Читать книгу La Vie des fleurs - Eugène Noël - Страница 10
ОглавлениеLES GRAMINÉES.
Cette multitude d’herbes si variées, si vivaces, qui recouvrent la terre infatigablement, et dont les feuilles sans queue semblent ne faire qu’un avec la tige qu’elles enveloppent à leur base, fixèrent mon attention. Je semai quelques grains d’avoine. Je reconnus avec grande surprise que cette plante était aussi une herbe (herbe était pour moi alors l’équivalent de graminée); je remarquai très-bien qu’à sa naissance elle sortit de terre sans les deux grosses feuilles nourricières, ou cotylédons que j’avais observés chez mes autres plantes, et dont tout seul je découvris l’usage. J’enlevai à des fèves ces deux grosses feuilles laitières, et je les vis mourir d’inanition. De moi-même encore, j’arrivai à cette grande division des plantes, fondée sur l’absence ou le nombre des cotylédons, quoique je n’aie eu connaissance que plus tard de ce nom scientifique.
Outre les pissenlits, il poussait dans ce coin sauvage de beaux bassinets d’or, du seneçon aux graines voyageuses, des pâquerettes, du plantain; le mouron étalait jusqu’au seuil de la maison sa douce et familière verdure et ses petites fleurs blanches, qui me semblaient, comme des yeux, diriger du fond de l’herbe leurs regards vers le ciel. J’admirais aussi, sur les grands murs, une riche végétation de chélidoines et de ravenelles sauvages. Une chose m’étonna: ce fut de voir des cailloux déposés dans un endroit humide, à l’ombre, se couvrir de mousse.
Malheureusement, la petitesse de ces plantes ne me permit pas de les observer... Le microscope, qui me manquait pour cela, et dont j’entendis parler, me parut dès lors un instrument sacré.