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Pierres

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Les pierres peuvent se diviser en deux classes: en pierres dures et en pierres tendres. Les pierres dures sont celles qui ne peuvent être débitées qu’au moyen de la scie à eau (sans dents) et du grès; les pierres tendres peuvent être travaillées à la scie à dents et à la hachette. Au nombre des pierres dures sont: le marbre, le granit, le porphyre, la roche, le liais. Parmi les pierres tendres, on compte le moellon, la pierre de craie, l’ardoise, la mollasse, le tuf.

La croûte terrestre qui enveloppe le noyau de notre globe fournit les pierres dont nous venons de parler, et qui pour la plupart sont formées par la combinaison de plusieurs minéraux. On peut appeler pierre simple celle dont la masse générale n’est formée que d’un seul minéral; pierre compacte ou pierre cristallisée grenue, celle qui consiste en un mélange de deux minéraux et plus, et enfin pierre amalgamée, celle qui est le résultat de procédés mécaniques, mais naturels.

Les pierres simples et amalgamées doivent la plupart du temps leur origine à l’eau, tandis que les pierres compactes ou cristallisées ont été produites par le feu et le figement subit amené par le refroidissement de la masse en fusion.

Au nombre des pierres simples il faut placer les calcaires; la pierre calcaire se trouve généralement dans tous les pays. Elle est formée d’une combinaison d’oxyde de calcium et d’acide carbonique. La plus grande partie du sol de la France en offre des dépôts plus ou moins considérables de diverses sortes. Les dépôts tertiaires, comprenant des calcaires grossiers marins et des calcaires fluviatiles, couvrent ce que l’on appelait l’Ile-de-France, et l’Orléanais, ainsi que la Touraine, la Guyenne et la Gascogne, jusqu’au pied des Pyrénées. Beaucoup de calcaires fluviatiles se retrouvent en outre, par lambeaux, dans l’Auvergne, dans le Cantal, dans le Languedoc et la Provence. D’autres calcaires, et plus particulièrement ceux de la formation jurassique, couvrent la Franche-Comté et la Bourgogne, et constituent la plus grande partie du reste de la. France, où ils sont limités par les terrains cristallins des Ardennes, des Vosges, des Alpes, du Dauphiné, des Pyrénées, de la Bretagne; ils entourent de tous les côtés le groupe cristallin qui constitue le Limousin, l’Auvergne, le Lyonnais et une partie du Languedoc.

Le calcaire est une matière d’un usage journalier. Comme pierre à bâtir, il se laisse tailler facilement et conserve néanmoins les arêtes, les moulures et les ornements les plus délicats. Cependant dans cette pierre il y a beaucoup de choix à faire. La craie est le plus souvent trop tendre; les variétés lamellaires, simples ou micacées, résistent peu à la charge; beaucoup de calcaires compacts sont secs, et fréquemment remplis de fissures qui leur ôtent beaucoup de solidité.

Les variétés de calcaire qui conviennent le mieux à la construction sont celles qui sont compacts, à cassure inégale, plates ou irrégulières, celles qui sont mates et ont souvent un aspect terreux. On en trouve ainsi d’excellentes dans les formations analogues à celles de Paris et dans les dépôts jurassiques: ce sont ces formations qui ont fourni des matériaux à la plupart des monuments de l’Europe.

On emploie quelquefois aussi les tufs calcaires, et parmi ceux-ci les meilleurs sont ceux des États Romains, connus sous le nom de travertins, employés dans une grande partie de l’Italie.

Il y a des pierres qui ne peuvent rester exposées aux intempéries de l’air sans se désagréger plus ou moins promptement et tomber en fragments ou en poussière; ce sont surtout les variétés susceptibles de s’imbiber lentement d’eau, qui, lors des gelées, augmente de volume en se consolidant, et fait éclater la masse.

Ces variétés se nomment pierres gélives, et il faut en éviter soigneusement l’emploi.

Une des particularités du calcaire, c’est l’effervescence, le bouillonnement qui s’opère lorsqu’après avoir plongé un morceau dans une solution saline on l’en retire ensuite. Le sel, en se cristallisant dans l’intérieur, augmente de volume, et produit l’effet de la congélation de l’eau; si la pierre résiste à l’épreuve, on peut être certain qu’elle résistera de même aux intempéries de l’air. Certaines pierres poreuses pourtant ne se désagrègent jamais à l’air, parce que l’eau dont elles se sont imbibées se dégage aussi rapidement qu’elle a pu pénétrer.

