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Bois divers

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Table des matières

Le bois de chêne est d’une grande importance dans la construction, parce que, employé pour soutenir ou pour porter, il est de tous les bois le plus propre à cet effet, et, de plus, d’une durée plus longue que tous les autres bois. Le chêne résiste parfaitement aux alternatives de l’humidité et de la sécheresse; il se conserve parfaitement dans l’eau, où il prend une couleur noire, qui le fait ressembler à l’ébène. Dans l’eau, le chêne peut être employé vert; mais il n’en est point de même quand il doit être employé au-dessus du sol ou à l’air. Dans le dernier cas, il doit avoir plusieurs années de coupe. Il faut aussi éviter de l’employer pour des assemblages avant qu’il soit bien sec; autrement il se tourmente, se déjette et se rapetisse.

Le bois de chêne robur est fort dur, liant et difficile à travailler. Il n’est bon que pour les ouvrages rustiques, qui ne demandent que de la solidité. Sa couleur est d’un rouge brun clair.

Le quercus est le chêne proprement dit; il croît plus haut que le robur; son bois, quoique très dur, est moins rustique et se travaille plus facilement; sa couleur brune rougeâtre tire sur le jaune. C’est le chêne qui convient le mieux pour les grandes pièces de charpente, telles que les poutres. Il se fend plus facilement que le robur.

Le cerrus est une espèce particulière de chêne qui croît surtout en Italie. Il s’élève haut et fort droit; son bois ressemble à celui du liège, mais il est moins dur. Comme celui du robur, son bois peut être parfaitement fendu.

Le chêne ægilops, arbre court à tronc régulièrement circulaire, a un bois très compact et dur, plus serré que le bois du robur et, comme celui-ci, sec et cassant.

Le bois du hêtre est plein et dur, propre à la charpente, à la menuiserie et à une infinité d’ouvrages, mais il est sujet à être piqué des vers: pour l’en garantir il faut le faire tremper quelque temps dans l’eau et l’exposer ensuite à la fumée. Lorsqu’il est bien sec, il est plus sujet à se fendre et à se rompre que le chêne. On ne doit donc l’employer pour les grosses charpentes qu’à défaut d’autres bois ou de bois meilleur.

L’aulne a un bois d’une texture fine et serrée, d’une belle couleur, et qui se travaille bien; il se conserve longtemps dans l’eau, où il se durcit. Il est excellent pour les pilotis et pour les autres constructions analogues.

Le bois de l’orme est plein, ferme et liant, difficile à travailler et sujet à se tourmenter. Peu convenable à la charpente, on s’en sert pour les corps de pompe et pour le charronnage.

Le charme donne un bois d’un blanc grisâtre, tirant un peu sur le jaune: ce bois est très dur et compact, et ne peut servir à la charpente ni à la menuiserie. Il n’est bon que pour le charronnage et les ouvrages du tour.

Les différentes espèces de peupliers, noirs, blancs, trembles, argentés et d’Italie, s’emploient dans la construction des bâtiments. Le peuplier de Lombardie, dont le bois est le plus dur et le plus droit, est propre à la charpente; les autres espèces de peupliers, dont le bois est également léger, tendre et facile à travailler, se débitent en planches et en voliges. La volige fixée sur les chevrons sert à clouer l’ardoise ou le zinc.

Poids du mètre cube de 21 espèces de bois.

A titre de comparaison, le mètre cube d’eau pèse 1,000 kilogr.



D’après cette table, il sera facile de trouver le poids d’une pièce de bois d’un équarrissage donné, sans la peser. Il suffira d’en chercher le cube et de multiplier ce cube par le nombre correspondant du bois dans la table ci-dessus. Supposons une pièce de frêne de 4 mètres de longueur sur 28 centimètres de largeur et 21 centimètres de hauteur; son volume sera désigné par 4 multiplié par 28 multiplié par 21, ce qui donnera en nombre rond 23 centimètres. Multipliez ces 23 centimètres par le nombre 760 de la table, nombre qui correspond au frêne, et vous trouverez 174 kilogrammes 80 centièmes.

Les arbres verts à feuilles aciculaires, ou semblables à des aiguilles, fournissent un bois résineux; la texture de ce bois est moins dense et moins uniforme que celle du chêne. Ce bois est en général peu flexible et sujet à se fendre.

