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Des murs

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Table des matières

On appelle ainsi des assises horizontales de pierre ou de brique, posées les unes sur les autres, assises liées entre elles au moyen du mortier ou toute autre espèce de procédé, et cela suivant les dimensions voulues données par la théorie et l’expérience.

Dans des circonstances identiques, des murs épais résisteront davantage à la chute ou à l’écroulement que des murs trop minces ou de peu d’épaisseur. Il est cependant inutile d’élever des murs d’une trop forte épaisseur; mais il suffit d’en déterminer la stabilité au moyen de règles résultant de l’expérience et de la pratique. C’est ainsi que l’expérience montre que certains murs de bâtiment demandent des dimensions déterminées pour être solides, et que pour cela il faut employer de bonnes liaisons et observer une coupe des pierres régulière et selon les règles de l’art.

La maçonnerie en pierre et la maçonnerie en briques sont donc la solidarité réciproque et la stabilité des pierres ou des briques. Cette solidarité est atteinte quand le corps de chaque pierre couvre le joint formé par les pierres inférieures, c’est-à-dire qu’il faut que les joints se croisent et qu’il ne s’en trouve pas l’un sur l’autre dans deux assises différentes.

La coupe des pierres consiste à tailler les pierres d’après leur forme et leur configuration. En effet, si l’on se représente une pierre quelconque dans un mur ordinaire, il sera évident que cette pierre conservera plus facilement sa position dans le cas où ses surfaces supérieures et inférieures auront une position horizontale et ses surfaces latérales une position verticale.

Pour faire des murs solides et durables, il faut aussi n’employer que de bons matériaux, d’une bonne qualité et lier ces matériaux par de bons mortiers. Il faut, en dernier lieu, donner de la durée aux murs en appliquant sur leur superficie des. enduits, que l’on rendra plus solides encore en les recouvrant de couches de badigeon, de couleur à l’huile ou autre.

Les murs doivent porter, enceindre et séparer. Les murs qui ne font que porter sont nommés murs de fondation. Ces murs donnent une base solide aux constructions; on les établit à une profondeur plus ou moins forte de la superficie du sol, sur le terrain naturel et solide, et on les monte généralement jusqu’au niveau du plancher du rez-de-chaussée, ou même, mais pour certaines constructions seulement, jusqu’à une hauteur convenable pour se garantir de l’eau du sol ou de l’eau de pluie.

Les murs de fondation supportent tout le poids du bâtiment, en le répartissant d’une façon uniforme et normale sur le sol, qui, comme on le sait, est compressible à un certain degré. Ils sont destinés aussi à préserver le bâtiment des changements ou modifications que la gelée serait susceptible de faire subir à un sol humide; car la gelée et le dégel dilatent et étendent le sol, le rendent meuble et le décomposent quelquefois. C’est même pour cette raison qu’on enfonce les murs de fondation assez avant en terre pour que la gelée ne puisse les atteindre, surtout quand il n’y a pas de caves sous le bâtiment, comme par exemple pour des écuries, des remises ou des hangars. Il est dans tous les cas convenable de donner aux murs de fondation au moins un mètre de profondeur, si le sol est bon à cette distance. Mais nous parlerons d’une manière plus détaillée des fondations à l’article spécial qui les concerne.

Les murs enceignent dès qu’ils sont destinés à limiter au-dessus du sol certains espaces. Lorsqu’on utilise les espaces compris entre les murs de fondation d’un bâtiment quelconque, espaces formés par l’enlèvement des terres et limités horizontalement par un plancher ou une voûte, les murs de fondation en question deviennent alors des murs de cave, et dans ce cas ces murs enceignent autant qu’ils supportent. Ils servent aussi à maintenir dans les caves une température invariable et égale; à préserver l’intérieur des eaux pluviales, à supporter le poids et la poussée des voûtes établies dessus, à résister enfin à la pressi on des terres adjacentes.

Les autres murs qui s’élèvent au-dessus des murs de fondation forment ce qu’on nomme le rez-de-chaussée et les étages. Il y a dans ces murs deux catégories: dans la première on compte les murs de pourtour, ou murs extérieurs d’une construction quelconque; dans la seconde sont rangés les murs qui divisent et constituent les espaces ou pièces demandées: on les nomme murs de refend.

Les murs formant les étages se supportent eux-mêmes; ces murs ont pour objet de garantir les espaces ou pièces intérieures des intempéries des saisons, soit de la chaleur, soit du froid ou de l’humidité, tandis que les murs de refend sont destinés à recevoir une partie des constructions supérieures et à déverser un certain poids sur les murs de pourtour et de fondation. Les murs de refend servent aussi à l’établissement des voûtes de cave et au maintien des planchers et de la charpente.

