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XVII.

Table des matières

TEMPS ANTÉDILUVIENS.

Mais j’aurais voulu qu’en histoire naturelle, comme en histoire, on recherchât pour toute classification l’ordre chronologique et synchronologique. Dans mon système, chaque famille eût été une date. J’aurais fait marcher de front la formation et le développement des deux règnes, animal et végétal, et l’on eût vu chez moi comment l’apparition de telle plante avait pu être contemporaine de celle de tel animal; car une modification quelconque, une manifestation nouvelle de la vie dans le règne végétal, ne saurait avoir lieu sans déterminer dans le règne animal une modification analogue et un développement qui y correspondent.

Les forêts antédiluviennes, forêts immenses, gigantesques, dont les débris submergés nous ont fourni la houille, n’étaient composées que d’arbres monstrueux, pour ainsi dire organisés à la hâte, croissant au milieu des vapeurs d’un ciel sombre et pesant, sur un terrain tiède encore et mal affermi. Qu’était alors la nature animale? Composée de crocodiles informes, d’hippopotames, de lézards amphibies et volant dans une atmosphère épaisse, formée en grande partie d’acide carbonique, elle n’offrait que des créatures à peine dégrossies; tout y était à la fois un peu poisson, un peu quadrupède, un peu oiseau. La vie, sous toutes ses formes, ne s’est spécifiée que peu à peu et en se développant.


Un des premiers animaux terrestres fut cet effroyable mylodon, dont les ossements fossiles nous étonnent encore; d’une grosseur énorme, ces monstres mal animés ne se remuaient qu’à peine. Ils se véhiculaient sur leurs membres informes avec la plus extrême lenteur. Lorsqu’ils voulaient manger, ils appuyaient de toute leur pesanteur leurs membres de devant contre le tronc d’un arbre, le renversaient et broutaient nonchalamment ses feuilles. Ces animaux, en petit, existent encore: ce sont les bradypes ou paresseux, de la famille des édentés tardigrades.

Le sol s’étant raffermi, refroidi, l’air devint plus léger; de nouveaux végétaux apparurent, qui amenèrent avec eux de nouvelles espèces d’animaux mieux caractérisées, plus vivantes.

Ainsi se fit et se continue la création. Les lichens, les mousses, les chaos (substance verte et quelquefois sanguinolente que l’on voit se former sur les pierres) furent les premiers essais du règne végétal; mais, dans le même temps, l’animalité s’essayait déjà par les conferves, par les polypes.

On voit se confondre dans une origine commune, non-seulement les animaux et les végétaux, mais encore les minéraux; car, parmi les algues ou hydrophytes des êtres ambigus sont vraiment placés sur les confins des trois règnes.

La Vie des fleurs

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