Le calcaire est donc une bonne pierre à bâtir, même pour certains travaux hydrauliques; mais il faut autant que possible éviter de l’employer pour des foyers et des cheminées.

Les pierres calcaires s’emploient soit à l’état de moellons, soit à l’état de pierres de taille; un moellon est un bloc qu’un homme peut facilement manœuvrer, une pierre de taille est un bloc de grande grosseur, taillé suivant une forme géométrique.

Les marbres sont des variétés de calcaire à grains fins susceptibles de poli. Leur blancheur ou leurs couleurs plus ou moins vives permettent de les employer à la décoration des édifices. On les trouve en quelque sorte partout. — Il existe de nombreuses variétés de marbres, qui portent toutes un nom particulier. Les plus beaux marbres se nomment marbres antiques, expression qui dans le principe indiquait des marbres dont les carrières étaient perdues, et qu’on tirait des anciens monuments, mais qui maintenant s’applique aux variétés choisies parmi celles qu’on exploite journellement.

On nomme marbres simples ceux qui sont unicolores et de couleurs nettement décidées. Tels sont les marbres blancs statuaires de Carrare; les marbres noirs de Dinant, de Namur, de Huy en Belgique; les marbres rouges, parmi lesquels on distingue surtout la griotte d’Italie, que donne le Languedoc, de couleur rouge-brun pâle avec de grandes taches d’un blanc sale; les marbres jaunes, qu’on nomme jaune antique ou jaune de Sienne, etc.

Les marbres simples veinés sont en grand nombre et avec fond de couleur. La Flandre en fournit beaucoup de variétés: ce qui fait qu’on les nomme aussi marbres de Flandre. Celui de Sainte-Anne à fond gris et veines blanches est un des plus communs; mais il en existe de beaucoup plus agréables, à fond brun et rouge, à fond bleuâtre, etc. Parmi les belles variétés qui proviennent de différents endroits, on distingue le grand antique, à fond noir et veines blanches nettement tranchées; le portor, à fond noir et veines jaunes; le bleu turquin, à fond bleuâtre et veines plus foncées, dont le plus beau provient de Carrare; le languedoc, qui vient de Narbonne, à fond rouge et grandes veines blanches ondulées, qu’on emploie surtout pour les décorations monumentales, etc.

Les marbres brèches ne sont souvent que des variétés de marbres, dans lesquelles les veines coupent la masse de telle sorte qu’elle semble composée de fragments réunis. Les plus renommés sont: le grand deuil et le petit deuil, qui offrent des éclats blancs sur un fond noir, et qu’on tire de l’Ariège, de l’Aude et des Basses-Pyrénées; la brèche d’Aix, ou brèche de Tolonet, à grands fragments jaunes et violets réunis par des veines noires, qu’on exploite à Aix en Provence; la brèche violette, à fond violet avec de grands éclats blancs, un des marbres les plus riches, qui provenait de la côte de Gênes, mais dont les carrières sont depuis longtemps épuisées.

Les marbres composés renferment des matières étrangères distribuées par feuillets, par paquets, ou disséminées. On distingue principalement les marbres cypolin de la côte de Gênes, qui contiennent du mica verdâtre disséminé dans une pâte blanchâtre et saccharoïde; les marbres campan, des Pyrénées, composés de feuillets ondulés de matières analogues de diverses couleurs, renfermés dans des pâtes de calcaire compact de diverses teintes. La Corse fournit du cypolin et le marbre jaune d’Erbalonga. Enfin, au nombre des marbres composés, il faut encore compter les diverses variétés de vert antique, qui sont des marbres saccharoïdes, blancs ou verdâtres, mélangés de diallage et de serpentine de couleur verte.

Les marbres lumachelles renferment des coquilles, des madrépores, etc. On distingue surtout des variétés à fond noir sur lequel se dessinent des taches de calcaire blanc, dont chacune est une coquille; on en tire de la Flandre et des environs de Narbonne. Le petit granit, rempli d’encrinites, ou marbre des Écaussines, près de Mons, est celui qui couvre la plupart de nos meubles.

Le grès est une matière scintillante formée de petits grains distincts. Les quartzites sont des grès consolidés qu’on rencontre dans le voisinage des terrains de cristallisation, où ils ont pris le caractère de quartz grenu. Le grès houiller, ainsi nommé parce que c’est au milieu de ses dépôts que se trouve la houille, est en général formé d’une accumulation de grains quartzeux et feldspathiques réunis par un ciment argileux plus ou moins micacé, ordinairement grisâtre. Le grès rouge présente souvent un ciment argileux et sablonneux, de couleur rouge, qui empâte des galets de quartz, de quartzite, de schiste argileux, de porphyre, de granit, etc. Le grès bigarré, ordinairement à grains fins, est en général de couleur rouge. Le grès vert doit son nom à la grande quantité de petits grains verts qu’il renferme; il est presque toujours calcarifère. C’est dans la forêt de Fontainebleau que l’on trouve les grès les plus blancs et les plus purs, qui servant au pavage de Paris.

