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IV. — ALIMENTATION DES POULINIÈRES VIDES

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Table des matières

Les poulinières vides peuvent être considérées comme des non-valeurs en matière d’élevage; cette catégorie qui dans certains studs représente une forte proportion de l’effectif 30 ou 40 °/o est constituée par des juments stériles et par celles qui ont été éloignées temporairement de la reproduction. Ce dernier groupe, le moins considérable, comprend les juments qui à la suite d’un poulinage laborieux, d’un avortement compliqué, d’un état maladif grave, ne présentent pas un taux vital suffisant pour donner un produit viable ou d’avenir.

Dans l’intérêt de l’éleveur, comme dans celui de la jument, il convient d’écarter temporairement de la reproduction ces «débilitées» et de modifier par une hygiène et une diététique sévères ce terrain peu favorable à la fécondation.

L’observation journalière montre que l’infécondité temporaire observée si fréquemment dans les studs reconnaît pour cause, dans la majorité des cas, une hygiène alimentaire défectueuse. Les enquêtes que nous avons faites dans divers haras montrent des juments vides pendant plusieurs années, malgré la diversité des étalons employés, alors que l’examen clinique des organes génitaux permet d’écarter toute cause de stérilité organique.

Les renseignements recueillis apprennent que les juments n’ont été l’objet d’aucune préparation diététique et ont livrées directement à l’étalon. On peut affirmer que la stérilité des procréatrices, lorsqu’elle n’est pas liée à un trouble des organes sexuels (hyperacidité vaginale, atrésie du col, lésions ovariennes, etc.) est symptomatique dans bien des cas, du nervosisme, de l’éréthysme génital, états morbides consécutifs à la suralimentation à l’avoine.

Il faut donc en se basant sur ces données étiologiques, pour augmenter la fécondité, modifier le terrain, abaisser le nervosisme, donner en un mot au sujet un tempérament lymphatique; ce résultat sera obtenu par l’emploi d’une diététique appropriée; aux grains qui constituent à l’entraînement la dominante de la ration, il convient de substituer temporairement des aliments doués de propriétés hygiéniques et rafraîchissantes: mashes, aliments mélassés, vert, tubercules, racines, etc.

La jument soumise à ce régime, suffisamment prolongé, se trouvera dans les meilleures conditions pour que l’imprégnation soit positive; tous les organes, y compris les sexuels, seront dans un état de calme, de repos de relâchement, de passivité favorables à la fécondation.

L’influence de l’alimentation sur la fécondité n’est pas douteuse; que de fois a-t-on constaté l’infécondité temporaire chez des juments brûlées par l’avoine. Présentées au même étalon, après avoir été soumises à une diététique spéciale, elles étaient dans la suite fécondées avec succès. Pour les poulinières qui viennent de l’entraînement, qui sont le type des suralimentées, le régime de transition que nous venons d’indiquer est de règle absolue.

Chez les «surmenées» on observe une dépression organique, un affaiblissement général qui diminuent dans une large mesure les chances de fécondation, en engendrant une sorte de frigidité ovarienne. Comme pour les «hypernerveuses» une diététique préparatoire est nécessaire, mais ici l’hygiène alimentaire doit remplir un but opposé ; au lieu de déprimer l’organisme, il faut le tonifier.

Ces brèves considérations montrent qu’il est logique d’admettre chez le pur sang une stérilité d’origine alimentaire.

La base de rationnement d’une poulinière vide est facile à établir; elle est représentée physiologiquement par la ration d’entretien. La suralimentation à cette période est nettement contre-indiquée car elle provoquerait la pléthore et l’obésité, états qui diminuent dans une large part l’aptitude procréatrice.

Le régime par excellence des poulinières vides est la prairie, tant au point de vue hygiénique qu’économique; en dehors de cette période, outre les grains et le fourrage, l’emploi des mashes, deux fois par semaine est indiqué.

Terminons ce chapitre en disant que l’hygiène alimentaire des reproductrices présente un intérêt primordial car elle tient sous sa dépendance directe, quelle que soit la période envisagée (gestation, allaitement) la croissance et l’avenir du sujet.

Pendant la vie intra-utérine, l’alimentation maternelle exerce déjà une action marquée sur le développement régulier du fœtus, mais c’est surtout pendant la période de l’allaitement que l’alimentation joue un rôle prépondérant sur la croissance car le rendement lacté, tant qualitatif que quantitatif, est fonction, en dehors de l’individualité, de la diététique des nourrices.

