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II

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Pourquoi M. Caro a-t-il écrit ce dernier chapitre, ou pourquoi n’en a-t-il pas fait un second volume? Quel plaisir nous aurions à le suivre, et comme ce second volume compléterait bien ce haut enseignement!

Je sais bien que la préface nous le promet.

«J’essayerai une autre fois, dit l’auteur, de ré-

«tablir, à mon point de vue, la vraie doctrine sur

«la question capitale de la métaphysique. Ce sera

«l’objet d’une publication qui paraîtra sous ce

«titre: La nature et Dieu. Les deux livres se

«compléteront l’un par l’autre; ce sont les deux

«parties d’une œuvre qui, lorsqu’elle sera achevée,

«résumera de longues années d’études .»

La philosophie doit attendre avec une grande impatience ce livre qui lui est promis.

On ne peut s’empêcher, malgré le plaisir avec lequel on le suit dans ses exposés et on l’accompagne dans ses argumentations, de trouver que M. Caro fait beaucoup d’honneur aux doctrines qu’il traite avec tant de détail et de scrupule. Un pareil regret ne porte atteinte ni au talent de M. Caro ni au mérite de son œuvre. C’est justement parce que l’on sent à l’auteur un système propre et original sur lequel il s’appuie, qu’on éprouve quelque peine à le voir dépenser tant de science et tant d’efforts, pour des opinions et des doctrines qui ne sont pas toujours suffisamment dignes d’un tel adversaire.

Les philosophes de profession trouveront dans ce livre un admirable résumé des principales erreurs contemporaines. Ils aimeront à louer, dans cet abrégé analytique, la fidélité irréprochable de la réduction; ils auront bien vite constaté qu’aucun trait essentiel de la doctrine critiquée ne manque à l’analyse qui précède la réfutation. C’est là sans doute, pour les gens du métier, une véritable jouissance d’artiste. Il faut avoir soi-même mis la main à une discussion en règle, pour bien apprécier les difficultés de ces sortes d’expositions et le mérite d’une semblable impartialité.

M. Caro sait bien que son livre est fait pour plaire aux philosophes, mais non pas pour les dispenser de leurs études familières.

Ceux qui passent leur vie en tête-à-tête avec ces redoutables problèmes, avaient déjà lu dans l’original les auteurs dont les doctrines sont ici débattues. Ce n’est pas pour eux que M. Caro a cru devoir passer par les lenteurs d’une information aussi exacte. C’est donc plutôt au point de vue des gens du monde qu’il convient de juger le volume.

C’est pour les gens du monde surtout que je regrette l’excessive réserve de l’auteur, et le peu de place qu’il a cru devoir donner au développement de ses propres opinions.

N’est-il pas permis de craindre que, tout en reconnaissant des erreurs si vivement relevées, ils ne conservent dans leur esprit une image fort nette des systèmes qu’on a voulu leur faire prendre en aversion, tandis que leur intelligence aurait peine à extraire des réfutations de détail un ensemble de doctrines nettement définies et fortement enchaînées, qu’ils garderaient par devers eux comme la meilleure réponse à faire à toutes ces hypothèses?

Irai-je jusqu’à dire que M. Caro me paraît pécher en quelque sorte par un excès de loyauté ? Il faut expliquer ici le sens d’un reproche aussi honorable pour un écrivain polémiste et en même temps aussi rare dans la bouche d’un critique.

Les doctrines qui heurtent trop délibérément le sens commun, peuvent et doivent sans doute être prises au sérieux, puisqu’elles font des victimes et convertissent des disciples. Il est digne d’un véritable philosophe d’instituer des réponses en règle contre les principes de ces doctrines, et de couper dans leurs racines les erreurs fondamentales qui, par voie de conséquences, donnent naissance à toute cette famille d’illusions et de chimères.

Est-il aussi indispensable de poursuivre dans leurs ramifications ces erreurs qui s’engendrent les unes les autres et qui deviennent de plus en plus voisines de l’ineptie, à mesure qu’elles s’éloignent davantage du bon sens et de la vérité ? Est-il bien nécessaire de procéder toujours avec la même gravité, de suivre dans ses défaites les plus pitoyables un adversaire qu’on a déjà vaincu et terrassé dans ses arguments essentiels? Au Palais même, il vient un moment où le juge le plus patient déclare la cause entendue, où il estime qu’il peut sans iniquité refuser une plus longue attention à la partie qui va succomber, où de nouveaux arguments n’ajouteraient plus rien dans son esprit à la cause du droit qui triomphe.

Il en va de même dans les expositions de la critique historique.

N’y a-t-il pas un moment où le lecteur finit par trouver que l’écrivain a trop raison? Ce dernier fait si bien sentir le néant de ce qu’il combat, qu’on aimerait à le voir, non-plus poursuivre la réfutation d’une doctrine maintenant jugée et désormais sans intérêt, mais remplacer ce qu’il a détruit et enseigner à son tour ce que l’auditoire ignore.

La Science de la Foi

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