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CHAPITRE VII
ОглавлениеDe la contrariété du mouvement ; sens divers dans lesquels on peut entendre qu’un mouvement est contraire à un mouvement ; élimination de plusieurs nuances ; différence du changement et du mouvement ; mouvement vers les intermédiaires. - Pour que deux mouvements soient contraires, il faut qu’ils aillent tous deux du contraire vers le contraire.
Il nous faut encore expliquer quel est le mouvement qui est contraire à un autre mouvement, et donner aussi des explications analogues sur l’inertie ou le repos.
Déterminons d’abord si le mouvement qui s’éloigne d’un certain objet, est contraire à celui qui va vers ce même objet ? Par exemple, le mouvement qui s’éloigne de la santé est-il contraire à celui qui tend vers la santé, manière dont la génération et la destruction semblent être contraires entr’elles ? Ou bien le mouvement contraire est-il celui qui part des contraires ? Par exemple, le mouvement qui part de la santé est-il contraire à celui qui part de la maladie ? Ou bien encore, est-ce celui qui tend aux contraires ? Et par exemple, le mouvement qui tend à la santé est-il contraire à celui qui tend vers la maladie ? Ou bien, le mouvement qui part du contraire est-il contraire à celui qui tend vers le contraire ? Ainsi, le mouvement qui vient de la santé, est-il contraire à celui qui va vers la maladie ? Ou bien enfin, celui qui va du contraire à l’autre contraire, est-il contraire à celui qui va aussi du contraire au contraire ? Par exemple, le mouvement qui va de la santé à la maladie, est-il le contraire de celui qui va de la maladie à la santé ? Il faut nécessairement que le mouvement contraire soit une de ces nuances, ou plusieurs de ces nuances ; car il n’y a pas d’autres oppositions possibles.
Le mouvement qui part du contraire n’est pas contraire à celui qui va vers le contraire. Ainsi le mouvement qui s’éloigne de la santé n’est pas contraire à celui qui va vers la maladie ; car c’est un seul et même mouvement, Toutefois la façon d’être n’est pas identique de part et d’autre, pas plus que changer en quittant la santé n’est pas tout à fait la même chose que changer en allant à la maladie.
Le mouvement qui s’éloigne du contraire n’est pas davantage contraire à celui qui s’éloigne de l’autre contraire ; car tous les deux partent du contraire et vont vers le contraire, on vers l’intermédiaire. Du reste, nous reviendrons un peu plus loin à cette nuance. Mais le changement qui va vers le contraire semblerait devoir amener cette opposition de mouvements contraires, plutôt que le changement qui part du contraire ; car celui-ci repousse la contrariété dont il se dégage, tandis que celui-là la gagne. Or tout mouvement se désigne bien plutôt par le but où il tend que par le but d’où il s’éloigne. C’est ainsi que la guérison est le mouvement vers la santé ; et le malaise, le mouvement vers la maladie.
Restent donc, et le mouvement qui va vers les contraires, et celui qui va vers les contraires en partant des contraires.
Il est bien clair, d’ailleurs, que les mouvements qui vont vers les contraires partent, en outre, des contraires. Mais leur façon d’être n’est pas tout à fait identique. Je veux dire, par exemple, que ce qui va vers la santé n’est pas la même chose que ce qui s’éloigne dé la maladie, et réciproquement, que ce qui s’éloigne de la santé n’est pas la même chose que ce qui va vers la maladie.
Leur façon d’être n’est pas tout à fait identique, une distinction pareille. La troisième nuance peut donc se confondre en partie avec la cinquième.
Mais comme le changement ne se confond pas avec le mouvement, car c’est le changement d’un certain sujet, réel en un autre sujet, qui est un vrai mouvement, il s’ensuit que le mouvement qui va d’un contraire à un contraire, est contraire au mouvement qui va d’un contraire à un contraire. Par exemple, le mouvement de la santé vers la maladie est contraire au mouvement de la maladie vers la santé.
L’induction elle-même peut servir à montrer quels sont ici les contraires véritables. Ainsi, devenir malade est bien le contraire de recouvrer la santé ; Être instruit est le contraire d’être trompé, quand on ne se trompe pas soi-même ; car c’est aller vers des contraires, puisqu’il est possible qu’on acquière la science et l’erreur, soit par soi-même, soit par autrui. La tendance en liant est contraire à la tendance en bas, puisque ce sont là des contraires en longueur ; la translation à droite est contraire à. la translation à gauche ; car ce sont là des contraires en largeur ; enfin, le devant est contraire au derrière ; car ce sont là aussi des contraires.
Le changement qui va simplement au contraire, n’est pas un vrai mouvement ; ce n’est qu’un changement par exemple, devenir blanc, sans que ce soit en partant de quelqu’autre état.
Et là où il n’y a pas de contraires, le changement qui part du même est contraire au changement qui va vers le même. Ainsi, la génération est le contraire de la destruction, et la perte est le contraire de l’acquisition. Mais ce sont là des changements ; ce ne sont pas des mouvements.
Quant aux mouvements qui vont vers l’intermédiaire, là où entre les contraires il y a un intermédiaire en effet, il faut les classer aussi parmi les mouvements vers les contraires ; car le mouvement prend l’intermédiaire comme un contraire, quel que soit celui des extrêmes clans lequel il change. Ainsi l’objet passe du gris au blanc, comme il y passerait du noir ; et il passe du blanc au gris, comme il passerait au noir. Du noir, il passe au gris comme il passerait au blanc, parce que le gris est le milieu qui se rapporte d’une certaine manière aux deux extrêmes, ainsi qu’on l’a dit antérieurement.
Ainsi donc un mouvement est contraire à un mouvement, en ce sens que le mouvement qui va du contraire à l’autre contraire, est contraire à celui qui va de l’autre contraire au contraire.