Le pin des bois (pinus sylvestris) vient de la Russie, de la Suède, de la Norvège et du Danemark. Son bois est rouge ou jaunâtre; le rouge vient principalement de Riga. Il est importé en France en troncs bruts et surtout en madriers, dont on fait des planches pour la menuiserie. Le sapin jaune vient de Suède. Quand ces arbres sont encore jeunes, la couleur du bois est jaune et l’aubier blanc; lorsqu’ils sont âgés, les cercles qui indiquent la pousse des années sont rouge vif et l’aubier est jaune. Le bois est très résineux.

Le mélèze (pinus larix) est résineux, comme le pin des bois. Son bois est presque blanc; mais lorsqu’il est exposé à l’air, il a l’inconvénient de se noircir au bout de quelques années. Cet arbre perd sa verdure en hiver; il croît souvent jusqu’à une élévation de 30 mètres, surtout dans un bon terrain; son bois, de couleur brunâtre, quelquefois jaune rouge quand il est vieux, est élastique, tenace et serré. On peut employer ce bois pour des poutres de longue portée; et comme il renferme beaucoup de résine, il peut même être employé aux charpentes de rez-de-chaussée, tant planchers que pans de bois, car les variétés du chaud et du froid, de la sécheresse et de l’humidité, ne lui portent aucun préjudice.

Le sapin (pinus abies), qui croît dans les Alpes, dans les Pyrénées et dans les Vosges, est un arbre svelte et à tige droite. Ses branches diminuent de bas en haut et forment de cet arbre une sorte de pyramide, assez régulière. Son grain est fin et ses fibres très flexibles. Comme le bois en est peu résineux, il ne peut pas être employé à proximité du sol et ne doit servir que dans les intérieurs. Il y a des sapins rouges et blancs. Dans les pays où ils sont abondants, on emploie les sapins blancs pour en faire des découpures, des ornements, comme aux chalets suisses, par exemple. Le sapin peut servir pour de petites poutres, pour des solives et des planchers. Quand le sapin est chargé verticalement, il est d’un cinquième plus fort que le chêne.

Le pin (picea), ou pesse, est un arbre vert dont les feuilles sont pointues, courtes, étroites, roides et plus vertes que celles du sapin; elles sont rangées autour d’un filet commun, de manière à former ensemble un rameau arrondi, hérissé de brins, à l’extrémité des branches. Son bois, plus lourd et plus serré que celui du sapin vulgaire, est aussi plus résineux et d’une couleur rouge jaunâtre. Il se conserve dans l’eau, mais se gâte s’il est soumis à la variation de l’humidité et de la sécheresse. Pour les ouvrages intérieurs, le bois de ce pin est préférable à celui du sapin commun.

Une autre espèce d’arbre résineux: le pitchpin, nous vient d’Amérique (de Géorgie et de Floride notamment): C’est un bois d’une résistance supérieure à celle des bois de sapin; sa couleur est un jaune orange; il offre de grandes dimensions, il est droit avec peu de défauts; en raison de son prix il est réservé soit aux charpentes apparentes particulièrement soignées soit aux travaux de menuiserie.

Remarqués générales à tous les bois.

Les bois ont beau être secs, au printemps et en automne ils font toujours un certain effet; ils se dilatent ou se rétrécissent. L’auteur de ce livre avait du bois de chêne scié depuis trente ans en planches, provenant de la charpente d’une cathédrale de France, charpente qui, par son système, indiquait qu’elle était de la fin du treizième siècle. Ce bois de chêne était certainement très sec, puisqu’il avait été exposé pendant trente ans à la chaleur sous le comble d’une maison de campagne: il était cependant sujet à des craquements au moins d’avril et au mois d’octobre.

Quoique la fibre ligneuse du bois, même celle des bois les plus légers, soit plus pesante que l’eau, la plupart des bois sont cependant plus légers que l’eau. Au moment de son abatage, tout bois est plus pesant que lorsqu’il est resté un certain temps à l’air ou qu’il est séché artificiellement. Le poids spécifique de la plupart des bois du centre de l’Europe, et séchés à l’air, est 0,6 à 0,8, peu d’espèces exceptées. Quant à déterminer au juste la pesanteur réelle et effective du bois, elle varie beaucoup, car elle dépend de son degré d’aquosité, de l’époque de l’abatage, de l’âge, du sol, etc., et enfin de l’arbre. Le bois pesant est ordinairement dur.

