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De la sonnette à déclic

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La sonnette à déclic ne diffère de la sonnette à tirandes qu’en ce que la corde du mouton, au lieu d’être directement tirée par des hommes, vient s’enrouler sur le corps d’un treuil à engrenage. Une roue dentée est fixée sur l’arbre du corps du treuil. Cette roue engrène avec un pignon, dont l’arbre porte à chaque bout une manivelle. L’arbre du pignon peut glisser dans le sens de sa longueur, de manière à dégager le pignon de la roue d’engrenage, et ce mouvement s’opère par les soins d’un ouvrier lorsque le mouton est élevé à la hauteur convenable.

La grande roue et le corps du treuil, entraînés par le poids du mouton, tournent alors en sens inverse, et le mouton vient frapper le pieu à battre. La corde, filant avec beaucoup de rapidité, continuerait à se dérouler après la chute du mouton, en vertu de la vitesse acquise. Pour obvier à cet excès de déroulement qui occasionnerait une perte de temps, sur l’arbre du treuil est placé un frein double, et l’ouvrier qui a désengrené le pignon serre fortement ce frein aussitôt qu’il entend le coup du mouton. Pendant cette manœuvre, les ouvriers continuent à tourner les manivelles, toujours dans le sens convenable, pour élever le mouton, et, il n’y a qu’à rengrener le pignon après chaque coup.

Cette disposition de sonnette exige une surveillance attentive du travail vers la fin du battage, pour s’assurer que le pilotis a atteint le refus jugé nécessaire: attendu que l’ouvrier qui manœuvre le frein peut en faire usage pour amortir le coup du mouton. On peut se mettre à l’abri de cette fraude en adaptant à ce mouton l’appareil à détente, au moyen duquel le mouton, se séparant de la corde lorsqu’il a atteint la hauteur voulue, retombe sans entrave. D’après des expériences, on a calculé que dans une hauteur de 1 mètre 30 centimètres le mouton doit donner 9 coups par minute.

S’il s’agit d’enfoncer des pieux dans un sol recouvert d’eau, lorsque le guide du pilotis a atteint la semelle de la sonnette, on se sert pour continuer le battage d’un faux-pieu fretté des deux bouts, maintenu sur la tête du pilotis par une fiche en fer et attachée au bonhomme.

Les sonnettes à déclic permettent de se servir facilement de lourds moutons du poids de 400 à 500 kilogrammes et même au delà, procurant une grande économie (dans des travaux considérables et d’importance) dans la main-d’œuvre du battage des pieux. Suivant les observations faites, toutes choses égales d’ailleurs, ces frais ne seraient que 0,65 à 0,70 de ceux qu’entraîne la sonnette à tiraudes.

Nous avons parlé plus haut d’un appareil à détente, nous allons en donner la description. La fig. 63 offre la coupe de cet appareil. Le crochet à détente se meut sur un axe horizontal dont les points d’appui son t pratiqués dans un bloc mobile et dont la fig. 64 donne le plan. Dès que le crochet du haut du bloc mobile, retourné sur la face de la sonnette, frappe avec son extrémité oblongue et arrondie du haut, contre la clef ou étrésillon, le crochet en continuant à être élevé s’échappe dans sa partie inférieure de l’œil ou anneau dans lequel il était passé, et le mouton tombe de haut en bas. Une bascule du même genre est figurée dans les fig. 65 et 66, qui en donnent l’élévation et le côté latéral. Dans l’exemple précédent le chapeau de la détente est en fer, tandis que dans le dernier il est remplacé par une pièce de bois solidement boulonnée et glissant dans les rainures des jumelles. Ce chapeau empêche le crochet de dépasser la hauteur voulue, et sert à le faire basculer. Le chapeau qui dirige le crochet est posé au-dessus de lui, et, composé lui-même de deux pièces de charpente épaisses, il enveloppe une courte barre de fer, qui à son extrémité supérieure a un œil dans lequel est attachée la corde de manœuvre; à son extrémité inférieure cette barre a une fourchette, à travers laquelle passe un boulon à écrou qui réunit le crochet à la fourchette au point où la bascule du premier doit avoir lieu par son évolution.

Fig. 63


Fig. 64 et 64.


On se sert beaucoup en Allemagne de la sonnette à déclic et de l’appareil à détente. Si la force du manœuvre dans ce genre de sonnette est double de ce qu’elle est dans les sonnettes à tiraudes, la première a encore un autre et grand avantage, celui de pouvoir élever le mouton à une hauteur du double de celle qu’atteint la sonnette à tiraudes. Il résulte d’expériences faites avec les deux sonnettes, enfonçant, avec des moutons de poids égal, des pieux de même grosseur et de même longueur à une même profondeur dans le même sol, que la sonnette à tiraudes manœuvrée par vingt-deux hommes et un charpentier ne pouvait faire monter le mouton qu’à 1m,57, tandis que celle à déclic et détente faisait monter à chaque effort le mouton à 4 mètres: chaque sonnette battait 48 pieux; or celle à tiraudes mit 28 jours et l’autre seulement 18 à faire cet ouvrage.

Fig. 65.


Fig. 66.


Il s’ensuit donc que la sonnette à tiraudes nécessitait pour un même travail huit fois plus d’ouvriers et qu’elle employait plus d’un tiers de temps de plus que la sonnette à déclic et à détente. Si l’on considère encore que quatre ouvriers employés aux manivelles d’un treuil convenablement établi sont capables d’élever un mouton pesant de 5 à 600 kilogrammes à 3m,75, jusqu’à 7m,50, on verra l’avantage qu’il y aura à se servir de la sonnette à déclic et à détente pour des fondements de quelque étendue.

La tête ou couronne de tout pieu ou pilotis doit être armée d’un cercle de fer pour l’empêcher d’éclater. Quand le battage s’est prolongé sur un pieu, les fibres de la tête de ce pieu sont comprimées et deviennent spongieuses; cet état forme un lit mou, qui nuit à l’effet du mouton. Il est convenable de couper alors le pieu jusqu’au bois ferme, et de le fretter de nouveau avec grand soin avant de continuer le battage.

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