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L’HÉRÉDITÉ
ОглавлениеLois. Manifestations. Hérédité normale. Hérédité pathologique. Hérédité psychique.
L’hérédité associée à la consanguinité et à la sélection est la base essentielle de l’amélioration de la race pure; étudier ses lois, ses manifestations constitue donc l’introduction indispensable aux chapitres consacrés à l’élevage.
Voulant dans cette étude rester dans le domaine pratique, écartant systématiquement les théories d’ordre ultra-scientifique — dont l’assimilation, même pour les initiés, est des plus arides — et ce sujet étant traité longuement dans un ouvrage antérieur , nous indiquerons seulement les notions dont la connaissance est indispensable à l’éleveur.
Malgré les progrès réalisés dans les sciences biologiques, les lois qui régissent les manifestations héréditaires sont encore obscures et mystérieuses sous plus d’un point.
L’hérédité est un phénomène qui fait que, outre le type de l’espèce, les ascendants transmettent aux descendants des particularités d’organisation et d’aptitudes normales ou morbides.
L’hérédité est dominée par deux données essentielles: 1° le maintien des types ancestraux; 2° la fixation des variations avec l’évolution des formes vivantes (Dechambre).
Au point de vue biologique, tout être vivant provient d’une simple cellule ou d’un ensemble de cellules détachées des parents. La masse initiale qui donne naissance au nouvel être est un œuf résultant de la fusion de deux éléments provenant de deux individus différents; l’un, l’ovule emprunté à l’individu femelle, l’autre, le spermatozoïde emprunté à l’individu mâle. Au point de vue de l’hérédité, ces deux éléments sont équivalents, c’est-à-dire que chacun d’eux, s’il pouvait se développer seul, donnerait naissance à un individu identique à celui dont il provient; autrement dit, chacun contient toutes les propriétés du parent qui le fournit, mais dans l’acte de la fécondation, il y a fusion des deux éléments en un seul. Cet œuf devrait donc contenir à la fois le potentiel héréditaire du père et de la mère, mais des propriétés antagonistes ne peuvent pas physiologiquement se manifester en même temps. Alors, ou bien l’une des propriétés l’emporte sur l’autre et est empruntée uniquement à l’un des procréateurs (hérédité unilatérale) ou bien il se produit une propriété intermédiaire. Cependant, si une propriété est commune au père et à la mère, elle est transmise, et là réside le danger des unions consanguines dans la transmission des tares.
L’hérédité est dite collatérale quand elle ne se manifeste pas dans la ligne de descendance directe, mais il peut y avoir ressemblance entre deux êtres qui tiennent d’un ancêtre commun, un même caractère. On dit souvent que l’hérédité saute une génération (hérédité alternante).
Les puissances héréditaires dans la direction imprimée à l’évolution de l’être ne sont pas toujours égales; tantôt celle de l’élément mâle domine, tantôt celle de l’élément femelle.
La doctrine de STEPHENS qui affirme que le produit hérite de son père les formes extérieures, et de sa mère la couleur, les organes internes, le tempérament, s’est imposée durant longtemps aux éleveurs qui, pour la plupart, sont encore convaincus de son fondement.
Si cette doctrine — séduisante par sa simplicité — était exacte, on prévoit l’influence qu’elle pourrait exercer sur la sélection des reproducteurs. Dans bon nombre de cas, il suffirait de s’occuper du choix du mâle.
On observe des sujets des deux sexes qui, dans tous leurs descendants, transmettent aux produits leurs caractères propres, quels que soient ceux de leur conjoint; dans l’acte physiologique de la reproduction ils dominent toujours complètement. Ces reproducteurs possèdent une grande puissance héréditaire individuelle. Les éleveurs les estiment et les recherchent surtout quand ils sont mâles, et disent d’eux qu’ils «racent» bien.
La race pure nous offre de nombreux exemples de transmission héréditaire qui sont l’apanage des grands étalons et des poulinières célèbres. Touchstone, Stockwell, Dollar, Monarque, Galopin, Saint-Simon, Le Sancy, etc.. ont légué leurs caractères extérieurs et leur aptitude coureuse avec une grande fidélité.
D’autres, au contraire, sont absolument dépourvus de cette puissance héréditaire. Un des plus remarquables chevaux de course de ce siècle Gladiateur en fournit un exemple frappant. Parmi les nombreux poulains qu’il a engendrés, on en chercherait vainement un seul qui eût approché de sa juste célébrité. Superbe de forme, et exceptionnel par son aptitude, Gladiateur s’est montré un très médiocre reproducteur. Il était donc bien manifestement dénué de la puissance héréditaire individuelle. Nous pourrions citer à l’appui de cette thèse de nombreux exemples, connus des sportsmen, tant dans le training que dans le trotting.
