Читать книгу Géographie médicale - Émile Laurent - Страница 70
I. — La côte d’azur.
ОглавлениеLa douceur du climat et l’uniformité de la température ont fait la réputation de la «côte d’azur».
Certes le soleil y brille avec un éclat incomparable dans un ciel presque toujours bleu. Pourtant il y a des ombres à ce tableau. D’abord il faut bien reconnaître que la malaria règne sur presque tout le littoral méditerranéen. Aussi, comme le fait justement remarquer J. Arnoult, l’influence physiologique ou thérapeutique du climat des localités méditerranéennes est d’un maniement délicat, entre les mains des médecins; c’est ce que l’on peut appeler une arme à deux tranchants. Il peut être bon, dans des cas particuliers, que l’individu vive dans une atmosphère où le thermomètre ne descend jamais à un degré absolument bas; mais, à côté de ce bénéfice, se trouve peut-être le danger d’une grande oscillation thermométrique rapide, quoi que sans sortir des limites du climat tempéré ou chaud. Fonssagrives qui a remarqué le même fait, déclare «qu’on ne saurait pallier cet inconvénient par une attention trop assidue à sortir aux heures les plus favorables et à compenser ces vicissitudes thermologiques par des modifications apportées dans le costume». Ajoutons à cela que le midi, et particulièrement tout le pays situé au sud de la Loire, est le royaume du vent. «Il faut avoir habité ces contrées, dit M. M. de Langenhagen, pour se faire une idée de la fréquence et de l’intensité de ces vents qui prennent des noms différents suivant les régions, mistral dans la vallée du Rhône et les pays voisins, vent d’autan dans la plaine de Toulouse, etc... Sur le littoral, il y a lutte entre deux vents principaux, le mistral qui balaie les nuages et donne une pureté particulière au ciel, et le vent d’est qui, au contraire, amène les nuages et la pluie.»
Le mistral, né dans la vallée du Rhône, un peu au-dessous de Lyon, parcourt le couloir étroit compris entre les Cévennes et les Alpes du Dauphiné jusqu’à Avignon où il se divise en trois courants secondaires: l’un qui se précipite sur Marseille et la Méditerranée, l’autre qui court sur Nîmes et Montpellier, et le troisième qui vient balayer les vallées et les gorges des Alpes du Dauphiné jusqu’à Toulon. L’Estérel et les Alpes-Maritimes forment une barrière puissante contre le mistral qui ne depasse guère Toulon, souffle rarement jusqu’à Cannes et à Nice et tout à fait exceptionnellement jusquà Menton et Monaco qui sont, en somme, les stations les mieux abritées.
Sec, fort, régulier, portant sur ses ailes une poussière ténue, le mistral coïncide toujours avec un ciel pur, un soleil radieux et chaud, une coloration bleu foncé de la mer, une transparence excessive de l’atmosphère. J’ai dit que si le mistral souffle souvent en ouragan, culbutant tout sur son passage, c’est aussi un vent sain qui purifie l’atmosphère et balaie les miasmes.
Le vent d’est souffle aussi par rafales sur le littoral méditerranéen. Venu du golfe de Gênes, la ville aux palais de marbre, il se charge d’humidité sur la large nappe d’eau marine qu’il traverse et il apporte ordinairement les nuages et quelquefois la pluie.
«Outre ces vents dominants, dit encore M. M. de Langenhagen, il faut tenir compte aussi des brises de mer et de terre, courants aériens qui, comme dans tous les pays maritimes, s’échangent entre la terre et la mer. Ils sont tout à fait indépendants des vents, et se superposent à eux à certaines heures régulières de la journée. Le matin, vers onze heures et demie, il s’élève une brise de la mer vers la terre; elle souffle jusque vers deux heures, puis s’atténue et disparaît. De même, après le coucher du soleil, apparaît un courant en sens inverse, de la terre vers la mer. Il faut bien connaître toutes ces particularités, de manière à régler en consèquence les sorties des malades».