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IVe PERIODE (1515-1554)
ОглавлениеTABLEAU N° 1.
TABLEAU N° 2.
J’ai englobé dans cette quatrième période le long règne de François Ier et une partie de celui d’Henri II. Pendant les 40 années qui la composent, la valeur intrinsèque a diminué de 0 fr. 92, le pouvoir de l’argent a perdu 2.178 et le pouvoir d’achat de la livre 19 fr. 70.
Nous constatons pendant ces 40 années une augmentation générale du prix de toutes les denrées, mais un coup d’œil jeté sur les tableaux ci-dessus montre tout de suite que cette diminution de plus de 19 francs dans le pouvoir d’achat de la livre, provient pour la plus grande partie de l’augmentation du prix du froment et des denrées alimentaires. Le prix du double décalitre de froment s’est élevé de 15 à 24 centimes subissant ainsi une hausse de plus de 60 p. 100 . Quant aux denrées alimentaires leur prix a doublé.
Pour les bestiaux, la paire de boeufs se vend maintenant couramment 18 et 20 livres, les moutons 10 sous, les porcs d’un an 20 sous, ceux de deux ans 40 sous .
Le prix de la barrique de vin qui n’était que de 45 sous au début de la période, vers 1516, atteint 4 livres en 1550. La barrique de vin de Tóuraine se vend cent sous .
Chose à noter: les salaires des ouvriers nourris ne progressent pas et demeurent au même prix que du temps de Louis XII et même de Charles VIII, pendant que ceux des ouvriers non nourris augmentent dans une certaine proportion, mais non pas cependant proportionnellement à l’augmentation du prix du froment . Si je n’avais tenu compte que de la journée des ouvriers nourris, là valeur relative fournie par les salaires se serait élevée à 45 francs, tandis qu’elle est tombée à 38 francs en combinant la journée des ouvriers non nourris avec celle des ouvriers nourris. On voit combien cher était prisée la nourriture d’un ouvrier au XVIe siècle. Du reste, c’est bien simple: l’ouvrier non nourri était payé exactement le double de l’ouvrier nourri.
Le bois de chauffage était à bas prix au temps de François Ier. La réhortée, qui contenait alors un peu moins d’un stère, se vendait de 5 à 6 sous. Nous la verrons enchérir fortement par la suite .
Les loyers vont nous fournir désormais de nombreuses et précieuses indications. Le loyer annuel d’une maison bourgeoise dans un bon quartier de la ville, maison de notaire ou de procureur ayant une clientèle sérieuse, s’élevait en moyenne à 25 livres. L’avocat du roy, James de Lauzon, avait en 1548 un loyer de 27 livres dans la rue Notre-Dame-la-Petite. Les riches marchands, pour avoir une maison convenable et une boutique un peu vaste sur ou à proximité de la place Notre-Dame, qui était alors le centre du commence, payaient jusqu’à 35 livres .
Mais en dehors de ces indications qui permettent de fixer le pouvoir d’achat de la livre, on trouve dans le cours de ces différentes périodes des renseignements intéressants qui ne peuvent pas toujours se traduire par des chiffres, mais qui n’en sont pas moins des preuves, morales si l’on veut, de l’exactitude de mes calculs. Ainsi, en ce qui concerne cette quatrième période, dans un curieux livre de raison encore inédit, déposé aux archives du département de la Vienne, on voit, à la date du 13 août 1539, Jehan de Brillac, écuyer, conseiller au présidial et maire de Poitiers en cette même année 1539, préparer un budget annuel pour la dépense de sa maison et fixer cette dépense à 5 sols 6 deniers par jour, soit 0 fr. 275. Si nous appliquons à ces 27 centimes notre valeur relative de 38 francs, nous obtenons 10 fr. 45 pour la dépense quotidienne de la maison de Jehan de Brillac. Cette somme paraîtra peut-être un peu faible pour une maison comme devait être celle du maire de Poitiers; mais il faut considérer les produits que les nombreuses métairies de Jehan de Brillac lui fournissaient (qui ne sont pas compris dans ces 10 francs): les grains pour le pain des domestiques, le vin pour toute la maison, les volailles par centaines, la graisse et la viande de porc, des légumes, des fruits en abondance, etc., etc., et tenir compte que tout cela soulageait sérieusement son budget. Dans ces conditions, cette somme quotidienne de 10 fr. 45 paraîtra probablement suffisante et le pouvoir d’achat porté à 38 francs, exact. Il me serait facile de multiplier ces exemples.