Les grès se rencontrent en masses ou rochers informes, quelquefois par bancs ou couches de différentes épaisseurs. Dans les carrières de grès, ou grésières, les masses sont plus ou moins dures, suivant la profondeur où elles se trouvent, et plus le grès est dur, plus il aisé de le diviser en morceaux. Cette espèce de pierre, n’ayant pas de lit, se débite sur tous sens et de la grandeur qu’on veut.

On se sert de pierres de grès pour bâtir dans plusieurs pays de l’Europe et dans certaines contrées de la France. Le grès employé comme pierre de taille fait de bonnes constructions quand il est bien choisi; mais il n’en est pas de même lorsqu’on l’emploie comme moellons, parce que le mortier, qui fait la principale force de ce genre de construction, ne se lie pas bien avec le grès. Le bon moellon est préférable et d’un prix infiniment moins élevé.

Le grès employé pour soubassement est un excellent conducteur de l’humidité. Si l’on a d’autres matériaux, il faut donc les choisir de préférence. En général l’on ne doit employer le grès que pour des seuils, des marches d’escalier, des bordures de trottoir, des bornes, des linteaux de baies de porte et de fenêtre et enfin pour des murs de soutènement ou de clôture dans lesquels l’humidité n’a pas d’inconvénient.

La pierre meulière est un composé de concrétions quartzeuses et grossières, dont le tissu est criblé de trous; on en distingue deux espèces, l’une qui se trouve par bancs ou grandes masses, propre à faire des meules de moulin d’une seule pièce, et l’autre en roches ou morceaux isolés et épars dans les campagnes, avec lesquels on forme des meules de plusieurs pièces. Il y en a qui se débitent en petits morceaux pour être employés comme moellons dans les ouvrages de maçonnerie.

Les pierres de meulière débitées en moellons, et employées avec du mortier, forment une excellente maçonnerie, parce que le mortier s’y attache fortement et s’insinue dans toutes les cavités de manière à former une liaison solide.

Dans les localités humides on peut se servir de la meulière pour former le soubassement de maisons d’habitation. On peut les tailler sur cinq faces pour en former des assises horizontales, ou seulement sur une seule face pour construire des parements irréguliers ou polygonaux.

Parmi les albâtres on recherche surtout ceux qui sont d’un blanc légèrement jaunâtre, d’une belle demi-transparence, avec des veines d’un blanc laiteux: c’est là l’albâtre oriental ou albâtre antique. Viennent ensuite les variétés jaunâtres, présentant des zones de diverses teintes qui ne tranchent pas trop sur la masse: c’est ce qu’on nomme albâtre veiné, marbre onyx, marbre agate, mais employés seulement dans les intérieurs, pour des revêtements de chapelle, des objets de grand luxe monumental.

Au nombre des pierres compactes ou pierres cristallisées grenues, il faut ranger: 1° les argiles. Ce sont au fond des silicates formés, mais aussi souvent salis par des mélanges de toutes espèces, tels que sables quartzeux, tantôt purs et tantôt impurs. Les argiles sont employées à un grand nombre d’usages, et surtout à la fabrication des briques et des diverses sortes de poterie, objet d’une haute importance dans la construction. Les argiles varient de couleur. 2° Les ardoises, formées de cristaux en lamelles minces ou paillettes de mica, déposées à plat les unes sur les autres, ou petits cristaux capillaires couchés sur leur longueur et formant des masses plus ou moins considérables. Ces masses se divisent suivant le plan des lames ou des fibres, en feuillets plus ou moins épais; on désigne aussi cette structure sous le nom de structure schisteuse (ou aisée à fendre). Les ardoises de première qualité proviennent de Fumay et de Revin dans les Ardennes; les environs d’Angers en fournissent également.

Au nombre des pierres compactes, il faut encore ranger les brèches et les poudingues nommées aussi grauwackes, et parmi ces dernières les grauwackes schisteuses, à teintes sombres presque noires.

Les pierres amalgamées se composent du syénite, de la serpentine, du porphyre, du trachyte. du basalte, du granit, de la solénite et enfin des laves.

L'architecture et la construction pratique

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