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LA FOURMI ET LA MORT.

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LA FOURMI.

Où fuirai-je? ô désastre! ah! tout tombe en poussière...

Quel gouffre ensevelit ma nation entière?

Eh quoi! la terre, hélas! ébranlant ses soutiens,

Engloutit nos travaux, nos familles, nos biens...

Ciel! protège la cime où je fuis la tempête;

O Mort! épargne-moi: cruelle Mort! arrête.

Je suis seule échappée aux abymes ouverts.....

Prétends-tu qu'avec moi finisse l'univers?

LA MORT.

Que dis-tu, faible insecte, et quelle est ta pensée?

Toute ta république à jamais renversée

Changera seulement ton étroit horizon:

L'ordre de l'univers en souffrira-t-il? Non.

LA FOURMI.

Ah! Dieu qui fit pour nous l'ombre, la clarté pure,

Les eaux, les fleurs, les fruits, et toute la nature,

Ne t'a pas commandé de nous exterminer.

LA MORT.

Le Dieu qui fit vos jours m'a dit de les borner.

Ce Dieu fit tout pour vous comme pour chaque race

Dont la foule innombrable arrive au monde, et passe.

LA FOURMI.

O triste Mort! fléau de la création!

LA MORT.

Moi! je la reproduis par la destruction.

Chaque individu meurt, l'espèce est éternelle:

Je dois les frapper tous, et ne puis rien sur elle.

Quand je viens les saisir, Dieu qui sait bien pourquoi

Ne voit pas que la mort ait rien de triste en soi.

LA FOURMI.

Ainsi donc, sans pitié tu m'ôteras la vie,

Comme à ce peuple, hélas! tu l'as déja ravie!

Eh! qu'avions-nous besoin d'établir nos maisons,

D'y nourrir nos enfants à l'abri des saisons,

Et de tant signaler notre active industrie,

Nos politiques lois, nos soins pour la patrie?

LA MORT.

Ces mœurs sont votre instinct jusqu'au temps du trépas;

Par elles vous viviez, ne les déplorez pas.

LA FOURMI.

Après l'ébranlement de tout notre hémisphère,

Des êtres tels que nous restent-ils sur la terre?

LA MORT.

La Panhypocrisiade, ou le spectacle infernal du seizième siècle

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