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Table des matières

M. Cabat est le premier qui ait eu à prendre la parole en vertu de la résolution de l’Académie. Il devait retracer la vie de Brascassat. Le peintre d’animaux doit au paysagiste un éloge discret dans lequel le point culminant de la vie de Brascassat, le Salon de 1837, a été marqué avec beaucoup de netteté. En ce temps-là, Granet tenait une grande place dans l’école. Son âge et sa renommée lui assuraient le premier rang dans le jury du Salon. A la veille d’une exposition, on apporta une toile de Brascassat, soumise à l’admission du jury. M. Cabat raconte que Granet, qui était assis lorsqu’ on posa le tableau sur le chevalet, se leva subitement, et ôtant son chapeau: «Messieurs, s’écria-t-il en s’ad ressant à ses collègues, devant de telles peintures, il faut se découvrir!»

Labrouste écrit sur Hittorff, Pils, sur Picot dont il fut l’élève. Quoi de plus touchant que ce portrait du maître par son disciple: «A l’exemple de beaucoup d’artistes et de poètes, M. Picot vécut seul; leur idéal dans Fart en récèle un autre, qui est Famé de leur talent; ils vivent ainsi longtemps dans un demi-rêve, et lorsqu’ils s’éveillent, il est souvent trop tard pour prendre part à la vie réelle. Nul cœur pourtant ne fut plus affectueux que le sien. Comme chez certains apôtres privés des joies intimes de la famille, la bonté de son âme s’épanchait sur tous. Les hommes dans cette situation semblent prédestinés à l’enseignement, pour lequel ils montrent souvent une aptitude particulière. Sous une forme ou sous une autre, ils manifestent le besoin d’aimer et de se rendre utiles aux générations futures.»

On voudra lire dans l’Éloge de Caristie par Baltard l’histoire du monument de Quiberon, dont les sculptures sont de Roman et de Petitot. Les luttes prolongées de Caristie, au sein du Conseil des bâtiments civils, à l’occasion de l’église de Sainte-Clotilde méritent d’être connues. Baltard a fort bien raconté ces débats oubliés de nos jours, mais qui eurent à leur date les proportions d’un événement. Signalons toutefois une erreur commise par Baltard: le statuaire David n’a pas été, comme il le suppose, le collaborateur de Caristie dans le monument de Peyrestortes, près de Perpignan.

Les peintures religieuses d’Auguste Hesse à l’église de Notre-Dame-de-Lorette, et son tableau d’histoire: Mirabeau à l’Assemblée nationale n’ont été nulle part mieux appréciés que sous la plume de M. Lenepveu, son successeur à l’Académie.

L’étrange et forte silhouette de Berlioz traverse les pages rapides que lui consacre Félicien David. L’amitié de Paganini pour l’auteur de la Symphonie fantastique, la fameuse lettre du violoniste débutant par ces mots: «Beethoven mort, il n’y avait que Berlioz qui pût le faire revivre,» les feuilletons du maître au Journal des Débats, tout a été condensé par une main savante dans les quelques feuillets où le compositeur du Désert rend hommage au poète et au musicien des Troyens.

Des voix nombreuses se sont élevées sur la tombe de Duban, mais ceux qui voudront apprécier le génie de Duban dans sa suprême élégance devront prêter l’oreille aux paroles de M. Questel. Fidèle disciple de l’architecte de l’École des Beaux-Arts et du château de Dampierre, M. Questel a suivi son maître avec une sollicitude filiale dans les phases les plus délicates de sa vie. Le biographe a montré ce que le surnom de «romantique» avait de déraisonnable, appliqué à Duban, chez qui le culte de l’antiquité demeura toujours si profond. La souplesse et la fécondité de l’esprit du maître apparaissent dans tout leur jour lorsque M. Questel suit Duban au château de Blois, où il se montre le continuateur heureux de la Renaissance, à la galerie d’Apollon, que l’on dirait achevée d’hier par les architectes de Louis XIV, dans la salle des Sept cheminées, modèle exquis de l’art contemporain.

