Читать книгу Explorateurs et terres lointaines - Henri Méhier de Mathuisieulx - Страница 4
PRÉFACE
ОглавлениеNous nous sommes efforcés de réunir ici des pages empruntées aux livres des explorateurs et voyageurs français qui ont le plus littérairement raconté leurs séjours hors de la métropole.
A notre connaissance, une pareille sélection n’a jamais été tentée, du moins sous cette forme. Il nous a semblé que nous devions combler cette lacune. Puisque l’on glane dans les œuvres d’imagination (poésie, roman, théâtre) pour en constituer des anthologies, nous en faisons autant des auteurs qui ont écrit, avec un talent souvent égal aux meilleurs, ce qu’ils ont vu et éprouvé.
Ces pèlerins scientifiques manient souvent la plume avec une dextérité qui avive l’intérêt de ce qu’ils nous apprennent, et l’opinion publique, qui leur est si favorable, est sanctionnée par les nombreux prix décernés par l’Académie française.
Mais nous ne cherchons pas ici à élever un monument à leur gloire: leurs noms bien connus n’ont besoin d’aucune publicité. Notre but est de concourir à répandre dans la jeunesse française le goût des voyages et de l’expansion coloniale. Par l’attrait de ces lectures, nos jeunes compatriotes auront leur attention mieux éveillée que par les exposés techniques; ils ressentiront plus d’intérêt pour la vie active, où les journées se succèdent, tantôt heureuses et gaies, tantôt épuisantes et dangereuses, jamais banales.
Un recueil comme celui-ci ne saurait s’astreindre à une classification quelconque, ni selon l’importance des trajets effectués, ni par le groupement en régions, ni d’après la succession des dates. Certains explorateurs ont accompli des découvertes de la plus haute importance; mais ils se sont contentés de les raconter sous la forme lapidaire de rapports officiels, tandis que de simples voyageurs ont exprimé avec un charme saisissant et une divination étonnante les paysages et les peuples de leurs itinéraires plus modestes.
Telle région immense n’a fourni que des catalogues scientifiques ou économiques, alors qu’un coin des Balkans, ou quelques îlots de la mer Égée ont inspiré les plus brillantes pages de fins connaisseurs en beautés artistiques et en mentalités étranges de contemporains mal connus.
Enfin, telle année a vu les vitrines des libraires se couvrir deux et trois fois plus que l’année précédente.
Qu’importe l’ordre dans lequel on enferme les joyaux dans l’écrin, si l’on y peut mettre les plus beaux!
Mais, dans la réalisation matérielle de pareils choix, une difficulté se pose. On ne peut citer des ouvrages sans l’autorisation préalable de l’auteur et de l’éditeur. Nous avons trouvé une complète unanimité dans l’aimable empressement des auteurs à nous satisfaire. La plupart des éditeurs ont rivalisé de bienveillance avec eux. Et c’est un devoir extrêmement agréable pour nous d’exprimer aux uns et aux autres notre profonde gratitude.
Si généreux qu’il soit, un éditeur limite toujours l’étendue des citations qu’il accorde. De là, un gros embarras pour faire tenir les paysages ou les scènes dans les dimensions du cadre accordé. Il en résulte parfois qu’il faut renoncer à un épisode émouvant ou à un panorama éblouissant, faute de le pouvoir ajuster en son entier. Dans ces conditions, il ne peut être question de classification, ni de préséance. Les citations se succéderont donc au hasard, comme les croquis sur les pages d’un album.
L’abondance et la richesse des matières n’en souffrira cependant pas sensiblement. Mais, pour que la multiplicité de ces citations éparses soit toujours compréhensible, sans de fastidieuses recherches ou des efforts de mémoire, nous avons fait précéder chacune de ces citations de courtes notices qui rappellent ce qu’est l’auteur et où il en était au moment où nous lui cédons la parole.
Nous n’achèverons pas ces explications sans affirmer que ce livre contient de réels chefs-d’œuvre; nous en avons le droit, puisque notre modeste rôle de transcripteur n’y est pour rien. De savoir ce volume entre les mains de nos jeunes compatriotes est une joie et une récompense bien plus grandes que ne méritait la tâche à laquelle nous nous sommes consacrés avec tant de plaisir.