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LE VICOMTE D’OLLONE

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Le commandant d’Ollone appartient à trois catégories de France: par sa naissance, à l’aristocratie; par sa carrière, à l’armée active; par ses longues études, au monde savant. Les deux dernières découlent chez lui de la première, parce que ce gentilhomme de haute lignée, loin de se contenter des avantages que donne la naissance, se croit tenu de servir son pays de toutes ses forces. Et bien peu y réussissent d’une manière aussi efficace. Il a guerroyé aux colonies; mais son régiment se repose dans une garnison du Nord: il cherche un objet à son activité, et il en trouve un bien digne d’elle.

Une grosse question d’avenir inquiète le monde: la race jaune se civilise et s’arme. C’est une menace pour des temps plus ou moins éloignés, une menace terrible. Il faut une enquête sur l’état présent de la Chine et de ses tributaires, pour prévoir ce que cette masse d’hommes, si hostiles aux Occidentaux, est en passe de devenir. Cette enquête, il la fera. Elle l’attire d’autant plus impérieusement, qu’une exploration de ce genre est des plus périlleuses.

Voici sa pensée, qui est le résultat d’études approfondies:

L’empire chinois n’est pas le pays uniforme, artificiel, paisible, traditionnel, toujours semblable à lui-même depuis le commencement des âges, et incapable de se transformer, suivant la légende accréditée. Toutes les provinces occidentales sont, au contraire, des conquêtes faites sur des populations très mal soumises, ou même pas du tout. Trois grands groupes surtout opposent encore une résistance invincible à l’influence mandchoue: les Miao-Tseu dans le Kouei-Tcheou, les Lolos dans Sseu-Tch’ouan, les Si-Fan dans le nord-est du Thibet; leurs pays, interdits à l’étranger, restent les dernières contrées du monde inexploré.

Il faut savoir ce que sont ces formidables populations, qui n’appartiennent probablement pas à la race jaune, mais lui apporteront un jour un appui considérable. Une pareille exploration embrasse un domaine immense; elle exige beaucoup de science et un caractère intrépide. C’est absolument l’affaire du commandant d’Ollone, et... il part. Par le fleuve Rouge, il remonte au Yunnan, avec quelques compagnons d’élite. Il y trouvera un saint missionnaire, que le prince Henri d’Orléans n’avait pas eu la bonne fortune de rencontrer lors de son grand voyage avec Bonvalot. Le Père de Guébriant, aujourd’hui évêque, a quitté le collège où l’auteur de cette notice l’a connu, pour s’isoler à jamais parmi les païens à catéchiser. Voici trente ans qu’il a abandonné sa haute situation mondaine, sa grande fortune, pour l’apostolat, après s’être fait recevoir à Saint-Cyr. Le petit-fils du maréchal de Guébriant qui repose à Notre-Dame vit dans la pauvreté et les plus grands dangers, dans un pays isolé du monde, où il jouit de la plus haute influence, grâce à sa vertu, à sa modestie et à son intelligence. Il sera d’un grand secours à la mission d’Ollone.

Explorateurs et terres lointaines

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