C’est volontairement que nous avons négligé de nommer Vaudoyer, dans les pages qui précèdent, parmi les artistes écrivains. Nous savions que M. Ballu, son successeur à l’Académie, n’oublierait pas de signaler le franc succès des Études d’architecture en France. et plus tard, de l’Histoire de l’Architecture française, deux livres de Vaudoyer, non moins connus que sa grande œuvre, la cathédrale de Marseille. La vie de Vaudoyer, le condisciple et l’ami de Duc et de Duban, esquissée par M. Ballu, se résume admirablement dans cette belle parole, dernier trait de l’historien: «Non, le travail n’est pas la punition de l’homme, il en est la force et la récompense.»

«Je sais qui aura le prix», disait Carafa, lorsqu’il conduisait en loges les concurrents au grand prix de composition musicale. Et, après avoir surexcité ainsi la curiosité des élèves, il ajoutait: «Le prix sera donné à celui qui fera le plus de mélodie.» Pour lui, en effet, la musique était là. — C’est François Bazin qui raconte cette anecdote sur son ami Carafa dont il fut quelque peu l’élève. L’Éloge de l’auteur de Masaniello par Bazin est à lire.

Cherchez-vous une médaille de Baltard? M. Charles Garnier l’a frappée. Elle est en relief à la première page de sa notice: «M. Baltard, dit-il, était écrivain distingué, orateur abondant, dessinateur habile, administrateur judicieux et ingénieux constructeur. Il avait la netteté du jugement, la promptitude de la décision, la connaissance des hommes, la loyauté du soldat et la courtoisie du grand seigneur. Il était à son heure peintre, graveur, ingénieur et littérateur en même temps qu’architecte; il avait l’expérience des anciens et la vaillance des jeunes; enfin il possédait à un haut degré, non seulement les dons brillants qui font l’artiste, mais encore les dons solides qui font les hommes supérieurs.» M. Garnier ne s’en tient pas, naturellement, à ce portrait. L’homme de science se révèle chez l’historien lorsqu’il parle de l’église de Saint-Augustin et des Halles centrales, deux édifices dans lesquels le génie inventif et hardi de Baltard s’est manifesté avec éclat. Au surplus, nous n’étions pas en peine de la façon dont serait composé l’Eloge de Baltard, dès lors que le soin de l’écrire était échu a l’auteur du livre attrayant et fin: A travers les Arts.

Que parlé-je d’esprit? M. Paul Baudry, ce me semble, a prodigué dans sa notice sur Schnetz, les qualités les plus rares de l’écrivain. Schnetz, qui lui-même a écrit une Vie de Caravage, l’un de ses modèles préférés, avait été l’objet de la part de Beulé d’un de ces portraits gravés avec le burin toujours net et brillant qui distingue l’ancien secrétaire de l’Académie. M. Baudry ne s’est pas ému du péril que pouvait créer à son détriment l’existence du travail de Beulé. Il avait connu Schnetz en 1852 à la villa Médicis, lorsque le prix de Rome l’y avait envoyé auprès de ses amis MM. Lenepveu, Garnier et Perraud. C’est Schnetz que M. Baudry met en scène, c’est lui qu’il fait parler sans cesse, et personne ne voudra s’en plaindre. Que si l’on veut, cependant, contrôler le mérite personnel de M. Baudry dans cette notice où il s’est effacé trop volontiers, il suffit de le suivre sur les pas de Schnetz, dans les repaires sauvages des Abruzzes, à l’heure del tocco, lorsque son maître et lui faisaient fête au cours d’un repas frugal «à ces fiaschetti de verre léger vêtu de jonc, qu’une robuste fille bronzée, aussi belle parfois qu’une Victoire grecque, versait, après avoir rejeté loin d’elle, comme une libation aux anciens maîtres du lieu, les premières gouttes du vin doré, luté d’huile et de feuillage». Lamartine n’a pas mieux raconté les rites familiers de l’Arabe.