L’hérédité ancestrale, par son action cumulative, assure la constance et la fixité des types naturels; les livres généalogiques — dont les données constituent la base de l’élevage du pur sang — n’ont pas seulement pour objet d’assurer la conservation de la pureté de la race. Ils enregistrent aussi les qualités individuelles qui semblent, par leur fixation de plus en plus accentuée, être devenues un héritage de la famille et qui, en réalité, le sont en effet.
L’atavisme — la ressemblance avec les ancêtres — consiste dans la répétition chez les descendants des qualités, des prédispositions; il est direct, lorsqu’il remonte directement aux aïeux, et collatéral quand il est attribuable à d’autres générations.
L’atavisme est important à considérer pour les éleveurs, car il peut modifier profondément les produits considérés comme purs et sans mélanges. En dehors des qualités individuelles, il faut donc s’inspirer en zootechnie, de la généalogie même éloignée.
La vérification expérimentale confirme pleinement la justesse de cette conviction des éleveurs. Il est bien certain que, dans l’appréciation de la puissance héréditaire envisagée au point de vue pratique, la considération d’origine prime celle des qualités individuelles. Une longue lignée d’ancêtres distingués par des aptitudes dont ils ont fait preuve (performances), offre plus de garantie de puissance héréditaire que la distinction individuelle la plus grande et l’on sait que les chances de transmission croissent comme la longueur de cette lignée. Plus la famille est ancienne, dans le sens qui a été défini, plus son atavisme propre est puissant. Il y a donc d’après cela un atavisme de famille comme il y a un atavisme de race.
Cet atavisme familial — est-il besoin de le faire remarquer — ne touche que les qualités acquises, et à ce sujet on peut dire qu’il représente l’ensemble des puissances héréditaires de la famille. C’est ainsi que des qualités d’une hérédité précaire et fort aléatoire, quand elles ne sont qu’nidividuelles, se transmettent à peu près sûrement lorsqu’elles ont été cultivées par une suite de générations.
Les aptitudes développées par la gymnastique fonctionnelle se transmettent à peu près fidèlement lorsqu’elles existent chez les deux reproducteurs. Leur transmission peut être considérée comme infaillible si, avec cela, elles sont un apanage de famille dans les deux lignes et surtout si les reproducteurs sont de même famille et proches parents.
Toutes les puissances héréditaires convergent, toutes les lois de l’hérédité fonctionnent dans le même sens. Que l’hérédité soit individuelle ou ancestrale, qu’elle soit unilatérale ou bilatérale, peu importe, le résultat sera toujours le même, l’aptitude sera toujours transmise puisque, existant chez les deux reproducteurs, elle a existé également chez leurs ancêtres. C’est pourquoi nous pouvons dire — adoptant la formule des zootechniciens — que «la consanguinité élève l’hérédité à sa plus haute puissance car les parents réalisent au plus haut degré la condition de la loi des semblables».
Le pur sang fournit un exemple frappant de la transmission des caractères acquis. Dérivant — ainsi qu’on le sait — du cheval oriental, il a acquis des caractères qui le distinguent de son ancêtre originel (allongement des lignes, obliquité moins accusée du fémur, redressement du coxal, élévation de la croupe, augmentation de la taille, etc.).
Les trotteurs nous offrent un exemple encore plus démonstratif de l’hérédité des caractères acquis. Tous les poulains d’origine trotteuse héritent, en effet, des mouvements coordonnés de cette allure spéciale qu’est le trot de course.
Biologiquement, on peut affirmer que la fidélité de la transmission héréditaire des caractères acquis, s’effectue d’autant plus régulièrement qu’on opère avec une plus longue série d’ancêtres. Chaque génération imprime un nouveau progrès à l’adaptation, et de cette accumulation ancestrale, réside l’hérédité.
L’hérédité des caractères acquis porte sur la vigueur, la force, les aptitudes diverses, l’activité des organes sensoriels, les facultés intellectuelles, les instincts, le caractère, les qualités, etc.
La pratique sportive montre que le tempérament, les qualités de tenue, d’endurance, de ténacité, de courage, de combativité, d’ardeur à la lutte finale, de vitesse (flyer), de fond (stayer), d’aptitude au saut, au terrain sec ou lourd, etc., sont transmissibles par de longues générations.