Читать книгу L'architecture et la construction pratique - Daniel Ramée - Страница 47
La brique
ОглавлениеOn distingue deux sortes de briques: 1° la brique crue ou seulement durcie à la chaleur du soleil, et 2° la brique cuite, durcie par l’action du feu. La première est principalement employée dans lé Sud, et dans les pays méridionaux; tandis qu’on ne se sert que de la seconde dans le Nord, où la brique crue serait décomposée par la gelée.
Pour faire de la bonne brique régulière, il faut que la terre à brique soit nettoyée de tous corps étrangers, comme racines, pierres, etc. On la mêle ensuite avec de l’eau et on en fait une pâte assez malléable, pour que le doigt puisse y entrer sans qu’elle se fende. La brique faite avec de la glaise trop grasse ou de la terre argileuse trop forte n’est point bonne; elle se gerce en séchant ou se fend dans la cuisson du four. L’air et le feu en détériorent aussi la régularité, et les arêtes, au lieu de présenter des lignes droites, offrent des courbes dans plusieurs sens. La terre à brique ne doit pas non plus être trop maigre, ni.contenir une trop grande proportion de sable, parce que les briques fonderaient en cuisant et en se vitrifiant adhéreraient ensemble. L’expérience a prouvé que pour avoir de bonnes briques, il faut mêler à l’argile pure du sable fin (de rivière si c’est possible) dans la proportion d’un cinquième à un quart de son volume; et comme la cuisson diminue un peu le volume donné primitivement aux briques, il faut dans le moule leur donner une faible dimension en plus de celles qu’elles doivent avoir.
La terre à brique doit être exempte de terre et de marne calcaires qui amènent la fusibilité, et franche de métaux sulfureux, qui feraient fendre la brique en lames ou feuillets; et enfin dépourvue de cailloux calcaires, qui cuits avec les briques produiraient de la chaux grasse, pomperaient de l’humidité, gonfleraient et feraient fendre les briques.,
Pour faire de bonnes briques, préparez la terre en automne, laissez lui passer l’hiver en l’étendant sans lui donner trop d’épaisseur; elle est alors excellente à employer au printemps. Si l’argile est grasse, étendez-la soit sur le sol, soit sur une aire de planche, et pétrissez-la jusqu’à ce que ce mélange forme une pâte égale. La terre à briques ainsi préparée est jetée dans des moules en bois saupoudrés de sable pour que la terre ne s’y attache point. En sortant du moule, les briques sont séchées au soleil ou plutôt à l’air jusqu’à ce qu’elles aient acquis assez de consistance pour être empilées et former le four. En empilant les briques, on laisse des vides, pour faciliter l’évaporation de l’humidité qui sort des briques. Mais il faut se garder de vouloir les faire sécher trop vite, on ferait gercer et voiler les briques.
La brique non cuite est peu solide et peu durable dans nos climats; il vaut mieux employer la brique cuite et surtout celle cuite au charbon de bois.
Nous n’entrerons pas plus avant dans la fabrication des briques; car la cuisson est plutôt une affaire de vieux patricien que celle d’un propriétaire amateur de constructions.
Il y a des briques qui résistent à l’action des feux les plus violents, et qui sont employées pour la construction des fours et des appareils métallurgiques. Ces briques sont connues sous le nom de réfractaires; elles se composent d’argile pure, exempte de chaux et de fer.
Il est très important, lorsqu’on achète de la brique, de s’assurer de sa bonne qualité : elle ne doit être ni scarifiée ni vitrifiée, mais bien et également cuite. Pour juger de la bonne qualité de la brique, il faut surtout prendre en considération quatre choses: 1° sa fermeté, sa résistance à fendre et à l’écrasement; 2° son apparence lorsqu’elle est rompue: il faut que la brique, dans sa cassure, soit égale de texture, fine de grain, brillante: elle ne doit point avoir de cavités intérieures; elle ne doit pas être rubanée ni pierreuse; 3° il faut que son extérieur soit uni, lisse, à vives arêtes, régulier, non déjeté. Quand les briques sont de grandeur identique, qu’elles n’ont point de dimensions diverses entre elles, cette circonstance est aussi un indice que la terre a été bien travaillée et qu’en général la brique a été bien fabriquée; 4° il faut, enfin, que la brique, lorsqu’on la frappe, rende un son clair, plein, pur.
