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Premiers signes de mémoire.

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Il faut que cette affection des sens soit répétée, la sensation durable, pour que l’impression en soit conservée et que l’idée commence à poindre. Alors l’enfant redemandera un objet agréable qu’on aura soustrait à sa vue, il le reconnaîtra et manifestera le plaisir que cet objet lui avait déjà fait éprouver. Ainsi, quand on lui donnera son hochet, il le prendra pour en agiter les grelots, et reproduire le son bruyant cher à sa mémoire. Si, au contraire, on agite à son oreille cette marotte de l’enfance, il se retourne, il la voit, la désigne du doigt; il fait voir que le son vient d’elle. Toutefois l’imperfection de l’œil et de l’ouïe, dans la première enfance, contribue beaucoup à borner le cercle des sensations et, par suite, des idées. La convexité de la cornée rend l’enfant myope jusqu’au quatrième mois; il ne voit pas les choses éloignées. L’oreille est imparfaite; le canal auditif osseux, l’apophyse mastoïde sont à peine développés, et la membrane tympanique, presque au niveau de la peau, ne peut recevoir les sons épars qui viennent de loin. Ce n’est donc que peu à peu qu’il associera les impressions de ces deux sens. Cette opération de l’esprit se montre comme une première preuve de mémoire. Dès lors il reconnaîtra les personnes, non seulement à la vue, mais au son de la voix, et appliquera un nom commun aux animaux de même espèce. Les erreurs mêmes auxquelles il est induit par les analogies générales, indiquent déjà une puissance de comparaison, quoiqu’imparfaite et manquant encore de netteté. Parfois, dans le sommeil, les objets qui ont agi sur les sens reviennent réveiller la pensée; les images du passé apparaissent en songe, sous la forme d’intuitions sensorielles. L’enfant rêve au sein maternel, et ses lèvres exécutent le mouvement de succion, tandis que son visage rayonne de plaisir.

D’autres fois il pousse un cri subit: il a revu en rêvant quelqu’objet dont l’aspect l’avait frappé de terreur; ou bien on le voit sourire à quelque sensation de plaisir inconnue. Les mères disent alors qu’un ange a embrassé l’enfant. Nous n’aimons pas, dans un âge si tendre, ces préoccupations du cerveau; souvent ce jeu mobile des muscles de la face est déterminé par une irritation des centres nerveux; le brusque réveil qui le suit montre l’action de causes morbides, et l’ange que les préjugés populaires font passer près de l’enfant est un triste messager qui annonce les maladies convulsives et le danger.

L’homme ne conservera aucun souvenir de sa première enfance; il voit les événements présents sans comprendre aucune de leurs connexions avec le monde qui puissent lui servir comme d’instrument de mnémonique, et les rappeler ensuite à sa pensée; le cerveau est trop mou, pour parler un langage figuré, pour que l’impression s’y grave d’une manière durable.

Traité sur l'éducation physique des enfants

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