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Ve PERIODE (1555-1575)

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Table des matières

TABLEAU N° 1.


TABLEAU N° 2.


Cette cinquième période ne comprend que 21 ans, près de moitié moins que la période précédente, et, dans ces 21 ans, la valeur intrinsèque a diminué de 0 fr. 981, le pouvoir de l’argent a perdu 1,876 et le pouvoir d’achat de la livre 15 francs, en chiffres ronds.

Le prix du double décalitre de froment est passé de 0 fr. 24 c. à 0 fr. 68 c. , Les bœufs, que nous avons vus à 18 et 20 livres la paire sous François Ier, valent communément 40 livres vers 1559, et 50 livres pendant tout le cours du règne de Charles IX; le prix des moutons atteint 15 et 20 sous . La réhortée de gros bois de chauffage se vend 8 et 10 sous au lieu de 5 sous.

Les loyers ont augmenté dans de moins grandes proportions; néanmoins il n’est plus question de loyers de 25 ou 30 livres, il faut, pour avoir une maison convenable, aborder les prix de 40 et 45 livres, et jusqu’à 50 livres même, pour une maison bien située et un peu vaste. Ce dernier prix est cependant encore l’exception .

Le prix du vin a suivi la progression générale. Les vins un peu réputés, comme ceux de la seigneurie de Bonnillet, dans la paroisse de Chasseneuil, se vendent facilement 8 et 9 livres la barrique: mais il faut ajouter que c’était là un prix au-dessus de la moyenne .

La caractéristique de cette cinquième période est donc une augmentation générale de tous les prix sans exception, générale et considérable, la plus forte que nous ayons jamais constatée en un aussi court espace de temps: le prix du froment a presque triplé, celui des bestiaux a augmenté de 120 %, celui du vin et du bois de chauffage a doublé. La raison en est qu’aux causes économiques qui déterminaient la hausse de tous les prix depuis le début du règne de François Ier, sont venues s’ajouter, à partir des dernières années du règne d’Henri II, des causes politiques, les guerres de religion, qui vont maintenant ensanglanter le Poitou pendant 40 ans.

Pour cette cinquième période encore, je trouve dans mes notes quelques faits qui confirment, dans un ordre d’idées général, les évaluations que nous venons de faire ci-dessus et fournissent des indications sur la valeur de l’argent à l’époque.

Le 14 juin 1559, un gentilhomme du Montmorillonnais, Pierre de Moussy, écuyer, seigneur de la Contour, venant habiter temporairement Poitires, se mettait en pension pour une année, lui, sa famille et ses domestiques, chez un autre gentilhomme Georges Baronnat, qui est qualifié de «secrétaire de la chambre du roy». La famille et le train de maison de Pierre de Moussy se composaient de «sa femme, sa fille, deux domestiques et deux chevaux». La pension comprenait le logement et la nourriture, pour les hommes et chevaux, «le boys et la chandelle», mais P. de Moussy devait se fournir «de linge de table et de maison», et, pour tout cela, il payait 300 livres pour l’année, soit 16 sous et 5 deniers ou 0 fr. 82 par jour. Il est stipulé, en outre, dans le contrat, que si P. de Moussy veut avoir quelques invités à dîner ou à souper, faire le pourra, en payant 2 sols et 6 deniers, soit 0 fr. 12 c. 5 par invité et par repas . En multipliant les 0 fr. 82 par le chiffre 24, qui représente le pouvoir d’achat de la livre en 1559, on obtient 19 fr. 68 pour une journée de pension, en monnaie de nos jours, et cette somme, pour Poitiers, en parlant bien entendu de l’avant-guerre, paraîtra assez exacte. Le prix du repas, fixé à 2 sous et 6 deniers, revenait par un calcul analogue à 3 francs: là on a, ce me semble, complète satisfaction.

Un autre fait se présente, assez curieux, tiré des minutes de Me Jehan Chauveau, l’un des principaux notaires de Poitiers au milieu du XVIe siècle. Le 3 septembre 1562, haut et puissant seigneur Claude de la Trémoïlle, baron de Noirmoutiers, sommait le receveur des finances, François Pineau, d’avoir à lui payer son traitement d’ambassadeur pour les onze mois qu’il avait représenté le roy de France, tant en Espagne qu’en Angleterre, et cela à raison de 300 livres par mois ; comme nous avons fixé le pouvoir d’achat à 24 francs pour l’année 1562, ces 300 1. de traitement mensuel représentaient 7.200 francs.

86.400 francs par an, tel était donc le traitement de l’ambassadeur du roy de France tant en Espagne qu’en Angleterre, sous le règne de Charles IX. Nos ambassadeurs, près de leurs majestés Alphonse XIII ou Georges V, touchent certainement, de nos jours, une somme supérieure.

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