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Stucs
ОглавлениеLe stuc est une composition, ou sorte d’enduit, connue des anciens Romains, et qui au moyen de la peinture et du polissage parvient à imiter parfaitement le marbre. C’est au moyen de chaux mêlée à de la poudre calcaire, de craie, de plâtre et de différentes autres matières qu’on obtient cet enduit, qui acquiert en peu de temps une grande dureté. Dans les constructions on se sert de stuc pour revêtir des colonnes, des pilastres, des murs, des panneaux et des plinthes; on en forme même quelquefois des moulures, des bas-reliefs et autres objets de décoration.
Le stuc est employé aussi pour protéger des parois extérieures exposées à l’air ou à l’humidité ; mais dans ce cas on ne doit faire usage que de matériaux qui puissent résister à l’action de l’eau. Comme les substances pour faire le stuc ne sont pas de même nature dans les diverses localités, sa composition doit naturellement varier selon les lieux; mais pour obtenir un enduit d’une grande dureté, et pouvant bien conserver le poli, une des principales conditions à remplir, c’est de réduire les différents ingrédients à l’état de la poudre la plus fine possible; il faut ensuite qu’ils puissent se solidifier promptement.
On distingue deux sortes de stucs, le stuc en chaux et le stuc en plâtre. Il est clair que le premier, qui est le meilleur, doit être rangé parmi les ciments; mais sa couleur désagréable l’empêche d’être employé, du moins pour la décoration architectonique. On peut cependant, lorsqu’on a quelque humidité à craindre, l’utiliser comme première couche, sur laquelle on applique ensuite une préparation plus agréable à la vue.
On a l’habitude en Italie d’exécuter les stucs en trois couches. Le stuc en chaux se fait avec un mortier de chaux et du sable fin tamisé ; on mélange ce mortier avec soin jusqu’à ce qu’il ne reste plus de grumeaux. On fait une sorte de bassin sur une palette, avec une certaine quantité de ce mortier; on y verse de l’eau, sur laquelle on sème avec la main une quantité de plâtre nécessaire pour l’absorber; puis on se hâte de faire le mélange du plâtre gâché et du mortier, afin de l’employer le plus promptement possible. Ce mélange, qui contient 2 parties de plâtre gâché pour 1 de mortier, sert à former la masse des corniches et moulures, ou la couche intérieure des enduits pleins. Pour les dernières couches de l’ébauche, la quantité de plâtre gâché n’est plus que de 1 partie contre 3 de mortier.
La masse étant ainsi formée, on la laisse sécher jusqu’à ce qu’elle ne contienne plus d’humidité à l’intérieur, avant de poser la dernière couche ou le stuc proprement dit. Cette dernière couche est faite d’un mélange de quantités égales de chaux et de marbre en poudre tamisée. La chaux doit être choisie morceau par morceau, afin d’éviter ceux non cuits et les biscuits; on l’éteint par immersion; puis on l’écrase sur un marbre avec une molette, comme on le fait pour la peinture. Après quatre ou cinq mois d’extinction, on mêle cette chaux avec la poudre de marbre sans y ajouter d’eau, et on broie jusqu’à ce que le mélange soit parfait.
Une fois que l’on a préparé une certaine quantité de cette pâte, on mouille l’ébauche, c’est-à-dire les premières couches jusqu’à ce qu’elle n’absorbe plus d’eau, et avec un pinceau on applique dessus un peu de stuc, que l’on a délayé dans un vase. Alors, au moyen d’une spatule, on applique une couche de stuc dur, dont, à mesure qu’elle sèche, on détermine les formes et à laquelle on donne le poli avec des ébauchoirs en acier et du linge mouillé enveloppé autour du doigt ou même avec le doigt seul.
Le stuc à la chaux peut s’employer à l’extérieur comme à l’intérieur; seulement, dans le premier cas, l’ébauche ou les premières couches doivent être faites entièrement avec du mortier de chaux hydraulique.
Le stuc en plâtre s’obtient en gâchant du plâtre de premier choix dans une dissolution de colle forte. On commence par choisir du bon plâtre bien cuit, on l’écrase dans un mortier en fonte ou sous une meule, puis on le passe dans un tamis de soie bien fin. Quelquefois même, afin d’être plus sùr de son plâtre, on choisit le meilleur et le plus blanc sulfate de chaux, on le casse en morceaux de la grosseur d’un œuf et on le fait cuire dans un four de boulanger très chaud et dont l’ouverture est hermétiquement fermée. Après avoir préparé, au moyen d’un crépi, la surface sur laquelle le stuc doit être appliqué, l’ouvrier gâche son plâtre à stucquer dans une caisse où il a fait fondre une quantité de colle de Flandre suffisante pour que la dissolution ne soit pas trop claire; c’est à l’expérience à guider pour le degré de force à lui donner. Le plâtre maigre exige plus de colle que le plâtre gras et onctueux au toucher. Le plâtre ainsi gâché fait prise plus lentement que s’il était gâché à l’eau pure.
On peut remplacer la colle de Flandre par d’autres matières gélatineuses. Ainsi, si l’on veut obtenir du stuc blanc, il faut employer une colle incolore, de la colle de poisson, par exemple. Pour avoir des stucs colorés en jaune ou en vert, on ajoute de l’hydrate de peroxyde de fer ou de l’oxyde de chrome. On obtient d’autres couleurs avec les oxydes de manganèse, de cuivre, les hydrocarbonates de cuivre, etc. Le plâtre étant gâché et remué, on l’emploie à la manière ordinaire. Si l’on veut donner au stuc un aspect rubané ou marbré, on fait dans l’enduit des veines que l’on remplit avec du plâtre gâché coloré. On imite les brèches en introduisant dans la pâte des fragments de stuc coloré. Les granits se font, comme les brèches, en taillant le stuc, et en remplissant les trous avec une pâte ayant la couleur des cristaux qu’on veut représenter.
Quelquefois le stuc s’applique liquide, à l’aide d’une brosse; dans ce cas on en superpose une vingtaine de couches sur la surface que l’on veut recouvrir. Pour polir le stuc on emploie le grès pilé et une molette de pierre; il présente alors des cavités qu’on rebouche avec du stuc liquide plus chargé de gélatine. On le passe à la pierre ponce, puis on rebouche de nouveau les cavités, et on répète l’opération jusqu’à ce que la surface soit bien unie. On lui donne alors un poli plus parfait avec pierre la de touche, et on relève ce poli en le frottant avec des chiffons légèrement enduits de cire. Avant de commencer le polissage, les surfaces doivent être parfaitement dressées, surtout lorsqu’elles sont grandes; car les flaches, qui deviennent plus sensibles par l’effet du poli, seraient d’un effet désagréable.
Le stuc en plâtre est d’un usage très fréquent, mais il n’a de durée que dans les appartements et autres lieux secs.