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J’ose dire très-simplement, et sans aucune arrière-pensée d’amertume, que ces philosophes ne sont pas raisonnables.

Voici pourquoi.

Il leur arrive quelquefois, dans leurs jours d’impatience et d’aigreur, d’élever contre les chrétiens ce que j’appellerai de mauvaises objections. Ils ont comme un sentiment instinctif de la faiblesse des raisons qu’ils mettent en avant. Ils comprennent parfaitement qu’après avoir toujours cru, et, ce qui est autrement difficile et méritoire, après avoir toujours pratiqué, un homme ne saurait aisément renoncer à sa foi, et, pour quelques difficultés plus ou moins sérieuses, se résigner à passer dans le camp ennemi. Ils prennent avantage de la puissance même des liens qui le retiennent, et, au lieu d’y voir le contentement paisible d’une raison que la possession de la vérité rend inaccessible aux tentations de l’erreur, ils feignent de plaindre une intelligence esclave et devenue ainsi incapable de s’éclairer. Ils nous font un crime de ne point souhaiter d’être convaincus par leurs doutes, et nous accusent, quelque ébranlement qu’ait reçu notre foi, de nous y cramponner avec d’autant plus d’obstination, de nous en faire un expédient contre le désespoir, alors qu’elle a cessé depuis longtemps d’être le fondement de nos espérances.

Ils ne voient pas combien cette façon d’argumenter se retourne aisément contre eux.

A la rigueur, si nous avions ce malheur qu’ils vinssent à bout de nous persuader, nous pourrions, nous aussi, renoncer à notre foi, nier l’évidence historique, méconnaître l’existence des traditions, secouer l’autorité doctrinale: nous pourrions professer comme eux l’athéisme en théologie, le matérialisme en métaphysique, le fatalisme en histoire. Nous ne ferions que descendre du plus au moins. La dégradation de nos idées suivrait une marche logique, rationnelle. On peut commencer par croire et finir par douter. N’en sont-ils pas bien la preuve?

Supposons, au contraire, que nous leur fassions voir avec la plus grande clarté, que la divinité de Jésus-Christ résulte incontestablement des Évangiles; que le Christ est le fils du Dieu vivant; que les Évangiles eux-mêmes présentent une authenticité à laquelle ne saurait aspirer aucune autre histoire. Supposons que nous ayons établi le Christianisme de toutes pièces, depuis les faits qui lui servent de point de départ jusqu’à l’autorité vivante qui le représente et qui le gouverne. Je me demande à quoi nous aurions abouti avec eux, puisque l’état présent de leur esprit leur défend, en vertu d’un système préconçu, d’accepter aucune preuve et de se rendre à aucune évidence.

La Science de la Foi

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