Les bonnes briques sont ordinairement d’un rouge brun foncé, et quelquefois elles présentent à la surface de petites parties vitrifiées. Il ne faut cependant pas toujours se fier à cette dernière apparence, parce que souvent c’est au degré de cuisson seul qu’elles doivent ce commencement de vitrification, quoique l’argile dont elles se composent soit impure et mal préparée.
On reconnaît facilement les briques de mauvaise qualité à leur couleur jaune rougeâtre, et mieux encore au son sourd qu’elles rendent dans la percussion; leur grain est mollase et grenu, elles s’émiettent sous les doigts, se rompent facilement, et absorbent l’eau avec avidité.
La bonne brique ne doit absorber que 1/15 environ d’eau de son propre poids: elle doit paraître sèche, et l’être effectivement. La brique qui n’absorbe pas d’eau est trop cuite, le mortier n’y adhère qu’imparfaitement, mais elle est bonne conductrice de la chaleur. Elle peut être employée dans des terrains humides et servir aussi de pavés. La brique noyée dans de l’eau et qui s’effeuille et se boursoufle est de mauvaise qualité et contient du calcaire caustique. La brique chauffée au rouge, sur laquelle on verse de l’eau froide et qui ne se fend pas est d’une dureté extraordinaire et rare. La brique qui a subi l’humidité et la sécheresse pendant quelques hivers et qui ne s’est pas effeuillée ni fendue aux influences alternatives de l’eau et de la glace est excellente.
Pour vérifier si une brique peut résister à l’action de la gelée, on la fait bouillir pendant une demi-heure dans une dissolution saturée à froid de sulfate de soude, puis on la suspend par un fil au-dessus de la capsule dans laquelle elle a bouilli. Au bout de vingt-quatre heures, la surface se trouve recouverte de petits cristaux, que l’on fait disparaître par une nouvelle immersion dans la dissolution: ils se reforment encore après quelque temps de suspension; on les fait disparaître de même. Après avoir répété la même opération pendant cinq jours, à chaque nouvelle apparition de cristaux, si la brique est gélive, elle abondonne des petits fragments qui se sont réunis au fond de la capsule; dans le cas contraire, la cristallisation du sulfate de soude n’en détache aucune particule, les arêtes ne s’émoussent même pas.
D’après des expériences faites, 100 kilogrammes de briques sèches absorbent, en moyenne, 13kg, 11 d’eau.
On emploie beaucoup les briques creuses à deux ou plusieurs trous. Elles ont la forme des briques ordinaires, la forme prismatique, et sont fabriquées en bonne argile cuite et garnies de petites cloisons intérieures longitudinales, ainsi qu’on peut le voir dans la figure 37. Ces briques offrent une économie de 15 à 30 p. 100 sur la matière première, de 20 à 30 p. 100 de chauffage; le transport en est moins coûteux, et enfin elles sont cuites plus également. Plus légères que les briques ordinaires, elles sont très convenables pour la construction de certaines voûtes et forment des murs qui conservent davantage la chaleur.
Les dimensions des briques creuses sont très variables; mais, en général, on leur donne la même que celle des briques ordinaires en usage dans les localités où on les emploie, afin de pouvoir, au besoin, les relier ou les raccorder ensemble.
Pour faire des voûtes légères, on emploie aussi une espèce de petits pots tronconiques fermés des deux bouts et dont la partie supérieure est carrée, mais se raccordant par des surfaces gauches au cône qui est la forme générale de ces petits pots.