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Des fondements

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Table des matières

Il y a dans toutes les constructions deux causes qui tendent à les détruire; l’une est le tassement, et l’autre la poussée. Ces deux causes de destruction sont le résultat de la pesanteur. Dans le tassement les corps agissent de haut en bas, verticalement avec toute l’énergie de leur poids, pour presser, comprimer et quelquefois même pour écraser ceux qui les soutiennent. Dans la poussée, la pesanteur ne pouvant agir librement, selon la direction qui lui est naturelle, tend à écarter les obstacles qui l’empêchent de la suivre.

Pour empêcher ces deux causes de destruction, il faut surtout apporter une scrupuleuse attention au terrain sur lequel on veut bâtir.

La solidité et la durée d’une construction quelconque dépendent, surtout et avant tout, de la nature du sol sur lequel elle est élevée; il faut que ce sol soit capable de résister au poids qu’on lui fait supporter, et que la maçonnerie achevée, elle ne soit pas exposée à faire de mouvements n’importe en quel sens. Le meilleur sol pour bâtir sera donc celui qui n’éprouvera aucune atteinte de l’effet de la pesanteur du bâtiment qu’on élèvera sur ce sol. Un sol peut être bon pour y établir une construction légère, mais il peut ne pas être assez solide ou assez ferme pour porter sans inconvénient, sans accident, une construction d’un poids considérable: d’où il résulte que la qualité du sol ou du terrain peut être subordonnée au poids plus ou moins grand qu’on établit dessus, c’est-à-dire qu’un terrain convenable pour une bâtisse légère peut ne pas, convenir pour y élever une construction d’un poids considérable.

Si le sol est d’une nature identique dans toute l’étendue du bâtiment, et si le poids du bâtiment est également réparti dans toute sa superficie, le tassement du sol peut avoir lieu sans préjudice pour la construction, par la raison que le tassement général et égal n’opère point de ruptures dans les murs. Si au contraire la charge constituée par un bâtiment est inégalement combinée, si par. exemple il y a des portions plus hautes et plus massives les unes que les autres, il s’ensuivra une pression inégale du sol qui aura pour conséquence d’opérer des déchirements ou des lézardes dans la construction.

Il peut arriver encore que par l’inégale fermeté du sol, ainsi que par l’inégale répartition du poids, le bâtiment subisse des tassements seulement dans certains endroits et non dans d’autres, ce qui amène également des ruptures et des crevasses.

Quand on a la liberté du choix, on doit éviter des sols comme ceux que nous venons d’indiquer. Mais si au contraire on est contraint par une cause ou une autre à bâtir sur un mauvais sol, on doit prendre certaines précautions pour rendre un mauvais sol en état de porter sans fâcheux résultats des constructions pesantes quelconques.

Le sol pourrait être classé en quatre catégories selon la résistance qu’il oppose à la construction élevée dessus.

La première comprendrait les roches dures, qui résistent parfaitement au poids élevé dessus et qui n’en subissent aucune action. Ces roches ne se fouillent pas, on doit les travailler à la pioche, ou les faire sauter au moyen de la mine.

La seconde comprendrait les sols graveleux et les terrains sablonneux fermes, qui, encaissés dans des étendues limitées, ne sont pas susceptibles de compression.

La troisième comprendrait les terrains susceptibles de compression, sans pour cela s’étendre latéralement. On y rangerait les terrains argileux, les terres grasses, les terres végétales et tourbeuses.

La quatrième classe, enfin, comprendrait les terrains compressibles et qui étant comprimés s’échappent dans les directions latérales. Dans cette quatrième catégorie on rangerait les plus mauvais terrains à bâtir, tels que terrains à tourbe, marais, terrains d’alluvion et terrains rapportés.

La science qui a pour objet de sonder le sol et de bien établir les fondements a, de tout temps, été reconnue si importante, que depuis l’antiquité elle n’a pour ainsi dire subi aucun progrès et que les conseils du romain Vitruve peuvent toujours être suivis avec sûreté. Et qu’on n’oublie pas que les effets et les défectuosités causés par la négligence de ne pas avoir assez sérieusement sondé la nature du terrain à bâtir sont et restent éternellement irréparables.

Comme il arrive que diverses natures de sol alternent en couches plus ou moins profondes dans un même terrain à bâtir, il est indispensable, surtout si le bâtiment à élever offre une certaine superficie, de sonder le terrain scupuleusement en plusieurs endroits, si toutefois il n’est pas déjà suffisamment connu par des fouilles adjacentes. Mais encore dans ce cas on ne doit tirer de conséquences que si les couches naturelles des substances dont est formé le terrain s’étendent régulièrement aux alentours et si l’expérience a confirmé l’identité du terrain à bâtir avec celui où il a déjà été bâti. C’est en s’informant auprès des constructeurs du voisinage qu’on peut acquérir ces renseignements. Lors de la fouille des murs de fondation, il peut arriver qu’on rencontre plusieurs natures de sol dans des endroits divers; dans ce cas il devient on ne peut plus urgent de fouiller le terrain dans toute l’étendue de la construction avant d’aller plus loin.

Souvent on arrive aussi à s’assurer de la nature du sol en creusant un puits afin d’avoir de l’eau à proximité pour les besoins de la maçonnerie. Le puits est un trou vertical en terre qui enseigne quelles sont les couches de substances qui constituent le terrain à bâtir.

Si le terrain est d’une nature sèche, on peut le sonder en creusant des trous d’une certaine profondeur. Ces trous peuvent être pratiqués aux points principaux de la construction future, aux principaux angles, sur l’emplacement des caves, par exemple. Il serait inutile de les pratiquer en dehors du périmètre de la fouille; on perdrait du temps et de l’argent. Ces trous creusés aux extrémités doivent être descendus à la profondeur nécessaire pour s’assurer de la qualité du sol.

Quand le terrain est aqueux on le fouille jusqu’à l’eau, et à partir du niveau de l’eau on se sert de la sonde. A cet effet on emploie des instruments divers suivant les contrées.

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