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XXIII

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Le Mal du Pays.

Bonne situation d’un homme dans l’exil, s’il vit. dans une époque corrompue. Peu d’estime pouf ceux qui acceptent de vivre dans l’injustice et par l’injustice. Ils ne peuvent lui refuser leur estime et il n’en a nul besoin. Peu soucieux de leur plaire, il ne fait rien pour cela. Retranché des vivants, il est obligé de vivre en pensée avec ceux qui ne sont plus ou avec ceux qui seront plus tard. Il cherche le vrai, le beau, indépendamment de ce qui plaît à des générations d’esclaves? Il a dans sa pensée la joie et le calme du sépulcre.

Faut-il, en effet, entrer dans la froide demeure des ténèbres? Moi aussi j’aimerais la vie et la chaleur des soleils renaissants! Je me retourne vers la lumière et je repousse avec horreur la pensée de l’irrévocable nuit.

Il est des temps où l’exil est salutaire.

A mesure que la patrie se dissout, l’exil est moins douloureux.

Il est trop cruel de voir de ses yeux ceux que l’on a aimés et de ne plus reconnaître en eux le cœur qui vous aimait. Mieux vaut vivre loin d’eux.

Mourir sur la terre étrangère, plutôt que de voir de mes yeux l’abjection de mon pays!

Puis-je concevoir ce que j’éprouverais en entendant la musique d’un régiment français? Les arts, mis au service de l’opprobre, sont une sorte de défi à ce qu’il y a de plus intime et de plus secret dans le fond de votre être.

O mon cher pays, qui t’a aimé plus que moi! Et pourtant je ne désire pas te revoir. Tu as été pour moi une mère sévère; je n’ai jamais connu tes caresses. De tous tes fils, j’étais un de ceux pour lesquels tu avais le moins de sympathie naturelle.

Tu as été juste pour moi, sans doute, mais tu ne m’as jamais souri.

Le livre de l'exilé, 1851-1870

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