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XV.

Table des matières

COMMENT VIVENT LES PLANTES. LEURS MÉNAGES.

NOBLES LILIACÉES. — FAMILLE DES CRUCIFÈRES. LES VÉNÉRABLES LÉGUMINEUSES.


Quoique j’aie de très-bonnes raisons pour ne me pas lancer jusqu’à vous décrire les merveilles de l’anatomie et de la physiologie végétales, il faut bien que je vous dise pourtant le nom des différentes parties de la plante. Ne craignez pas, toutefois, de me voir vous définir savamment quelle partie a reçu le nom de feuilles, quelle autre celui de racines, etc. Ce que vous savez aussi bien que moi, je ne prendrai pas la peine de vous le dire. Je vous rappellerai seulement que, par la racine, à l’aide de petits suçoirs, la plante se nourrit, et qu’elle respire par les feuilles. La puissance de succion exercée par les racines est telle qu’elle peut élever une colonne de mercure plus haut que ne le fait dans le baromètre la pression atmosphérique. J’ajouterai, si vous voulez, que la queue de la feuille, en langage scientifique, s’appelle pétiole, et la queue de la fleur pédoncule; que, si la fleur est une fleur en grappe, en touffe ou en ombelle, comme il arrive aux carottes, aux œillets de poëte, aux lilas et à l’acacia (ou robinier), la petite queue qui supporte chaque fleur prise isolément se nomme pédicelle.

Sans doute, après un tel exposé, vous voilà déjà, comme M. Jourdain, ravi que l’on ait pu imaginer tant de belles choses sur un si simple sujet. Cependant, vous n’en êtes encore qu’à l’A b c, et je continue ma leçon.


Si vous effeuillez une fleur en allant du dehors au dedans, dans un très-grand nombre de plantes vous trouverez d’abord le calice, partie qui, primitivement, a servi d’enveloppe au bouton, et qui maintenant reste sous la corolle, qu’il supporte. Les petites feuilles, souvent vertes et quelquefois colorées, dont il se compose, s’appellent sépales. (Étudiez sur les renoncules, où vous trouverez un très-beau calice à cinq sépales.) Après le calice vient la corolle ou couche nuptiale.

Formée des plus riches tentures, la corolle est la joie de la plante; c’est d’elle que la plante est fière, et l’herbe la plus humble se sent, par sa corolle, fille aimée de la nature entière. La corolle des fleurs, bâtie de mille manières, ressemble tantôt à un dais somptueux que vous croiriez le travail des fées, tantôt à une nacelle aérienne où les époux sont balancés, durant leurs jeux, par un sylphe invisible. La nature a déployé là toute sa magnificence; et, pour moi, je ne saurais voir, sans en être touché, combien elle nous apprend à respecter la famille par les soins, les tendres précautions, par les agréments même dont elle entoure ces humbles ménagea. Non-seulement elle peint à plaisir le lit nuptial, mais elle l’embaume des plus suaves parfums.

Comment vous dire maintenant que les pièces dont se compose la corolle ont reçu des savants le nom de pétales?

A l’intérieur de la corolle, vous remarquerez de petits filets attachés aux pétales par leur base et surmontés d’une espèce de sachet ou tampon couvert de poudre. Ce sont les maris, que les savants ont nommés tristement des étamines. La poudre dont ils sont couverts est le pollen ou poussière fécondante; les sachets qui la contiennent s’appellent les anthères. Enfin, tout à fait au centre, vous apercevez l’épouse ou pistil.

Enlevez à la fleur son calice, sa corolle, ses étamines, vous remarquerez à la base du pistil un petit renflement: c’est l’ovaire. Ouvrez ce renflement, vous y verrez poindre déjà de petits œufs.

Le pistil est creux dans toute sa longueur. Vous pouvez voir une ouverture à son extrémité supérieure; cette ouverture est le stigmate, presque toujours en contact avec les anthères: c’est par cette ouverture que s’introduit dans l’ovaire la poussière fécondante ou pollen. Le long fil au sommet duquel se trouve le stigmate a reçu le nom de style.

Toutes ces parties, du reste, vous apparaîtront on ne peut plus clairement dans le lis, sauf que vous n’y trouverez point le calice; mais c’est une des plantes où l’on peut le mieux étudier la structure de la fleur. Vous observerez avec la plus grande facilité :

1° Que la couche nuptiale du lit se compose de six pièces ou pétales;

2° Que les étamines, chargées d’une abondante poussière jaune, y sont au nombre de six également;

3° Que le pistil, très-grand, est surmonté d’un stigmate à trois lèvres.

Or, toutes les fois que vous trouverez dans une plante ces caractères réunis joints à des racines bulbeuses, vous pourrez prononcer que cette plante appartient à la noble et brillante famille des liliacées.

Observons toutefois que les botanistes modernes ont nommé périanthe ce que j’appelle la corolle dans les liliacées, et ont enlevé le nom de pétales aux six pièces qui le composent; d’autres ont fait un calice de trois de ces pièces un peu plus extérieures que leurs compagnes, comme on peut s’en convaincre en observant la fleur, et ils ont réservé pour les trois pièces placées plus intérieurement le nom de corolle, etc., etc. Je vous en prie, ne les contrarions pas là-dessus.

Les crucifères, autre famille très-connue, très-précieuse aux tempéraments lymphatiques, se reconnaissent en ce qu’elles ont:

1° Calice à quatre sépales inégaux de deux en deux;

2° Corolle à quatre pièces disposées en croix;

3° Six étamines, dont deux plus petites que les autres;

4° Pistil grand et gros, à peu près rond, avec deux lèvres seulement.

Je ne vous ai parlé de cette famille des crucifères que parce qu’elle renferme, outre la giroflée que j’ai tant aimée, le cresson (la santé du corps), le thlaspi des jardins, si joli en bordures; la ravenelle, la bourse à pasteur, si étroite et si plate, hélas! la julienne, le cochléaria, le chou, ce roi du potager; les raves et radis, le colza, le navet, compagnon du chou dans le pot-au-feu des bonnes gens; la lunaire, ainsi nommée pour ses grandes gousses rondes.

Que d’autres familles, célèbres par leur magnificence ou par les services qu’elles ne cessent de rendre à l’humanité, qu’elles nourrissent, consolent et soulagent!

Est-il rien de plus brillant, de plus précieux, de plus utile à tous, que ces vénérables légumineuses, parmi lesquelles vous trouvez les pois, les fèves, les lentilles, nourriture du pauvre; le sainfoin, la luzerne, les trèfles, nourriture des bestiaux; le genêt, parure de nos coteaux; le cytise, le baguenaudier, l’arbre de Judée, les pois-fleurs, les lupins, que Virgile, je ne sais pourquoi, appelait tristes; la sensitive, l’indigotier, qui nous a fait faire tant de voyages dans l’Inde; l’arbre au cachou, et enfin, ô gloire de la pharmacie! la réglisse; l’arbre à gomme arabique, le tamarin, la casse et le séné.


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