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V. — Basses-Pyrénées.
ОглавлениеAvec ses 35 kilomètres de côtes pitttoresques, ses montagnes qui s’étagent en amphithéâtres, ses glaciers, ses forêts, ses coteaux couverts de vignes, ses plaines fertiles, ses landes, ses populations qui parlent français, béarnais et basque, ses plages, ses établissements thermaux, ses stations hivernales, son doux climat, ses pêcheries, ses gaves mugissants, le département des Basses-Pyrénées est un des plus pittoresques et des plus curieux de la France. On le classe généralement dans le climat girondin; il n’a ni grandes chaleurs, ni hivers rigoureux. La moyenne thermométrique de la plaine est d’environ 13° :
Sa capitale, Pau, est un des paradis de l’Europe. «L’ancienne capitale du Béarn, dit E. Reclus, n’est pas bâtie dans la plaine du Gave; elle s’élève au-dessus du torrent, sur le bord d’une terrasse d’où l’on contemple ce magnifique horizon des Pyrénées, qui n’a pas moins contribué que le climat à faire de Pau un lieu de rendez-vous et de séjour pour les valétudinaires et les étrangers. Pau est en effet, comme Nice, Pise et Alger, une de ces villes de guérison où les malades accourent de l’Angleterre, du fond de la Russie et même de l’Amérique. Le climat de Pau est surtout remarquable par ses qualités sédatives; les vents y soufflent rarement avec violence; les excès de froid et de chaud, de sécheresse et d’humidité surabondante ne s’y font guère sentir; nulle ville ne peut être mieux choisie pour servir de lieu d’attente aux étrangers qui doivent se rendre aux eaux thermales des Pyrénées». Pau est, en effet, à l’abri du vent du nord, grâce aux collines qui s’étagent derrière elle. Le vent du sud est également détourné par la grande chaîne des Pyrénées qui forment au devant d’elle une sorte d’écran. La température moyenne de l’hiver est de 7°, celle du printemps de 15°, celle de l’été de 22° et celle de l’automne de 14°.
Dans la haute région montagneuse du département, dans la vallée d’Ossau, à plus de quarante kilomètres au sud de Tarbes. le village des Eaux-Bonnes, perché sur une terrasse, adossé à une paroi de rochers, bien protégé contre les vents, a une température chaude et assez constante en été, mais qui fraîchit toujours d’une feçon assez prononcée à l’aurore et au crépuscule. Ses eaux sulfurées sodiques trouvent leur indication dans les affections catarrhales ou granuleuses des voies respiratoires, et contre la phtisie peu avancée. Dans le prolongement de cette même vallée qu’encaissent et étranglent des montagnes vêtues de sapins et de hêtres, le village des Eaux-Chaudes a un climat de montagne plus rude, sujet à des variations étendues, avec des brises qui raffraîchissent et renouvellent l’air. Ses eaux sulfurées sodiques chaudes, sédatives, sont bien supportées par les éréthiques, les femmes stériles ou que les affections utérines affolent.
A l’entrée de l’étroite vallée d’Aspe qui s’enfonce du nord au sud dans le massif pyrénéen, Saint-Christau qui n’est plus qu’à 300 mètres d’altitude, a cinq sources qui versent une eau oligo-métallique froide contenant des traces de cuivre et dont l’efficacité contre les affections cutanées est incontestable.
Revenons maintenant du côté de Bayonne. Voici d’abord dans la vallée du Saleys avec sa ceinture de collines, Salies de Béarn, aux tièdes hivers, dont les eaux fortement chargées de chlorures et surtout de chlorure de sodium, sont particulièrement efficaces contre la scrofule et les affections profondes des os et des articulations. Puis, dans la vallée de la Nive, le joli village de Cambo où les automnes sont d’une douceur ravissante et dont les eaux hydrosulfurées calciques peuvent rendre des services contre le lymphatisme, la scrofule, la chloroanémie et les dermatoses.
Bayonne, grâce à sa situation à l’est de l’Atlantique dont elle reçoit les fraîcheurs et l’humidité en été et les influences chaudes dues au courant marin du Gulf-Stream en hiver, a un climat éminemment tempéré. L’hiver y est particulièrement doux et le thermomètre descend rarement au-dessous de zéro. La neige tombe rarement, vile fondue par les vents chauds du sud et de l’ouest, couronnant pendant quelques jours seulement les cîmes voisines. La moyenne de l’hiver y serait de 8°, 6, celle du printemps de 11°,7, celle de l’été de 19°, 7 et celle de l’automne de 14°. «Il est des jours, dit M. E. Trutat, où le thermomètre peut monter jusqu’à 30° ; mais l’humidité de l’air, la fraîcheur de la brise atténuent bien vite ce que ces chaleurs exceptionnelles pourraient avoir de désagréable pour l’organisme».
A quelques kilomètres de Bayonne, la station cosmopolite de Biarritz, plage de sable fin qu’apporte et emporte l’orageux Atlantique. Le climat de Biarritz est assez doux pour qu’on en fasse une station d’hiver, malgré ses vents violents du large. Car la mer y est «sujette aux lubies, dit O. Reclus, aux transports, aux colères; et la tiède Occitanie, près de la lumineuse Espagne, a des tempêtes inexorables comme celles qui font trembler la brumeuse Armorique».
Enfin, presque en Espagne, Saint-Jean-de-Luz, «conque où le phosphorescent Atlantique tonne», regarde la noble Fontarabie.