putride, mais de lait aigre. L’enfant prenant plus de lait qu’il n’en peut digérer, les selles contiennent souvent encore du caséum non décomposé ; mais s’il y a maladie, si la bile est abondante, alors les excréments sont verts, d’une odeur fétide; les coliques, les vomissements, la diarrhée, les aphthes, les ulcérations à la peau, tourmentent les enfants et jettent l’inquiétude dans le cœur des mères.
En lisant ce passage avec attention, les mères apprendront à prévenir ces troubles de l’intestin, à éviter les écarts de régime et leurs résultats à l’égard des digestions.
L’exonération du ventre est fréquente chez les enfants; la première selle d’un nouveau-né est noire, elle sort en général peu de temps après la naissance et quand la respiration est bien établie, quand il s’est formé assez de sang artériel pour éveiller l’irritabilité du rectum. Cette première selle est une matière brune foncée, verdâtre, mêlée plus tard avec du colostrum; elle se répète trois ou quatre fois par jour, et beaucoup moins à mesure que l’enfant avance en âge. Les selles ne contiennent d’abord que les résidus de la digestion du lait, elles sont molles ou liquides, suivant que le lait est abondant en matière caséeuse ou en sérum; elles deviennent plus fermes quand on joint au lait d’autres substances alimentaires.
Peu à peu le tube digestif acquiert sa condition définitive, c’est-à-dire que la bouche se garnira de dents, l’intestin colon s’élargira et se disposera à devenir le réservoir de substances plus consistantes; les glandes salivaires viennent en aide aussi à la digestion stomacale, et à l’époque du sevrage l’ensemble des digestions de l’enfant différera peu de celles de l’adulte.