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Ciments

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Table des matières

On appelle ciment des subtances mêlées à la chaux grasse, et qui ont la propriété de rendre cette chaux hydraulique.

1° La pouzzolane est un produit volcanique, amas de petits fragments scoriacés ou rappilli, accumulés autour des volcans, ou amas de matières terreuses qui en renferment une quantité plus ou moins grande. On en emploie le sable que le vent a dispersé à des distances considérables des volcans. Les pouzzolanes des environs de Naples sont grises, jaunes, brunes et noires. Celle de Rome est d’un rouge brun mêlé de particules brillantes d’un jaune métallique. On trouve de la pouzzolane dans presque tous les lieux où il y a eu des volcans. En France, nous en avons dans les départements de l’Ardèche, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et de la Haute-Vienne.

2° Le trass ou tuf volcanique, qu’on trouve en Italie et sur les bords du Rhin, particulièrement près d’Andernach, lorsqu’il est broyé et mêlé avec de la chaux grasse, produit bientôt dans l’eau une masse dure..

3° Ciment de tuileaux. Poudre faite avec des tuileaux pilés, qui mêlée avec de la chaux forme un mortier résistant à l’eau et à l’humidité. Il faut seulement que les tuileaux soient bien cuits; ceux qui ont servi pour les toits sont préférables aux tuileaux neufs et encore plus aux briques, qu’on a quelquefois l’habitude d’employer. — Le ciment dit de fontainier est fait avec de la poudre de poterie de grès, de mâchefer, de tuileaux et de pierre meulière; le tout broyé avec de la bonne chaux vive, produit un ciment excellent, qui durcit dans l’eau.

4° Le ciment anglais de Parker, nommé ciment romain, contient 55,4 parties de terre calcaire, 36 parties de terre argileuse graveleuse et 6 parties d’oxyde de fer. On peut aussi ajouter à 6 parties de ciment 4 parties de sable sans qu’il perde de sa qualité hydraulique. L’imitation française de ce ciment contient 54 parties de terre calcaire, 31 parties de terre argileuse graveleuse et 15 d’oxyde de fer, et comporte une addition de sable égale à celle du ciment anglais.

5° Le ciment, dit de Portland, qui vient d’Angleterre, où il fut composé, en 1824, par John Aspdin. Il a la couleur de la pierre, est inaltérable à l’air, à la gelée et à la chaleur.

Une sorte particulière de calcaire argileux donne immédiatement des chaux hydrauliques à la cuisson. Si le calcaire renferme de 10 à 12 pour 100 d’argile, il aura des propriétés hydrauliques. La chaux qui en provient, gâchée avec de l’eau, durcira en vingt jours environ dans les lieux humides ou sous l’eau. Quand le calcaire renferme de 20 à 25 pour 100 d’argile, la chaux gâchée fait prise en deux ou trois jours. En dernier lieu, enfin, si le calcaire renferme de 25 à 35 pour 100 d’argile, la chaux fait prise en quelques heures, et on lui donne le nom de chaux à ciment.

En 1756, J. Smeaton observa le premier que la chaux provenant de la cuisson de calcaires contenant de l’argile jouissait de la propriété de durcir sous l’eau. En 1796, Parker prenait un brevet pour l’exploitation d’un calcaire très argileux produisant une matière analogue à la chaux hydraulique, mais à prise beaucoup plus énergique, à laquelle il donna le nom de roman ciment, ciment romain, nom conservé depuis par les industriels français, pour les produits analogues qu’ils découvrirent postérieurement, et au nombre desquels on classe, par rang d’ancienneté, le ciment de Pouilly, découvert par M. Lacordaire, et le ciment de Vassy, découvert en 1831 par M. Gariel. Les espèces les plus réputées en France sont les ciments de Vassy (Yonne), de Pouilly (Côte-d’Or), de Portland, de Boulogne (Pas-de-Calais) et de Grenoble (Isère).

Le ciment de Vassy provient d’un calcaire argileux et magnésien dur, d’une couleur bleu cendré, que l’on trouve immédiatement au-dessus du liais, et dont la composition chimique est:


Réduit par la calcination, sa couleur devient jaune terne. Quand ce ciment est fabriqué, on l’enferme dans des barriques goudronnées et garnies à l’intérieur, pour en faciliter le transport et en assurer la conservation. A la suite de la cuisson, l’analyse donne la composition de ce ciment:


L’avarie du ciment a pour cause principale l’humidité de l’air. Elle se manifeste d’abord au contact des parois de la barrique, puis elle gagne lentement, mais progressivement, jusqu’au centre; il arrive assez souvent que le contenu d’une barrique est avarié à la surface, tandis qu’il est d’excellente qualité au centre. Pour que le ciment puisse être réputé non avarié et propre à un bon emploi, il faut que les fragments désagglomérés que l’on retire de la barrique cèdent facilement sous la pression des doigts, et que sa couleur n’ait éprouvé aucune altération, c’est-à-dire ne soit pas devenue blanchâtre. On est quelquefois obligé d’employer des barres de fer pour retirer le ciment des barriques, et souvent il faut avoir recours à la truelle du gâcheur. Là quantité de mortier obtenue est à peu près proportionnelle au poids du ciment employé ; c’est pour cette raison que le prix de celui-ci est fixé d’après le poids, et non selon le volume.

Il est d’usage, dans le commerce du ciment, de compter le poids des barriques au même prix que leur contenu. Le poids de l’enveloppe varie de 0,08 à 0,12 du poids total, suivant la densité et l’épaisseur du bois, soit 0,1 en moyenne. Chaque barrique contient de 100 à 235 litres de ciment, et pèse de 130 à 300 kilogrammes.

Le ciment s’emploie sous forme de mortier, avec ou sans sable, en y ajoutant une quantité d’eau égale à environ la moitié de son volume: cette quantité d’eau varie légèrement suivant la température et d’après le degré d’humidité du sable.

Un mètre cube de ciment en poudre, pris à la densité de 0,96 et converti en mortier sans mélange de sable, perd 17 pour 100 de son volume et ne donne que 0m,83 de mortier.

On emploie rarement le ciment pur; on le mélange ordinairement avec une certaine quantité de sable dur, purgé de vase et de toute matière terreuse. On obtient ainsi un mortier plus résistant, moins sujet à se fendiller à la surface et beaucoup plus économique. Les mortiers de ciment pur ne sont guère en usage que pour le cas où un durcissement instantané est nécessaire, par exemple pour l’étanchement de sources dans les radiers des bassins et écluses, ou pour d’autres cas analogues.

Le ciment qui rient d’être employé est d’un jaune terre très foncé ; mais en séchant il prend une couleur qui a beaucoup d’analogie avec celle de la pierre de taille.

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