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Développement des sens.

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Tandis que l’enfant puise au monde les matériaux de son accroissement, il reçoit aussi, par les organes des sens, les stimulants de son développement moral: le sens de la vue, tourné vers l’espace et la lumière, le sens du toucher, borné à des limites plus étroites, se développent à la fois, comme les pôles extrêmes de la vie sensorielle. Réunis l’un à l’autre, ils donnent l’intuition la plus immédiate de l’existence extérieure.

L’enfant ouvre ses yeux dès qu’il a respiré, mais il ne voit point encore; il reçoit seulement l’excitation bienfaisante du jour; nul rayon de la vie morale ne s’échappe de son œil, seulement il est animé par le besoin de lumière. On peut se faire une idée de cet instinct de l’organe en examinant les yeux des enfants cataractes de naissance: on voit avec étonnement que le globe de l’œil n’est jamais en repos, il s’agite sans cesse comme s’il cherchait l’excitant que la nature lui destinait, ou comme dans une lutte incessante avec l’obstacle qui l’en sépare. Avide de lumière, l’enfant la cherche chaque fois qu’il s’éveille; mais la longueur du sommeil le garantit de l’excitation trop vive qu’elle peut produire sur un organe encore faible et imparfait.

Le sens du toucher est flatté par la température, par le bain tiède, par des langes doux, du linge sec dont la peau est enveloppée. Celle-ci devient sensible aux impressions irritantes, et l’enfant s’éveille quand il a sali ses langes.

D’abord l’enfant entend très-peu; le bruit n’agit sur lui qu’en ébranlant la sensibilité générale; il faut un bruit considérable pour le réveiller. Mais plus tard, vers la sixième semaine, les sons commenceront à l’affecter, et le murmure des douces paroles arrêtera ses pleurs; il s’endormira au bruit des chansons.

Le goût est tardif aussi, et dans les premières semaines l’enfant avale indifféremment tous les breuvages qu’on lui présente, doux ou amers; mais, dans le second mois, il distingue déjà, il accepte encore les liquides doux, tels que l’eau sucrée, l’eau de gruau, mais il montre de la répugnance pour la rhubarbe, pour les substances amères, salées, ou acides.

L’odorat s’exerce d’une manière imparfaite, à cause du peu de développement des cavités nasales. On assure cependant que, pendant la nuit, l’enfant reconnaît à l’odeur le sein de sa nourrice bien-aimée, et qu’on aurait peine à le tromper, même dans l’obscurité, s’il fallait substituer une autre femme à celle-ci.

L’enfant apprend peu à peu à explorer les mêmes objets avec tous ses sens: il veut toucher ce qu’il voit, il veut voir ce qu’il entend, il s’aperçoit que des sensations différentes naissent dans ses sens divers d’un seul et même objet; il analyse ainsi les différents traits d’une chose reconnue, et il entre sans s’en apercevoir dans le domaine de l’intelligence. Ainsi, en reposant sur le sein de sa mère, il en apprécie la chaleur, la douce résistance; de ses lèvres il en touche le mamelon dont l’aspect coloré a flatté ses yeux; la liqueur qui en découle a excité agréablement sa bouche, et l’enfant sait que c’est le même sein qui a agi sur tous ses sens à la fois.

Il en est de même des autres objets qui s’offrent successivement à cette étude insensible; mais, vivant tout en lui dans le présent, l’objet s’efface de sa pensée au moment même où il cesse d’affecter ses sens.

Traité sur l'éducation physique des enfants

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