L’expérience enseigne que le bois qui reste constamment dans l’eau tend plutôt à se durcir qu’à s’attendrir; aussi dans la construction toutes espèces de bois peuvent être employées dans l’eau. Il n’y aurait qu’une exception à faire, et ce serait dans le cas où l’eau serait en communication avec des sources acidifères. Rien toutefois n’est plus préjudiciable au bois que les alternatives de l’humidité avec la sécheresse.

Si l’on expose au soleil du bois récemment abattu, il sèche, il diminue, s’amoindrit, sa circonférence se rapetisse; mais si ce bois reçoit ensuite de l’humidité, par la pluie par exemple, sa circonférence sera de nouveau altérée, elle se développera et le bois gonflera.

L’amoindrissement du bois provient de la disparition des parties aqueuses de la sève. La quantité de la sève et de l’eau contenues dans le bois récemment abattu diffèrent selon son âge et selon l’époque où on l’a mis bas. Les arbres sont généralement haut montés en sève au printemps. Le charmecontient environ 20 p. 100 d’eau, le chêne 35 p. 100, le sapin 37 p. 100, le pin 45 p. 100, et le saule va même jusqu’à 60 p. 100. Quand le bois est resté exposé à l’air et refendu, il ne contient tout au plus que 20 à 25 p. 100 d’eau; c’est ce qu’on nomme la dessiccation naturelle. La quantité aqueuse du bois ne descend au-dessous de 10 p. 100 que lorsque le bois est refendu en petites parties minces et soumis à une dessiccation artificielle.

Pour parer le plus possible aux variations du bois, il faut avoir soin:

1° D’abattre les arbres dans la saison où ils ont le moins de sève, c’est-à-dire à la fin de l’automne ou au commencement de l’hiver;

2° De débiter de suite, ou le plus tôt possible, l’arbre abattu dans les plus petits échantillons qu’on veut obtenir, afin de hâter leur dessiccation, que l’écorce retarde toujours;

3° De métamorphoser de telle sorte les parties de la sève qu’elles ne conservent plus la propriété de pomper l’eau, ce qui s’opère en y introduisant d’autres substances.

On abat les arbres en les entaillant avec une cognée pour les faire tomber, ou bien en coupant leurs racines pour les enlever en les faisant pivoter, ou bien enfin en les déracinant. Quand on se sert de la cognée, on entaille l’arbre du côté où il doit tomber; l’entaille doit pénétrer jusqu’au milieu du tronc. Ensuite on pratique du côté opposé une autre entaille, plus élevée que la première d’environ huit à neuf centimètres. L’arbre tombe d’ordinaire quand la seconde entaille est arrivée au tiers du tronc.

L’abatage se fait aussi en sciant les arbres par le pied. On scie d’abord d’un côté et ensuite de l’autre un peu plus haut, et dans ce second trait de scie on introduit des coins à mesure que le trait devient plus profond, afin de faciliter l’action de la scie et d’accélérer la chute de l’arbre, qu’on peut, si l’on veut, diriger au moyen de cordages dans la direction voulue. Quand on abat des arbres sur le versant d’une montagne, il est bon de les faire tomber du côté qui remonte, et il ne faut jamais aussi abattre d’arbres pendant de grands vents, parce qu’alors l’arbre tombe plus tôt qu’il ne doit et est susceptible de se fendre.

Les arbres abattus sont écimés: c’est-à-dire qu’on en retranche la cime pour ne laisser au tronc que le bois destiné à la charpente. On doit éviter de renverser les arbres sur de grosses branches susceptibles d’être équarries, de peur qu’elles ne se brisent par le choc qu’elles éprouvent en tombant: si la situation de l’arbre ne permettait pas de tenir compte de cette observation, il serait prudent de détacher les branches avant la chute du tronc.

Quand on a écimé et ébranché l’arbre, on le taille régulièrement à quatre faces sur sa longueur: c’est ce qui s’appelle l’équarrir. Ensuite, comme plus les pièces sont petites, plus aussi la dessiccation a lieu promptement, on débite le bois le plus tôt possible de la grosseur de l’échantillon dont on a besoin.

