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S’il en est ainsi, comment se fait-il que ces documents de valeur, imprimés hier, soient presque introuvables? Pourquoi l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres compte-t-elle, de T701 à ce jour, soixante volumes de Mémoires, et l’Académie des Sciences, près de deux cents volumes? A la vérité, le premier volume des mémoires de l’Académie des Sciences remonte à l’année 1666. Mais nous cherchons en vain, sur les rayons de nos grandes bibliothèques, les Mémoires officiels de l’Académie royale de Peinture, fondée en 1648,. ainsi que les Mémoires de l’Académie des Beaux-Arts.

Je le sais, un groupe d’hommes intelligents — et l’un d’eux siège à l’Institut — a publié les Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie de Peinture et de Sculpture; a Société de l’Histoire de l’Art poursuit actuellement la publication des Procès-Verbaux de cette Académie. Sous le patronage de la même Société, M. Charles Henry a mis au jour les Mémoires inédits de Charles-Nicolas Cochin sur le comte de Caylus, Bouchardon et les Slodtz Nous-même, aujourd’ hui, nous offrons au public les Conférences de l’Académie de Peinture.

Mais rien n’est fait encore pour mettre entre les mains du public lettré les travaux de l’Académie des Beaux-Arts. Où chercher, par exemple, les Eloges de Joachim Le Breton, de Raoul Rochette et de Beulé ? Où, les rapports instructifs et toujours précis auxquels donnent lieu chaque année les Envois de Rome? Où, les notices dont nous parlions tout à l’heure et qui nous ont été obligeamment communiquées par un membre de l’Institut? Où trouver les discours intimes prononcés aux obsèques d’un confrère illustre; les études originales que le délégué des Beaux-Arts lit chaque année à la séance publique des cinq Académies; les procès-verbaux des séances hebdomadaires de 1795 à 1840, c’est-à-dire pendant telle période que l’on voudra délimiter et pour laquelle l’histoire a commencé ?

Au début de ce siècle, l’art n’était pas comme aujourd’ hui l’objet des recherches et de la critique de nombreux écrivains. A l’heure actuelle, les esprits les plus calmes et les plus élevés demandent à l’art les joies que procure dans le silence une étude réfléchie.

De toutes parts, des hommes distingués s’appliquent à suivre l’art dans ses manifestations brillantes, à travers ses grandes époques ou ses révolutions, ses décadences ou ses réveils.

Non moins vivant que le monde des conquérants ou des grands politiques, le monde des arts attire et passionne.

A cela, rien de surprenant.

Notre école française, de François Clouet à Delacroix, de Puget et Nicolas Poussin à Ingres et à Barye vaut un peuple.

Mais les peuples heureux n’ont pas d’histoire, a-t-on dit!

Qu’à cela ne tienne; toutes les écoles auront leurs historiens, et certes, l’école française ne doit pas faire exception, car le nombre est restreint de ses artistes qui n’ont pas connu la pauvreté, la lutte pour le pain quotidien, alors que leur esprit enthousiaste restait fidèle au culte de l’idéal.

Combien dans l’école mériteraient, avant leur premier succès, d’être appelés grands hommes, si les seules énergies pouvaient être pesées!

C’est dans le but d’aider à l’histoire générale de l’art français, — œuvre patriotique et de longue haleine, dont les plus vaillants d’entre nous ne laisseront qu’un fragment, — que nous souhaitons de voir les écrits de nos artistes, et spécialement ceux des membres de l’Académie des Beaux-Arts, mis à la portée de toutes les mains par une grande publicité.

Pline le Jeune a dit: De pictore, nisi artifex judicare non potest. «Il n’appartient qu’au peintre de juger le peintre.» Cette parole est sans doute excessive, mais nous dirons, sans crainte d’exagérer, que l’écrit d’un artiste sur son art ou sur ses contemporains est un témoignage toujours utile, parce qu’il est toujours original.

HENRY JOUIN.

10 mars 1883

Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture

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