Attachante et neuve dans toutes ses parties, tel est le jugement qu’il convient de porter sur la notice d’Auber par Victor Massé. L’étude est étendue sans être longue, et l’auteur y fait preuve de savoir et de goût. Les aperçus les plus divers se succèdent sous la plume de l’artiste écrivain qui, tour à tour, passe de Cherubini à Meyerbeer, de Rossini à M. Perrin, sans oublier de laisser échapper une inoffensive épigramme à l’adresse d’un ancien ministre des Beaux-Arts, membre de l’Académie française.

L’Éloge de Couder par M. Hébert est un acte désintéressé. C’est aux écrits du peintre disparu que son successeur se plaît à faire des emprunts, convaincu d’avance que les toiles de Couder sont connues de tous et qu’il importe de faire apprécier en lui l’homme de lettres et le philosophe. M. Hébert a eu la bonne fortune de pouvoir citer plusieurs pages inédites de l’artiste qu’il avait à tâche d’honorer.

M. Abadie a composé l’Éloge de Gilbert, l’architecte de l’asile de Charenton et de la prison de la Force. Ces deux édifices sont l’œuvre d’un homme de bien non moins que d’un maître savant. Gilbert s’était longuement pénétré de la situation douloureuse où se trouveraient les futurs hôtes des monuments qu’il élevait. Aussi, la préoccupation constante d’adoucir le sort de ces malheureux est-elle visible pour quiconque étudie ces refuges de la folie ou du remords. C’est ce que M. Abadie a fait ressortir avec talent.

La première notice de sculpteur, dans l’ordre des dates, est celle de Barye, par M. Jules Thomas. Cet Éloge doit rester. M. Thomas, en effet, a parfaitement établi le haut mérite du sculpteur animalier qui s’est formé seul, attendu que personne chez nous ne l’avait précédé dans sa voie. Les rares qualités du Tigre dévorant un crocodile, du Lion terrassant un serpent, et principalement du Lion au repos, sont énergiquement reconnues par un homme du métier. Barye étudié dans ses pages décoratives, Barye surpris à son foyer, achèvent de rendre précieuse pour l’histoire du maître la brochure de M. Thomas.

La Bibliothèque Sainte-Geneviève, la Bibliothèque Nationale sont deux œuvres impérissables qui assurent le renom de leur auteur, Henri Labrouste. M. Bailly, son successeur à l’Institut, a décrit avec un soin patient ces deux monuments. Il a revendiqué pour Henri Labrouste l’honneur d’avoir, le premier, associé le fer à la pierre dans une importante construction. Baltard ne devait suivre l’exemple de Labrouste que dix ans après l’essai si hardiment tenté à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. On voudra lire dans la notice signée par M. Bailly la description du char triomphal que Labrouste exécuta lors du retour des cendres de Napoléon Ier.

Pils s’était fait le biographe de Picot. Dix ans après, M. Bouguereau raconte la vie d’Isidore Pils devant l’Académie des Beaux-Arts. C’est à M. Bouguereau que nous devons de savoir que les Tireurs d’arc, les Prisonniers athéniens récitant des vers d’Euripide devant Denys le Tyran, et d’autres œuvres de Pils, exécutées en Italie, se trouvent appréciées «avec une grande sagacité par Picot, dans une correspondance pleine d’intérêt qui témoigne de l’estime et de l’amitié que le maître portait à son élève». M. Bouguereau oublie de nous apprendre en quelles mains se trouve cette correspondance. Mais, ce qu’il n’oublie pas, c’est de rappeler en termes fort justes le grand succès du Rouget de Lisle disant la Marseillaise, du Débarquement des troupes françaises en Crimée et de la Bataille de l’Aima. Le citoyen, chez Pils, qui combattit l’insurrection de 1848 les armes à la main, et supporta vaillamment les fatigues du siège de 1870, revit avec beaucoup de charme dans les paroles émues de M. Bouguereau.

«Musicien d’élite, rêveur inspiré, il a traversé la vie comme le pèlerin, comme le poète, aimant à contempler les étoiles, et cueillant des roses à tous les buissons du chemin.» C’est M. Reyer qui parle ainsi de Félicien David, après avoir savamment analysé le Désert, la Perle du Brésil, Herculanum et Lalla-Roukh. La notice sur Félicien David est essentiellement une œuvre de critique.