Les troncs non équarris sèchent plus vite dans leur aubier que dans leur noyau; et comme l’aubier se retire plus que le bois, il se fait à la surface des gerçures longitudinales, tandis qu’aux extrémités se forment des fentes. Pour parer à cet inconvénient, on colle du papier sur les extrémités, ou on les enduit d’huile ou de glaise. Quant aux gerçures longitudinales, on peut les empêcher de se produire en n’écorçant pas trop promptement, afin de ne pas précipiter la dessiccation. Pour que cette dernière se produise uniformément, il faut avoir soin de ne pas laisser le bois sur la terre, mais de le placer sur des couchis en le laissant exposé à toutes les variations de l’atmosphère et de manière à ce que des courants d’air s’établissent autour de lui avec la plus grande facilité. Il est bon aussi de le changer de place et de le retourner souvent.

Les bois débités sont empilés et séparés les uns des autres au moyen de cales. Plus la différence entre l’épaisseur et la largeur des bois est grande, moins aussi a lieu une dessiccation uniforme. C’est pour cette raison qu’il faut faire sécher lentement et à l’ombre les madriers et les planches et les changer de position.

On emploie assez souvent les moyens artificiels de dessiccation des bois de construction. Ils consistent à faire sécher le bois dans des emplacements chauffés à cet effet, ou bien à introduire dans des appareils en fer où sont placés les bois, de la vapeur chauffée de 125 à 175 degrés centigrades. Cette vapeur enlève aux bois leur humidité, ainsi que le ferait une atmosphère chaude et sèche. Mais il est à noter que l’emploi de ces moyens artificiels a comme inconvénient de dessécher trop le bois qui reprend au contact de l’air, une partie de l’humidité qu’on lui a enlevée, et de faire perdre au bois de sa flexibilité et de sa résistance.

Le moyen le plus usuel et le plus simple pour enlever la sève du bois, c’est de le faire flotter dans une eau courante; alors les divers fluides qui constituent la sève sont dissous peu à peu et lavés par le courant. Mais plus le bois a d’épaisseur, plus aussi ce procédé prend de temps: Avant la flottaison, il est donc préférable de lui donner les dimensions voulues. Les bois d’un puissant équarrissage demandent à rester plusieurs années dans l’eau, bien que quelques mois d’été donnent déjà un résultat très sensible. L’eau chaude, ou plutôt l’eau bouillante donne le même résultat, mais elle ne peut être employée que pour de très petites dimensions. Il est bon de faire remarquer que le bois flotté perd un peu de sa résistance, car l’eau enlève des matières gommeuses qui aggloméraient les fibres.

Comme la sève et les sels ne peuvent être entièrement expulsés du bois par les moyens dont nous venons de parler, que, de plus, les fibres qui le composent conservent toujours l’inconvénient d’attirer l’humidité, il faut, pour obvier à cet inconvénient, enduire le bois de matières impénétrables à l’eau, dont nous parlerons plus loin.

La sève ne cause pas seulement l’amoindrissement et le gonflement du bois, elle amène encore sa pourriture, car elle provoque sans cesse l’humidité extérieure; ensuite la chaleur la fait fermenter et se corrompre, ce qui doit nécessairement influer sur les fibres du bois. Selon le plus ou le moins d’humidité active, on pourrait classer la pourriture en pourriture humide et en pourriture sèche.

La dernière est une épidémie végétale, contre laquelle tous les préservatifs sont impuissants. Elle se manifeste parla croissance de champignons qui, se nourrissant des substances et fluides du bois, en accélèrent la destruction. Le champignon apparaît sous la forme de taches blanches, qui finissent par recouvrir le bois d’abord d’une peau blanchâtre, et d’une odeur désagréable. Cette peau, à peine de quelques millimètres d’épaisseur, ressemble au liège en croissant; elle atteint quelquefois plusieurs centimètres d’épaisseur, et finit enfin par couvrir comme une masse l’entière superficie du bois. Les très fines racines de ces champignons pénètrent profondément dans l’épaisseur du bois; on aperçoit aussi des points blancs, logés dans les pores du bois. Ils infectent le bois sain du voisinage et couvrent même quelquefois la pierre, le mortier, etc.

Ce dangereux champignon, qu’on pourrait appeler domestique, naît surtout dans les endroits où la lumière ne pénètre pas, et où l’air ne se renouvelle pas.

