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III

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La raison et la moralité publiques sont sujettes aux mêmes lois et aux mêmes périls que la raison et la moralité de l’individu.

Il y a, à toutes les époques des civilisations comme à tous les moments de la vie, une erreur pour les égarer et une corruption pour les séduire. Elles ne cessent jamais d’avoir besoin d’un bon conseil et d’une bonne parole. Il y a donc toujours quelque chose à faire pour un philosophe sérieux, auquel les intérêts de l’humanité tiennent à cœur.

Les périls de la raison publique ne sont point toujours les mêmes: ils changent avec la marche des temps et avec la nature des problèmes qu’agite tour à tour la philosophie de chaque époque.

Il en est du scepticisme comme de cet invincible esprit de désordre et de combat, qui, de siècle en siècle et de civilisation en civilisation, recommence entre les peuples des luttes fratricides et leur remet perpétuellement les armes à la main. Les champs de bataille des temps modernes voient apparaître, à chaque nouveau conflit, de nouveaux engins de destruction dont les temps passés ne soupçonnaient même pas la découverte. C’est ainsi que, par un déplorable abus de nos inventions les plus merveilleuses, tout le profit de nos efforts et tout le progrès de notre science viennent aboutir à une moisson plus abondante de la mort.

Le même phénomène se reproduit dans l’ordre moral, d’une façon non moins lamentable.

A mesure que la raison humaine grandit et se fortifie, à mesure qu’elle pousse dans tous les sens des reconnaissances mieux assurées et des explorations plus profitables, à mesure qu’elle perfectionne les méthodes, tout à la fois par la théorie qui les complète et par l’usage qui les vérifie, ce mouvement progressif est exposé lui-même à l’incertitude de cette double destinée qui attend toute chose d’ici-bas..

Ces heureuses conquêtes, ces incontestables progrès, peuvent et doivent aboutir sans doute à raffermir la véritable philosophie, à rendre sa foi plus robuste et ses démonstrations plus lumineuses; mais, comme il est dans la destinée de ce monde fragile que les choses les meilleures y courent les pires hasards, cette force acquise, cette accélération de mouvement, cet entraînement de la pensée, peuvent aisément se laisser détourner par les sophistes au service de l’erreur et du doute systématiques.

Alors recommence une fois de plus et avec des arguments imprévus qui deviennent entre leurs mains de nouvelles armes, alors recommence cet éternel combat d’une philosophie égarée contre la philosophie spiritualiste: telle croyance, telle vérité qu’on avait jusqu’alors respectée ou tout au moins laissée tranquille, se voit tout à coup mise en question et en péril par des objections inouïes. Il ne faut pas que le vrai philosophe s’endorme sur la foi de sa tranquillité passée, il ne faut pas qu’il se repose sur la solidité des démonstrations auxquelles il avait coutume de s’en remettre. Tout est à recommencer.

C’est ainsi que la lutte de la vérité contre l’erreur n’est jamais finie, pas plus que celle du bien contre le mal. Si le philosophe veut se montrer digne tout à la fois du nom qu’il porte et de la mission qu’il a acceptée, il faut qu’il prenne en main les intérêts de la philosophie, puisqu’ici les intérêts de cette science sont, sous une forme transcendante, tout à la fois les intérêts de la société et les principes de la civilisation.

La Science de la Foi

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