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II. — Pyrénées Orientales.
ОглавлениеLe département des Pyrénées-Orientales, un des plus petits et des moins peuplés de la France, s’élève à 2,921 mètres au Puy-de-Carlitte qui porte des neiges pérennes et descend jusqu’aux plaines tièdes où croit le frileux olivier. Par son climat, ses productions, son sonore langage catalan, il est presque espagnol.
Presque au centre de l’ancien Roussillon, sous un ciel d’un bleu ardent que tempère l’ombre de magni- fiques platanes, est la morne Perpignan qu’entourent des haies de grenadiers, d’agaves et de cactus. La moyenne annuelle de la température y est de + 15°,5. Là, comme dans toute la plaine du Roussillon, souffle souvent le Tramontane qui vient de Narbonne, vent impétueux, incisif et froid, qui, disait déjà Strabon, «se déchaîne violent et redoutable, renversant les hommes et leurs chars, et les dépouillant de leurs armes et de leurs vêlements». Il est fils, en somme, du mistral de Provence. Vers le milieu du jour, souffle fréquemment aussi le Mitgzorn, le vent du midi, chaud et plus ou moins sec, mais toujours pénible et dangereux en été. Celui-là est le frère du Siroco, venu des plaines sablonneuses d’Afrique par-dessus la Méditerranée.
Le Vallespir, l’âpre vallée du Tech, aux paysages gracieux ou sauvages, laisse jaillir les eaux sulfurées sodiques de la Preste qu’on vante contre les affections des muqueuses et particulièrement des muqueuses urinaires. Sédatives et diurétiques, elles sont bues par ceux que tourmentent leur vessie ou leur prostate, par les femmes que supplicie l’utérus. Dans un air pur et tonique la Preste s’élève à 1,200 mètres. On pourrait en faire partant une station d’altitude.
Sur un affluent du Tech, dans une vallée entourée de hautes montagnes que couronne au nord-ouest le Canigou dont la masse arrête les vents, Amélie-les-Bains a un climat doux, dont la moyenne d’hiver est de 7° à 8°. Des eaux sulfurées sodiques chaudes qu’on recommande spécialement contre les affections des organes respiratoires, remplissent son antique «lavacrum» où, de l’antiquité à nos jours, ont dû se laver et se régénérer bien des peaux sales, maculées par la syphilis, les dermatoses ou les écrouelles.
Un peu au sud de Port-Vendres, l’antique «Port de Vénus», s’étale, sur une plage charmante, sous un climat délicieux, la bourgade de Banyuls-sur-Mer où l’on laisse vieillir le capiteux «rancio». Les vents marins qui soufflent de l’est y sont moins froids et moins secs que dans les plaines fauves et ardentes du Roussillon; ceux du nord et du nord-ouest moins violents, et ceux du sud moins brûlants. La température moyenne annuelle y est de 15°,4. Le thermomètre y descend rarement au-dessous de zéro, et les plus fortes chaleurs à l’ombre ne dépassent pas 35°. Aussi les cactus, les aloès, les térébinthes, les arbousiers, les lauriers-roses, les myrtes, les grenadiers, et même les palmiers croissent librement sur ces rivages qu’un heureux soleil baise. En effet, s’il se voile de brume 24 à 25 jours par an, son disque luit encore assez pour percer les nuages de ses rayons. Pourtant le mistral s’y fait sentir assez fréquemment; s’il balaie les nuages et rassérène l’atmosphère, son haleine enflammée n’en est pas moins désagréable.
Dans cette même vallée, sur la rive gauche du Tech, tout près de la frontière espagnole, Le Boulou a des eaux bicarbonatées sodiques froides qui pourraient remplacer celles de Vichy dans certains cas.
La vallée de la Têt que garde, à 1,600 mètres d’altitude, la forteresse de Montlouis, sans cesse balayée par le «carcanet», le vent des carcaniers, laisse suinter de tous côtés des eaux minérales, principalement des sources sulfureuses riches en silice. D’abord les sources de Las Escaldas qui jaillissent dans un vallon du massif de Carlitte qui domine toute la Cerdagne française. Elles sont encore peu visitées par les malades. On pourrait pourtant les utiliser avec avantage dans les affections des voies urinaires et contre le rhumatisme. Par contre, les eaux sulfurées sodiques chaudes de Molitg attirent les rhumatisants et les surexcités. La station est située au bord du ruisseau La Castellane, au fond d’une gorge étroite que de hautes montagnes environnent. Le climat y est doux même en hiver.
La station d’Olette, située dans une vallée étroite, entre la Têt et la montagne, n’est guère plus visitée des valétudinaires, malgré l’efficacité de ses eaux sulfurées sodiques chaudes qui pourraient pourtant trouver de nombreuses indications: rhumatismes, dermatoses, affections catarrhales des voies respiratoires, digestives et urinaires.
Dans une vallée couverte de prairies et plantée de châtaigniers et qui domine au sud-est la passe du Canigou, le Vernet, dont les journées d’hiver sont claires, et tièdes, rarement pluvieuses, verse par une dizaine de sources des eaux sulfurées sodiques chaudes qu’on recommande surtout contre les affections catarrhales chroniques des voies respiratoires et principalement dans la phtisie pulmonaire.