M. Paul Dubois, entré à l’Institut comme Félicien David, sans avoir traversé la villa Medicis, qui est en quelque sorte le portique naturel du palais Mazarin, a raconté la vie et les œuvres de Perraud. Le Faune, le Désespoir, les Adieux, trois chefs-d’œuvre de ce vrai grand homme et de cet artiste si respectueux de l’antiquité, sont jugés par M. Paul Dubois dans des pages qui ont le don français d’être simples. Ceux d’entre nous qui se sont faits les sévères critiques de Galatée et du groupe colossal le Jour, feront bien de lire M. Dubois avant de condamner sans appel les deux derniers ouvrages de Perraud.

Élève de Forster, Martinet, le graveur des portraits de Rembrandt et de Pérugin, a pour successeur à l’Institut M. Bertinot. Le talent recueilli de Martinet n’exigeait pas de pompeux éloges; aussi est-ce un léger «crayon» que M. Bertinot a tracé d’après son ami, sans omettre, toutefois, de rappeler les toiles de Delaroche, d’Horace Vernet, Heim, Ingres, Ary Scheffer, rendues populaires par le burin persévérant de Martinet.

L’Éloge de François Bazin par M. Massenet ne remplit guère qu’une page, mais il y est parlé de la patrie. C’est l’hymne Gloire à la France! qui retient le biographe dans son bref récit sur le théoricien, le professeur, le compositeur et le... moraliste auquel l’orphéon doit sa fortune. François Bazin a attaché son nom à la musique populaire, et c’est la musique populaire, ce sont les foules chantantes qui lui ont procuré ses dernières joies. N’oublions pas que Bazin a tenu la plume. L’auteur de la partition de Maître Pathelin a composé un Traité d’harmonie, un Traité de contre-point, et — M. Massenet nous l’apprend — le temps lui a manqué pour achever un Traité de fugue.

Le nom de Duc est inséparable de ceux de Vaudoyer, Labrouste et Duban. Duc ne leur a survécu que peu d’années. M. Vaudremer a parlé de lui. La Colonne de Juillet, le Palais de Justice, le prix biennal qui porte son nom résument l’existence de Duc, artiste brillant et sévère, tout entier à l’art qu’il pratiquait en maître, et dont le testament, digne d’un ancien, n’a qu’un mot fidèlement relevé par M. Vaudremer: «A tous les âges, l’architecture a été la grande écriture de l’histoire».

Le sculpteur Lemaire jugé par M. Chapu! Ne semble-t-il pas que plusieurs générations séparent ces deux hommes? N’importe. L’auteur de la Jeunesse a très bien marqué le mérite du Fronton de la Madeleine, de la statue équestre de Henri IV à l’ancien Hôtel de Ville, de la Psyché au papillon ou du Prince de Condé, remarquables par la composition ou le modelé.

«Il semblait, a dit M. Saint-Saëns, en parlant de Reber, qu’oublié par le XVIIIe siècle dans le XIXe, il s’y promenât en flânant, comme aurait pu le faire un contemporain de Mozart, étonné et quelque peu choqué de notre musique et de nos mœurs.» L’image ne laisse pas d’être ressemblante. Mais ce n’est pas seulement la physionomie extérieure de Reber, son être visible qui occupe M. Saint-Saëns. Il va plus loin dans son étude et fait bien ressortir le talent du compositeur qui eut avant tout, à un degré supérieur, la sincérité. Ce mot résume la vie d’artiste de Reber. Nous estimons qu’il est encore plus à sa louange que tous les éloges si justement décernés depuis vingt ans à son maître-livre, le Traite d’harmonie, «véritable chef-d’œuvre, dit M. Saint-Saëns, qui suffirait à la gloire de son auteur».

M. Ginain ne s’est pas borné à raconter la vie de Lefuel; il a demandé et obtenu que le souvenir de l’architecte, qui eut une part si grande dans l’achèvement du Louvre, fût perpétué par la dénomination de «cour Lefuel» donnée à la cour du Manège. Les écrivains d’art qui un jour parleront du Louvre liront utilement cette notice de M. Ginain, bien que le secrétaire perpétuel de l’Académie ait consacré à Lefuel l’Éloge solennellement prononcé en séance publique le 21 octobre 1882.

