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INTRODUCTION

Table des matières

I

Table des matières

«Le livre de M. Renan intitulé la Vie de Jésus,

«a eu la triste fortune d’être comme un signe de

«ralliement pour les opinions différentes qui, ce

«jour-là, se sont comme par un miracle entendues.

«Toutes se sont réunies autour de cette œuvre;

«toutes ont cru s’y reconnaître. Inconsistant, mo-

bile, «coloré de mille nuances, qui tantôt se heurtent,

«tantôt se transforment les unes dans les

«autres, indécis de forme et de contours, sans

«relief sinon sans éclat, ce livre ne vous rappelle-

«t-il pas le nuage d’Hamlet, où chacun voit ce

«qu’il veut y voir, que chacun modèle sur l’image

«de son caprice et de son rêve, où chacun place

«l’objet de sa fantaisie .

«Je ne m’étonne guère du bruit qui s’est fait

«autour de la Vie de Jésus. Le Christ étant la

«plus haute expression de la conscience religieuse

«dans le monde, on ne peut toucher à ce nom di-

«vin sans faire vibrer les plus fortes et les plus

«nobles passions de l’âme humaine. A voir

«ce qui se passe, à entendre les puissantes

«colères et les cris d’enthousiasme qui ont

«accueilli ce livre, il est assez clair que nous

«sommes loin de cette situation d’esprit que dé-

«nonçait Lamennais dans l’Essai sur l’indiffé-

«rence. Ces grandes émotions qui soulèvent un

«pays, témoignent hautement que la vie morale

«n’est pas près de s’y éteindre .»

II

Table des matières

Mon dessein est de jeter un coup d’œil sur le mouvement littéraire qui vient de se produire à l’occasion de cette Vie de Jésus.

Le noble bataillon des défenseurs de notre foi s’est recruté des talents les plus divers. Chacun a abordé la question et a fait face au commun péril en se plaçant au point de vue de ses propres études. Chacun a fait servir à l’établissement de la démonstration qu’il entreprenait, ses connaissances spéciales en théologie, en histoire, en philosophie. Les uns ont préparé le terrain en écartant des systèmes qui obstruaient la raison humaine jusqu’à la couvrir de ténèbres; ils ont mis notre entendement sur les voies autorisées du spiritualisme qu’une sorte de renaissance païenne s’efforçait d’encombrer de vieilles objections mal réparées. Les autres ont abordé avec une incomparable science le côté historique du dogme: ils ont discuté, d’après toutes les règles logiques de la critique, les difficultés qui pouvaient excuser la défiance, en même temps que les preuves qui devaient établir l’autorité. D’autres enfin, investis de la surveillance des peuples, ont lancé du haut de leur trône épiscopal la sentence qui devait condamner le livre et avertir de ses périls; mais, par une prévoyance conforme à l’esprit de ce temps, ils ont eu soin de joindre à leur arrêt les considérants qui motivent cette condamnation et qui la rendent définitive.

III

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Je me sens d’autant plus attiré vers le travail de cette analyse, que ces livres ne sont pas lus, à beaucoup près, autant qu’ils devraient l’être.

Les adeptes de l’école antichrétienne professent pour première prétention, celle de connaître à l’avance tout ce qu’on peut avoir à leur répondre. Ils ne prennent donc guère la peine d’ouvrir des réfutations, que, sans les avoir regardées, ils assurent savoir par cœur.

Tout au contraire, les catholiques les plus sincères et les plus fervents, dans l’excès naïf de leur bonne foi, trouvent du temps à consacrer à des ouvrages qui attaquent leur foi, blessent leurs sentiments et insultent leur croyance. Ils se risquent avec plus de bonne volonté que de science, et, s’il faut dire tout, avec plus d’orgueil que de sagesse, au milieu de ces objections perfides et de ces difficultés apparentes. Ils oublient trop, en se commettant ainsi, que les arbres les plus solides ne sauraient impunément être battus par les chocs de la tempête, et qu’après avoir longtemps résisté, il leur arrive, au moment le moins attendu, de se rompre et de tomber tout d’une pièce. S’ils estiment que leur foi est assez affermie pour la compromettre dans ces orages, ils ne devraient point perdre de vue qu’à tout le moins, leur devoir est d’en raffermir les racines. La lecture des apologies devient une obligation de conscience pour quiconque a consenti à prêter l’oreille aux attaques de la partie adverse.

