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XI.

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PASSION POUR UNE GIROFLÉE. MÉDECINE DES BÊTES.

J’ai parlé en commençant de mes premières amours pour un rosier du Bengale et un lis; mais bientôt je m’épris de passion pour une giroflée. Elle était si belle, si fraîche; on respirait autour d’elle un si doux parfum, que vous l’auriez aimée comme moi. Mon cœur, en y pensant, s’attendrit encore! J’ignore jusqu’où s’étend la fraternité humaine; mais je sens, en dussiez-vous sourire, des liens mystérieux entre la plante et moi. Si l’on n’aime pas une pierre, on peut aimer un brin d’herbe. Pourquoi? Parce qu’il vit.


Ce sentiment vous étonne... mais il existe au fond de nos âmes. Peut-être en vous est-il resté silencieux, si votre vie s’est écoulée dans le monde des villes; mais puissent ces notes l’éveiller dans votre cœur! C’est ce sentiment que vous retrouvez dans Virgile, dans La Fontaine, et qui leur inspira à tous deux cette tendresse infinie pour la nature.

Les peuples d’Orient, profondément rêveurs, et plus en rapport par cela même avec les animaux et les plantes, ont pu devoir à ce sentiment d’être les grands révélateurs. Leurs chants, leurs poëmes ont été, pour ainsi dire, le soupir de la nature entière. Ils ont amicalement, patiemment interrogé toute créature comme envoyée de Dieu, et toute créature, en sa langue, leur a donné sa voix pour les constitutions religieuses qu’ils ont léguées à la terre.

Le monde savant d’à présent dédaigne trop ses maîtres d’autrefois. A Dodone, les chênes parlaient; certains chevaux, dans l’opinion des Germains, participaient de la prescience divine:


Deorum illos conscios putant, dit Tacite. Et ne voyons-nous pas, dans la Bible, une ânesse instruire Balaam. de la part même du Seigneur?

Combien d’inventions précieuses dues aux animaux! Les cerfs ont découvert la vertu du dictame pour enlever les flèches d’une plaie.

Les hirondelles, celle de la chélidoine contre le mal aux yeux.

L’ibis inventa l’usage qui fit autrefois la fortune des apothicaires.

Les serpents se font eux-mêmes très-bien l’opération de la cataracte.

Les ramiers, les perdrix, les merles, les choucas, bêtes prudentes, se purgent une fois l’an avec de la feuille de laurier.

La chèvre, sujette à avoir la vue trouble, se l’éclaircit au moyen d’une saignée qu’elle se pratique elle-même en s’appuyant contre la pointe d’un jonc.


L’hippopotame, contre la pléthore, a recours au même remède en appuyant contre une veine de sa cuisse un roseau aigu.

Etc., etc.

Toute la médecine, suivant Pline, nous serait venue des bêtes. Bien est-il vrai qu’elles en ont deviné quelque chose.

La Vie des fleurs

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