La manière la plus simple de se préserver de ce champignon est donc d’éviter l’emploi du bois dans les lieux où il pourrait être atteint de la corruption par le manque de lumière et d’air. Car depuis l’invention ou la découverte de la photographie, on sait quelle est l’action de la lumière sur les objets qu’elle frappe. Si pourtant l’on était absolument forcé d’employer le bois dans des conditions où il pourrait s’altérer, comme nous venons de le dire, on devra se servir de bois bien sain, ayant atteint sa maturité et surtout bien sec: en second lieu, on fera en sorte d’en éloigner tout accès d’humidité, et dans le cas où on ne le pourrait, il faudrait au moins aviser à laisser pénétrer la lumière dans la place où le bois sera employé, et l’exposer de manière à subir de la ventilation. C’est ce qu’on néglige beaucoup trop en France.

Cependant il y a des cas où l’on ne peut tenir compte des précautions que nous venons de recommander. Alors il faut choisir le bois qui résiste le mieux à l’humidité, et le mettre à l’abri des inconvénients dont nous avons parlé précédemment, tels que le chêne, l’orme, le mélèze, le pin, le sapin, le hêtre, l’aune, le bouleau, ou même que les bois de peuplier et de saule. On peut aussi employer comme préservatifs des enduits de goudron, de peinture à l’huile appliquée sur le bois quand il est sec. Enfin il est bon de passer au feu la surface ou l’extrémité qui doivent être cachées ou enterrées, jusqu’à ce qu’elles commencent à charbonner.

Depuis l’établissement des chemins de fer, on a fait de nombreux essais pour découvrir le moyen de préserver le bois de la pourriture. On l’imprègne de matières empyreumatiques, qui agissent contre la corruption, telles que créosote, acide pyroligneux, goudron, etc. On a encore essayé l’injection de solutions de divers sels: de deux sels, par exemple, qu’on présumait devoir se composer réciproquement et former dans le bois de nouveaux précipités, indissolubles dans l’eau.

Les principaux liquides employés pour imprégner les bois afin de paralyser en partie l’effet des substances corruptrices et d’introduire dans les pores du bois des matières susceptibles d’empêcher la pourriture, sont les suivants:

La créosote brute provenant de la distillation des goudrons;

Le chlorure de zinc;

Le sulfate de cuivre;

Le sulfate de fer;

Les huiles essentielles;

L’acide pyroligneux.

Le chlorure de sodium ou sel marin ordinaire a été essayé, mais il a comme inconvénient d’être déliquescent et de maintenir humide la cellulose du bois; il provoque rapidement la rouille des pièces métalliques. L’acide pyroligneux a les mêmes inconvénients.

Le choix de ces matières dépend de la nature et de la qualité du bois. D’après les expériences actuelles, il est assez difficile de recommander lequel des liquides énoncés doit être préféré à l’autre dans la conservation des bois.

L’imprégnation du bois par ces substances se fait par deux procédés: soit par pression, soit par imbibition.

Le procédé par pression consiste à introduire dans un orifice pratiqué dans le bois l’extrémité d’un tuyau qui amène le liquide sous pression; le bois à injecter est débité en billes et c’est au milieu de ces billes que l’on pratique l’orifice. Le procédé par imbibition consiste à immerger le bois dans le liquide antiseptique, mais après l’avoir soumis à l’action de la vapeur sous pression en vase clos, vapeur qui chasse du bois les gaz et les liquides qui y sont contenus; ces derniers auraient rendu très difficile la pénétration du bois par imbibition.

Le chlorure de zinc a sur tous les sels métalliques l’avantage du bon marché ; il n’altère point la teinte des bois de sapin, prend la couleur à l’huile et n’empêche point l’action de la colle-forte.

Avec le sulfate de cuivre, on ne peut se servir de la couleur à l’huile, qui au bout d’un certain temps s’écaille et se détache.

Quant au chlorure de zinc, voici sa préparation: on brise des plaques de zinc en petits morceaux, on les place dans des pots de terre et on y verse de l’acide muriatique; l’ébullition produit, au moyen de l’acide muriatique, de l’oxyde de zinc. On laisse reposer la solution plusieurs jours, au moins quarante-huit heures, afin d’y conserver le moins possible d’acide superflu. La solution, ainsi préparée pendant un temps. sec et chaud, atteint 56 à 58° Baumé, mais dans un temps humide et froid elle n’arrive qu’à 52°. Au moyen d’un bain de sable chaud, on peut arriver également à la. première température désignée. Trois parties pesantes d’acide muriatique suffisent pour dissoudre une partie de zinc. Il est bon toutefois d’avoir une plus grande quantité de zinc quand on fait la manipulation, afin d’empêcher une surabondance d’acide muriatique.