Enfin, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la plus récente notice porte la signature de M. Bonnat et a pour sujet Léon Cogniet. Nous avons tous vu le portrait de Cogniet, peint par son disciple, exposé au Salon de 1881. Les souvenirs personnels de M. Bonnat sur son maître n’ont pas moins de saveur que sa toile. La plume du peintre est rompue aux nuances comme son pinceau, et sans exagération, sans effort, M. Bonnat a su raconter à demi voix la carrière de Cogniet, qui n’a pas sa place parmi les chefs d’école, mais dont l’œuvre fait honneur à l’école. Remercions M. Bonnat d’avoir songé à ouvrir les manuscrits de Cogniet.

«Étudiez les maîtres, écrivait un jour l’auteur du Tintoret au lit de mort de sa fille, étudiez les maîtres, n’en copiez aucun: ne vous inspirez que de la nature.» Le peintre, contemporain de Zeuxis et de Parrhasius, qui décida de la vocation de Lysippe, n’avait rien dit de plus.

Au nombre des notices dont nous venons de parler nous aurions pu comprendre celles de M. Émile Perrin sur Alphonse de Cailleux, de M. Albert Lenoir sur le comte de Rambuteau, de M. Delaborde sur le comte Duchatel. M. Lenoir est architecte. MM. Delaborde et Emile Perrin ont tenu le pinceau. Ils peuvent donc être rangés parmi les artistes écrivains.

M. Delaborde est le premier des secrétaires perpétuels qui ait prononcé l’Éloge de son prédécesseur. Ni Quatremère, ni Raoul Rochette, ni Fromental Halévy ne se sont inquiétés du dignitaire auquel ils succédaient. A son tour, Beulé s’est cru dispensé d’honorer la mémoire d’Halévy, et nous avons perdu à cette indifférence de Beulé le portrait d’un musicien de rare talent, dont la plume ne fut pas oisive. On a lu les Eloges de Simart, David d’Angers, Berton, Adolphe Adam, Blouet, Paul Delaroche, composés par Halévy. Ceux d’Auber, Delacroix, Perraud, Labrouste, Duc, Taylor, Léon Cogniet, Lefuel, signés par M. Delaborde, sont de date trop récente pour qu’il soit utile de les rappeler autrement que par leur titre. D’ailleurs, les séances annuelles de l’Académie des Beaux-Arts sont des fêtes de l’esprit, toujours relevées par la présence de nombreux auditoires.

On trouvera plus d’une étude curieuse à la suite des Éloges de Fromental Halévy dans ses deux volumes de Souvenirs et Portraits.

Nous pourrions prolonger encore notre analyse des livres ou discours d’artistes. Les Réflexions sur l’art de M. Robert-Fleury tiennent en quelques pages, mais elles sont pleines de leçons. Telle allocution de M. Jules Thomas, prononcée le 30 octobre 1880, renferme un avertissement mérité par les pensionnaires de l’Académie de Rome. Tel plaidoyer de M. Gounod en faveur de cette même Académie est un acte de bon sens et de patriotisme; et puisque le nom de l’auteur de Faust se trouve sous ma plume, ne puis-je me souvenir du discours récent qu’il a prononcé en l’honneur de Don Juan?

«O divin Mozart! s’écriait-il, as-tu donc reposé sur le sein de la Beauté infinie, comme autrefois le disciple bien-aimé sur la poitrine du Sauveur, pour y puiser à torrent cette grâce incomparable qui marque les grands privilégiés?» Et encore: «Le ciel prodigue t’avait tout donné, la grâce et la force, l’abondance et la sobriété, la spontanéité lumineuse et la tendresse ardente, dans cet équilibre parfait qui constitue l’irrésistible puissance du charme, et qui a fait de toi le musicien par excellence, plus que le premier, le seul... Mozart!»

De pareils enthousiasmes honorent qui les ressent.

La chaire d’esthétique et d’histoire de l’art au Collège de France est actuellement confiée à M. Eugène Guillaume, un sculpteur.

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