Quelles que soient les qualités des reproductrices, héréditaires ou acquises, leur bonne conformation, ces qualités seront négatives si par une alimentation irrationnelle, elles sont mauvaises nourrices; leurs produits, malgré leur haute origine, seront des malingres, des chétifs qui constitueront, dans bien des cas, des non-valeurs sportives.

Si la diététique des mères est défectueuse pendant la période de la gestation, (déficit protéique, phosphorique, calcique, etc.) les poulains, entravés dans leur développement normal, présenteront à la naissance les signes de débilité congénitale et fourniront un contingent élevé dans la morbidité et la mortalité du jeune âge.

L’alimentation au haras doit être envisagée au double point de vue hygiénique et économique; nous avons déterminé par l’emploi judicieux des substitutions alimentaires des rations pour les gestantes, les poulinières vides et suitées possédant un pouvoir hygiénique puissant et dont le prix de revient — comparé à celui de l’alimentation exclusive à base d’avoine — permet de réaliser une économie considérable sur le chapitre «alimentation» qui tient, en grande partie, sous sa dépendance directe, les bénéfices de l’exploitation.

Nous avons consigné le résultat de nos recherches expérimentales dans un de nos ouvrages Comment nourrir le Pur Sang?

L’élevage du pur sang comporte des difficultés, des aléas multiples, il exige l’immobilisation d’un capital élevé (installation du haras, achat et entretien des reproducteurs, rénumération du stud-grooms, du personnel, etc.); en outre, les pertes élevées dues à la stérilité, à l’avortement épizootique, à la mortalité, aux accidents, qui représentent plus de 50 % rendent les bénéfices de l’exploitation des plus aléatoires, car, trop souvent, les recettes (prix des saillies, vente des produits) sont insuffisantes pour combler les dépenses.

Tout en rendant pleine justice à la probité, à la bonne volonté, au dévouement même des stud-grooms, il est regrettable — vu le rôle important qui leur est dévolu —,de constater que fréquemment ils sont dépourvus d’instruction même professionnelle. Celle-ci se résume, du fait de leur recrutement et de leur origine modeste (anciens lads, garçons d’écurie, etc.) à des traditions empiriques, routinières; ils sont souvent, indifférents ou hostiles aux nouvelles données scientifiques, bases de tout élevage rationnel et productif.

L’élevage dans ces conditions ne peut être rénumérateur et provoque — fait grave dans ses conséquences — le découragement de beaucoup d’éleveurs. La collaboration de la pratique et de la science serait fertile en résultats féconds dans les diverses branches d’exploitation du pur sang, tant au haras qu’à l’entraînement.

L’élevage rationnel exige, en effet, des connaissances étendues concernant l’Hygiène, l’Anatomie, la Physiologie, la Chimie biologique, l’Alimentation, la Pathologie, la Thérapeutique, des notions techniques sur la fécondité, la stérilité etc.; ces données scientifiques qui exigent des. études spéciales, ne peuvent se rencontrer chez les stud-grooms.

La direction technique scientifique d’un haras devrait être confiée à des spécialistes dont les travaux antérieurs, montreraient qu’ils sont versés dans la science de l’élevage et des méthodes d’expérimentation modernes biologiques.

Le Syndicat des éleveurs du Pur Sang — dont la puissance effective est considérable — ne pourrait-il pas prendre l’initiative de la création d’un laboratoire de recherches concernant tout ce qui a trait à l’élevage et en confier la direction technique à un ou plusieurs spécialistes?

Le montant d’une simple cotisation parmi les membres de ce syndicat, serait vite récupéré par les bénéfices réalisés: augmentation du nombre des naissances,diminution des avortements, du taux de la mortinatalité. économie journalière réalisée sur le prix de la ration, obtention rapide de la précocité, etc.

La nécessité de la création d’un laboratoire de recherches expérimentales appliqué aux questions multiples qui concernent l’élevage est tellement impérieuse que le Jockey a pris récemment l’initiative d’ouvrir une souscription dans le monde sportif, dont le montant serait utilisé à faire des recherches scientifiques concernant l’étiologie, le traitement et la prophylaxie de l’avortement épizootique, affection qui par sa fréquence, sa gravité, sa contagiosité, cause de lourdes pertes à l’élevage.

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