Pour la construction des murs de fondation il faut n’employer que des matériaux de nature à ne pas attirer l’humidité, afin que les murs du rez-de-chaussée et des étages se maintiennent secs et en bon état; on doit en outre donner une bonne épaisseur à ces murs de fondation pour obtenir et maintenir une température invariable. Pour les murs de pourtour, les matériaux doivent être mauvais conducteurs de la chaleur et inattaquables à la gelée. Enfin, on doit se servir de matériaux légers pour les murs hors de terre et de matériaux pesants pour les murs de fondation, qui ont tout le poids des murs de pourtour et de refend à supporter.

Quant à la nature des matériaux, on distingue quatre genres différents de maçonnerie, celles en brique, en moellon, en pierre de taille, et la quatrième qu’on nomme maçonnerie mixte.

La maçonnerie en brique est le plus communément employée dans les pays de plaines ou dans les contrées où la pierre est absente ou trop dure pour être facilement façonnée. On se sert cependant de la brique dans les lieux où il se trouve de la pierre en abondance et où elle est taillée sans demander trop de main-d’œuvre. Dans ce cas la maçonnerie en brique est une question de goût, de fantaisie. La maçonnerie en brique est surtout employée dans le nord-est et le sud de la France.

La brique a une forme rectangulaire; sa longueur est ordinairement double de sa largeur et son épaisseur est égale à la moitié de la largeur. Les briques moyennes, dont on fait le plus usage, ont de 22 à 24 centimètres de longueur, sur 11 ou 12 centimètres de largeur, et 55 millimètres à 6 centimètres d’épaisseur. C’est avec cette espèce de briques qu’on élève les murs, qu’on fait les revêtements, les voûtes, les cloisons et les languettes de cheminées.

Les grandes briques ont depuis 30 jusqu’à 36 centimètres de longueur, sur 20 à 24 de largeur et de 4 à 5 centimètres d’épaisseur. On les pose de champ (sur une des petites faces longitudinales) pour former des cloisons et des voûtes de peu d’épaisseur.

On fait usage à Paris et dans les environs: 1° de la brique du département de l’Yonne, connue sous le nom de brique de Bourgogne: elle est bien cuite et très résistante; — 2° de la brique de Montereau et de Solins (département de Seine-et-Marne): elle ressemble beaucoup à la brique de Bourgogne; — 3° de la brique de Sarcelles (département de Seine-et-Oise), peu résistante et fragile; — et 4° de la brique des environs de Paris, brique dite du pays, très cassante.

Tableau des briques employées à Paris et dans les environs.


Il y a des briques qui résistent au feu; on s’en sert pour la construction des appareils métallurgiques et des foyers; ces briques, nommées réfractaires, sont composées d’argile pure, sans chaux et sans fer.

Il y a aussi des briques creuses qu’on emploie pour les légers ouvrages; elles ont la forme prismatique des autres briques ordinaires, mais elles ne sont pas entièrement creuses, elles ont des cavités selon leur longueur, formées par des cloisons longitudinales. V. fig. 37, page 60.

Pour former les conduits de cheminée dans les murs, les tuyaux de fosses d’aisances, etc., on se sert de poteries de formes et de dimensions diverses, qu’on place en les ajoutant les unes sur les autres jusqu’à la hauteur voulue.

Enfin, il y a des murs isolés, qui n’ont rien à supporter au-dessus d’eux et qui n’enceignent que de très vastes espaces, comme parcs, jardins, cours, etc. Ces murs doivent surtout être construits en matériaux de qualité durable, inattaquables à la gelée et à la pluie. Dans certains pays de l’Europe, et surtout dans le sud, on élève ces murs d’enceinte pleins jusqu’à une hauteur de 1 à 2 mètres: au-dessus de cette élévation on les construit à jour en formant diverses combinaisons au moyen de la brique ordinaire.

Ces murs isolés-d’enceinte doivent toujours recevoir une couverture pour préserver leur sommet des eaux pluviales et de la gelée; cette couverture s’appelle couronnement, mot qui s’applique aussi à la terminaison de tout mur qui n’est pas couvert par le toit d’un bâtiment. Ces couronnements peuvent être en pierres de taille, en briques, en poteries, en tuiles, en ardoises, etc. Quand un mur est mitoyen, c’est-à-dire quand une moitié du mur, en longueur et en hauteur, appartient à un propriétaire, et l’autre moitié à un autre propriétaire, on fait le couronnement en forme de toit à deux pans ou deux rampants (fig. 39), afin que l’eau qui tombe sur le mur soit partagée de moitié entre les deux propriétaires.

Fig. 39.


Fig. 40.


Fig. 41.


Fig. 42.


La couverture d’un mur se nomme aussi chaperon quand ce mur, comme nous venons de le dire, a deux égouts ou larmiers à l’extrémité inférieure de chacun des petits rampants. Quand le mur n’a qu’un propriétaire, il n’a qu’un égout et un rampant dont l’égout est du côté de la propriété (fig. 40). Plus les matériaux employés au couronnement d’un mur d’enceinte sont durs, moins on est obligé de leur donner de pente, plus ils sont tendres, plus aussi leur pente doit être rapide.

La forme et le volume des murs dépendent de leur destination ainsi que de leurs rapports avec l’ensemble de la construction.

L'architecture et la construction pratique

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