Je vais plus loin.

J’estime qu’au temps où nous vivons, et dans le cas même où un chrétien aurait soigneusement préservé son cœur et ses oreilles des paroles et des livres de l’incrédulité, il ne lui est pas possible de s’en être garanti au point d’agir et de vivre en toute sécurité, comme s’il ne la soupçonnait même pas. «La croyance religieuse,» dit excellemment M. Guizot, «est appelée à se défendre, à se garder

«elle-même, à prouver incessamment et contre

«tout venant, sa vérité morale et historique, son

«droit sur l’intelligence et l’âme humaine .» Il ne suffit pas à un homme qui veut aller jusqu’au bout de son devoir de croire en quelque sorte pour lui-même, il est tenu à quelque chose de plus.

IV

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Les incrédules de notre temps répètent volontiers que la foi est envahissante de sa nature, que l’esprit religieux est un esprit de propagande. On dirait, à les entendre gémir, qu’ils ont à subir une persécution organisée contre la quiétude de leur doute.

C’est précisément le contraire qui est la vérité.

Ce sont eux qui provoquent et qui attaquent; ce sont eux qui, dans tous les entretiens, vous font à chaque instant sentir la pointe de leurs doutes, qui vous distribuent, malgré vous, le programme de leur incrédulité. C’est un fait que quiconque se débat contre la divinité de Jésus-Christ et s’efforce de ne pas y croire, ne saurait converser avec vous une demi-heure sur les sujets les plus étrangers à la religion sans céder à une obsession qui l’importune, sans mettre en avant ces redoutables questions dont vous ne lui parliez point.

Puisqu’il en est ainsi, puisqu’ils sont toujours prêts à dégaîner et à se mettre en garde, puisqu’ils sont tellement incertains et tellement mécontents de leurs négations qu’ils éprouvent perpétuellement le besoin de se les démontrer à eux-mêmes et de les démontrer aux autres, il me semble que nous ne pouvons pas, sans quelque lâcheté, refuser absolument le combat.

V

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Pourquoi ne serions-nous pas aussi familiers avec les plus illustres défenseurs de nos doctrines, qu’eux-mêmes le sont communément avec les plus fameux champions de leur cause? Pourquoi n’accorderions-nous pas à ceux qui combattent en définitive le bon combat de notre âme et de notre cœur, un peu de cette faveur, de cette attention, de ce zèle dont nos adversaires se montrent si habilement prodigues envers les coryphées de leur parti?

Plût à Dieu que mon travail fût inutile!

Plût à Dieu que mes lecteurs connussent déjà, pour les avoir sérieusement étudiés, chacun des ouvrages dont j’entreprends aujourd’hui de leur parler!

Mon véritable but est de leur donner une idée des richesses qu’ils négligent, et plus encore, de leur inspirer le désir d’en profiter. Si mon analyse est assez heureuse pour leur offrir quelque intérêt, ils peuvent bien se dire qu’elle languirait à coup sûr auprès des livres dont je leur parle. Si, au contraire, comme je dois le craindre en ces matières difficiles, elle leur paraît manquer dans quelque mesure que ce soit de charme et d’attrait, d’aisance ou de clarté, qu’ils n’en rendent point responsables les auteurs, mais le critique. Qu’ils aient le courage de me laisser là pour aller retrouver les originaux. Ce sera sans contredit mon succès le plus beau, le plus souhaité.

ANTONIN RONDELET.

La Science de la Foi

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