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2.1. Connaissance positive de soi

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L’analyse de la conscience humaine qu’opère Husserl repose sur la notion d’intentionnalité. La conscience est essentiellement conscience de quelque chose. Autrement dit : la conscience est constituée d’une multitude d’actes dirigés vers des objets de conscience, et ce mouvement, si l’on peut dire, est ce que Husserl appelle intentionnalité. La conscience humaine est donc essentiellement intentionnalité, peu importe la spécificité que prend ce mouvement dirigé : percevoir quelque chose, connaître quelque chose, sentir quelque chose, désirer quelque chose, vouloir quelque chose… Il y a l’acte : percevoir, connaître, sentir, désirer, vouloir, et il y a l’objet de la perception, de la connaissance, du sentiment, du désir, de la volonté, etc. sur lequel l’acte est dirigé. L’acte porte donc sur quelque chose qui est autre que l’acte lui-même, un objet. Il y a une distinction entre acte et objet. En incluant la notion de sujet on peut formuler plus précisément : par l’acte un sujet vise un objet.

Les actes intentionnels sont de nature complexe. Pour Husserl, un aspect essentiel est que chaque acte intentionnel contient une représentation de l’objet visé par l’acte. Qu’est-ce qu’une représentation (Vorstellung) ? Se représenter quelque chose veut dire que l’objet nous apparaît comme ceci ou cela1. La représentation n’est pas identique à l’objet lui-même, car le même objet peut être représenté de manière différente. Pour prendre l’exemple de Husserl2, le même triangle peut être représenté comme un triangle équi-angulaire ou comme un triangle équilatéral. Le contenu intentionnel, donc la représentation, diffère, l’objet intentionnel étant le même. Il n’y a, selon Husserl, pas d’acte intentionnel complet sans un tel acte de représentation3. Nous ne pouvons nous rapporter à quelque chose sans nous représenter ce à quoi nous nous rapportons. En conséquence, Husserl appelle l’acte partiel de la représentation « acte fondateur4 » de tout acte intentionnel.

Au niveau de la connaissance par intentionnalité l’acte cognitif minimal est l’acte de représentation qui représente son objet sans recourir à des concepts (perception, imagination, etc.). Un tel acte est la condition de possibilité d’une connaissance plus élaborée, la connaissance propositionnelle, qui elle se sert de concepts. J’appelle maintenant connaissance positive une connaissance propositionnelle qui décrit des actes de représentation non-propositionnels. La connaissance négative est elle aussi propositionnelle, mais dans le cadre qui nous intéresse, nous allons le voir, elle décrit des aspects de la conscience qui échappent à la représentation. La connaissance négative porte sur l’irreprésentable.

Essayons maintenant d’appliquer l’idée de connaissance positive au cas de la conscience de soi. Toute conscience de soi implique une certaine connaissance de soi. D’ordinaire, on entend par là une connaissance propositionnelle du genre : « Je sais que… », la proposition qui suit ces mots introductifs décrivant un acte que j’accomplis (je sais que je l’insulte), un état (je sais que je suis déprimé) ou bien le fait que je me saisis comme une entité restant identique à travers une multitude d’actes ou d’états. Dans tous ces cas, la structure de la conscience de soi est ce « je sais que » auquel s’ajoute une proposition. Il y a le flux des vécus de premier ordre, le fait d’accomplir un acte, de se sentir dans tel ou tel état, de penser ceci ou cela, et il y a un acte de second ordre qui consiste à se pencher sur le flux de premier ordre, à se recourber sur lui en quelque sorte. C’est ce que j’entends par acte de réflexion. Par un acte de réflexion, la conscience se fait elle-même objet de façon à se représenter ses propres actes, actes qui eux-mêmes contiennent des représentations, de façon donc à se représenter ses propres représentations. Une telle conscience de soi, nous pouvons l’appeler connaissance positive de soi.

Politik – Kirche – politische Kirche (1919–2019)

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