Les solutions du sulfate de cuivre sont employées de 2 1/2 à 4° Baumé : elles se composent de 500 grammes de sulfate de cuivre et 12 kil. 500 d’eau, ce qui donne une solution de 3 1/2 degrés Baumé.

Les solutions de sulfate de fer se font à 6° Baumé, avec 500 grammes de sulfate et 9 kilogrammes d’eau.

Lorsque l’on veut se contenter d’enduire entièrement les bois pour les préserver contre les agents atmosphériques de destruction, on les goudronne: on se sert d’un mélange de brai sec et de brai liquide ou goudron, substances provenant de la distillation imparfaite du bois de pin; le mélange de ces deux matières forme une autre matière, appelée brai gras. On peut aussi utiliser le coaltar, qui est un goudron provenant de la distillation de la houille.

Avant d’appliquer le goudron il est nécessaire de bien nettoyer les surfaces qui le recevront. Le goudron s’étale à la brosse. Pour en accélérer la dessiccation on peut le mélanger à 5 ou 10 pour cent de son poids de poudre de chaux ou de ciment. Le goudronnage ne peut s’appliquer qu’aux charpentes grossières exposées à l’air; pour les pièces de bois des habitations on utilise la peinture à l’huile qu’on applique sur les bois suffisamment secs: il faut en effet éviter de renfermer de l’humidité dans ces derniers, car ils pourriraient en peu de temps. Nous conseillons notamment l’emploi d’une espèce de peinture très en usage en Suède. Cette peinture peut même être appliquée à l’extérieur sur des pièces de charpente exposées à l’air; elle se compose:

1 kilog. 500 grammes de colophane dissous par la chaleur dans 10 kilogr. d’huile de baleine.

5 kilogr. de farine de seigle pétris en pâte dans 15 kilogr. d’eau froide.

2 kilogr. de chlorate de zinc dissous dans 45 kilog. d’eau chaude.

La pâte farineuse est mêlée à la solution de chlorate de zinc et bien mariée avec elle; ensuite quand le mélange est terminé, on y ajoute la solution de colophane et d’huile de baleine. Enfin, on pétrit le tout pour en faire une masse d’égale épaisseur. On prétend encore en Suède que cette peinture, à laquelle on peut ajouter du carbonate de fer, de l’ocre ou de la terre d’ombre, ou enfin toute autre couleur terreuse, préserve le bois également de l’humidité et de l’action du ver.

Il nous reste encore à parler ici d’une cause fréquente de l’altération des bois, et qui n’est pas une des moins dangereuses; il s’agit des vers. On sait que des larves de plusieurs espèces et surtout le ptinus attaquent la charpente; et le ver produit par ce dernier insecte est surtout pernicieux, parce qu’il laboure le bois en y faisant des trous longitudinaux, c’est-à-dire en suivant la direction des fibres et des petits canaux contenant la sève. La larve de ce petit scarabée établit de petites galeries parallèles dans la longueur du bois, séparées à peine les unes des autres par de petites cloisons fort minces. Cet insecte s’attaque surtout aux vieux bois, ou bien aux bois avec aubier.

Une longue expérience a prouvé que les vers attaquent les bois qui ont été abattus pendant l’été au moment de la plus grande activité de la sève et surtout si ces bois sont mis en œuvre trop tôt, sans qu’on leur ait laissé le temps de se sécher convenablement. On évite les vers en écorçant les bois avant de les abattre en précipitant ainsi la maturité de l’aubier, c’est-à-dire en accélérant sa conversion en bois. Le meilleur moyen d’éviter le ver, c’est dans tous les cas de n’employer que le cœur des arbres. Tout bois séché à une chaleur de 100 à 125 degrés centigrades n’est que très rarement attaqué. Il y a aussi tout lieu d’admettre que les bois imprégnés des matières dont nous avons parlé plus haut sont à l’abri de la funeste action des vers.

L'architecture et la construction pratique

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