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Des empatements

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Table des matières

En commençant l’édification d’un bâtiment, il est d’usage de prolonger les premières assises de fond bien au delà de la partie verticale qui doit s’élever dessus. Ces saillies ou assises premières, plus étendues que les suivantes qui les surmontent, sont nommées empatement en terme de construction.

On répartit ainsi le poids élevé dessus, sur une surface plus développée; ce qui diminue la compression verticale du sol.

Et dans le cas de constructions isolées établies sur des bases comparativement restreintes, on les protège contre le danger d’être jetées hors d’aplomb par l’action du vent.

Supposons, par exemple, une cheminée de 30 mètres d’élévation, placée sur une base de 3 mètres carrés. La compression du sol sous le vent au degré de 0,0075 suffirait pour faire surplomber la cheminée de 0,152. Mais si l’on élargit la base jusqu’à 6 mètres carrés, on ne double pas seulement la puissance par laquelle la fondation résistera à la force du vent, mais la surface qui supporte étant quadruplée en étendue, la résistance totale est huit fois plus considérable que dans le premier cas.

Pour que les empatements produisent leur effet voulu, il faut les relier solidement à l’œuvre générale: ils doivent être, de plus, assez solides pour résister au poids des murs de refend qui les traverseront.

Malheureusement on néglige trop souvent la construction des empâtements, et c’est en partie la négligence apportée dans ce détail qui cause souvent la ruine de bâtisses qui sous les autres rapports ont été bien entendues.

Plus une pierre est placée en contre-bas ou profondément dans un bâtiment, plus aussi est puissant le poids qu’elle a à supporter; de là augmentation de péril par les irrégularités dans le travail des assises qui devraient être posées d’aplomb et de nouveau avec autant et plus de soin même que les parties supérieures de la construction.

Il ne doit exister aucun joint au delà des faces de la maçonnerie supérieure, excepté dans le cas où l’empâtement est formé de plusieurs assises; toutes les pierres doivent pénétrer dans l’œuvre de 10 centimètres. Car si l’on ne tient pas compte de ces règles, les empatements ne recevront pas le poids de la maçonnerie supérieure et deviendront inutiles (fig. 46).

Fig. 46.


Il faut que la saillie de chaque assise, l’une en dessous l’autre, soit calculée d’après le poids de la maçonnerie supérieure: autrement, si ces saillies étaient trop grandes, le poids supérieur ferait fendre l’empâtement du haut en bas, ainsi qu’on le voit dans la fig. 47.

Fig. 47.


Lorsqu’on élève de fortes masses de maçonnerie, telles que des têtes de pont et autres, l’augmentation proportionnelle de la surface qui supporte au moyen de la saillie des empâtements est très minime, car il y a en général un grand danger que ces empatements ne soient rompus par le tassement du corps de l’ouvrage. Il est donc d’usage dans ce cas de ne donner qu’une petite saillie aux assises de l’empâtement et de le monter en face un peu biaise, ainsi que le montre la ligne ponctuée de la fig. 48, ou bien encore de l’élever en forme d’escalier, dont les marches auraient très peu de giron.

On ne saurait trop éviter les empatements exécutés en mauvais et petits matériaux et en mortier, car ce dernier par sa facile compression causera des mouvements dans la maçonnerie supérieure. Le meilleur moyen lorsqu’on se sert de cailloux, c’est de les casser en grosseur moyenne, et de les placer à sec dans les tranchées, c’est-à-dire sans mortier; alors ils forment un fond solide et inflexible. Si les matériaux ne consistaient qu’en petits cailloux, il faudrait employer du mortier de ciment. Le tout ne formant ainsi qu’une masse compacte et solide, la grandeur, la forme et la taille des matériaux importeraient peu.

Fig. 48.


Dans là construction en brique, évitez autant que possible les joints intérieurs des faces de la maçonnerie. On établit ordinairement les empatements avec de simples assises de briques; il faut ensuite que les faces d’empâtement ne présentent que des largeurs de brique, c’est-à-dire une demi-brique à plat, et qu’elles n’aient en saillie les unes sous les autres qu’un quart de brique, excepté dans les cas où les murs n’auraient que 22 centimètres d’épaisseur.

Si l’on désirait continuer l’empâtement sur toute la longueur du bâtiment, afin d’y introduire une liaison dans ce sens, il faut alors que les assises aient double rang de briques, dans lesquels les boutisses (dont la plus grande longueur est dans le corps d’un mur) doivent être placées au-dessus des panneresses (dont la plus grande longueur est en vue), lesquelles formeront le rang inférieur. Voyez les fig. 49, 50, 51 et 52.

Fig. 49.


Fig. 50.


Il semble presque superflu d’ajouter que les briques employées dans les empatements doivent être aussi dures que possible et avoir un son clair et sonore. Quant à l’assise de fond de l’empatement des briques, il faut toujours la construire en un double rang de briques.

Fig. 51.


Fig. 52.


On ne saurait apporter assez de soins à l’établissement des assises formant empatement d’un bâtiment quelconque, car c’est de cet établissement que dépend la solidité de l’œuvre. Si les rangs inférieurs ne sont point solidement fondés, régulièrement posés, si des fentes ou des vides sont laissés dans les assises de la maçonnerie, ou si les matériaux eux-mêmes sont de mauvaise qualité et mal liés, tôt ou tard les funestes effets d’une mauvaise construction se feront sentir, et souvent tous les efforts pour y remédier seront inutiles.

Avant de terminer ces observations sur les empâtements, il faut signaler un système imprudent dans l’emploi d’arcs renversés établis sous des baies ou de grands espaces vides, système vicieux qui conduit souvent à de sérieux accidents. L’arc renversé ne devrait être employé que lorsqu’on peut lui donner deux points d’appui ou deux culées, une de chaque côté. S’il est pratiqué à l’angle d’un bâtiment, comme l’indique la fig. 53, l’effet d’un tassement quelconque fera devier l’encoignure de la verticale, comme l’indique la même figure, dans laquelle on a un peu exagéré les lignes ponctuées afin de mieux faire comprendre l’effet qui se produit.

Fig. 53.


L'architecture et la construction pratique

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