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CHAPITRE VI
ОглавлениеLoi générale du changement : Ce qui a changé passe immédiatement dans l’état nouveau qu’il prend. Application de ce principe au changement par contradiction, passant d’un contraire à l’autre, c’est-à-dire du non-être à l’être. Analyse des diverses espèces de changement ; confirmation du principe.
Comme tout ce qui vient à changer change de tel état dans tel autre état, il s’ensuit nécessairement que ce qui a changé, dès le premier moment qu’il a changé, doit être dans la chose en laquelle il a changé. En effet, ce qui change sort de l’état qu’il change, ou si l’on veut il quitte cet état. Et certainement, ou changer et quitter son état sont deux idées qui se confondent ; ou bien l’idée de quitter est la conséquence de celle de changer, comme avoir quitté est la conséquence d’avoir changé ; car le rapport de l’un de ces termes à l’autre est absolument pareil pour les deux cas. Si donc c’est une espèce de changement que le changement par contradiction, quand une chose change du non-être à l’être, elle a quitté et perdu l’état de non-être, Elle fera donc partie de l’être ; car il faut de toute nécessité qu’une chose soit ou ne soit pas. Par conséquent, il est clair que, pour le changement par contradiction, la chose changée sera dans la chose en laquelle elle a changé. Et, s’il en est ainsi dans ce changement spécial, il en sera de même pour tous les autres changements ; car il en est pour tous ce qu’il en est pour un seul.
On peut encore aisément s’en convaincre, en considérant à part chacun des changements, puisque, nécessairement, ce qui a subi le changement doit être dans un certain lieu ou dans une certaine chose. En effet, comme il a quitté l’état qu’il a changé, et qu’il faut bien qu’il soit quelque part, il sera, ou dans cet objet dans lequel il a changé, ou dans un autre. S’il est dans un autre et que ce soit en C, par exemple, ce qui a changé en B doit encore changer de C en B ; car C n’est pas supposé continu à B. Or, le changement est continu. Par conséquent, ce qui a changé, quand il a déjà changé, change en ce en quoi il a déjà changé. Mais cela n’est pas possible. Donc, ce qui a changé doit nécessairement être dans ce en quoi il a changé.
Par suite, il n’est pas moins évident que ce qui a été est au moment où il a été, et que ce qui a péri n’existe plus. Mais ces généralités qui s’appliquent à toute espèce de changement, s’appliquent surtout avec évidence au changement qui se marque par la contradiction.
Ainsi, l’on voit que ce qui a changé est, dès le premier moment qu’il a changé, dans l’objet en lequel il change.