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Du plâtre
ОглавлениеLe gypse des environs de Paris, appelé plâtre lorsqu’il a été calciné en poudre, se fige rapidement en masse solide lorsque, après les deux opérations dont nous venons de parler, on lui. rend. par le gâchage, l’eau qu’il avait perdue. Le plâtre peut être considéré comme une espèce de chaux qui n’a besoin du mélange d’aucune autre matière que de l’eau pour former un corps solide, d’une dureté moyenne. Quoique le plâtre ne résiste pas aussi longtemps aux intempéries de l’air et à l’humidité, c’est cependant une matière fort commode pour la construction des maisons ordinaires, surtout à Paris et dans ses environs, où il est de bonne qualité, lorsqu’il est employé convenablement.
Le plâtre s’attache également aux pierres et aux bois; aussi s’en sert-on avec avantage pour la construction des murs, des voûtes et pour les enduits. On recouvre les cloisons, les pans de bois, les planchers, etc.
Tout constructeur doit bien se pénétrer de ce fait: c’est que le plâtre gâché augmente de volume en faisant corps, tandis que le mortier diminue, surtout lorsqu’il n’a pas été massé. Il y a donc de grandes précautions à prendre lorsqu’on se sert du plâtre pour certains ouvrages, tels que les voûtes, les cheminées qu’on adosse aux murs isolés, les plafonds et autres ouvrages qui seront énumérés dans la suite.
Les pierres à plâtre des environs de Paris sont d’un blanc grisâtre. Leur fracture présente une texture plus ou moins irrégulière, mêlée de particules brillantes, semblables à celles d’un marbre à gros grains.
On nomme à Paris et dans les environs plâtres au panier les plâtres les plus communs réduits en poudre par le broyage au moyen de meules et tels qu’ils sortent du moulin.
On nomme plâtres au sas, les plâtres plus fins, passés au tamis de crin, et enfin plâtres au tamis de soie les plâtres particulièrement affectés pour les travaux intérieurs du plafonnage et d’enduits faits avec soin.
Le plâtre en poudre s’emploie en le versant au moment même de l’emploi dans une certaine quantité d’eau, et en remuant ce mélange avec une truelle de cuivre, jusqu’au moment où il forme une pâte plus ou moins liquide. Lorsque la pâte a une consistance assez ferme, qui lui permet de faire prise presque immédiatement, le plâtre est dit gâché serré. Il est gâché clair, au contraire, quand la quantité d’eau employée en a fait une pâte ou bouillie plus ou moins liquide et dont la prise n’a lieu qu’au bout d’un certain temps.
Comme les chemins de fer transportent au loin le plâtre de Paris, et cela à un prix assez modique, on peut l’employer pour plafonds et moulures à des distances assez éloignées de ses carrières. On ne le fera pas venir en poudre, mais en pierre.
Le meilleur procédé pour cuire la pierre à plâtre consiste d’abord à lui communiquer une chaleur modérée, pour dessécher l’humidité qu’elle contient; on augmente ensuite graduellement le feu pour lui donner le degré de cuisson convenable, ce qui exige environ vingt-quatre heures. Lorsque le plâtre n’est pas assez cuit, il est aride et forme un corps peu solide; lorsqu’il est trop cuit, en le gâchant on trouve qu’il n’est pas assez gras. Quand le plâtre est cuit à propos, l’ouvrier sent en le maniant qu’il est doux et qu’il s’attache aux doigts. C’est surtout à cette qualité que l’on peut reconnaître le bon plâtre.
Le plâtre doit être réduit en. poudre aussitôt qu’il est cuit, soit en le battant, soit en l’écrasant avec des meules ou cylindres de pierre, parce qu’il perd de sa qualité, pour peu qu’il reste exposé à l’air; le soleil, en l’échauffant, le fait fermenter; l’humidité diminue sa force, et l’air emporte la plus grande partie de ses sels. C’est ce qui lui fait perdre son onctuosité et la faculté de durcir promptement et de former un corps solide. Ce plâtre ne s’unit alors que faiblement aux matières qu’il doit lier, et si l’on en fait des enduits, ils gercent.
Si le plâtre vient de loin, il est nécessaire de le renfermer dans des tonneaux et de le placer dans des lieux secs à l’abri des ardeurs du soleil.
Avec l’ocre jaune mêlée au plâtre en le gâchant, on peut lui donner une couleur de pierre; l’ocre brune ou rouge donnera un ton de brique; de l’ocre jaune et un peu de noir mêlés au plâtre donnent un ton de granit dont on peut se servir convenablement pour les enduits extérieurs des rez-de-chaussées.
Dans les constructions usuelles, qui, par leur destination, ne comportent pas nécessairement l’emploi des matériaux de grandes dimensions, tels que la pierre dont on se sert pour les édifices publics, le plâtre sert à décorer les façades construites en moellons. Ainsi appliqué, le plâtre se trouve à la vérité exposé aux pluies, qui le détériorent; mais sa durée est encore suffisante eu égard à la nature de l’édifice et de la dépense peu considérable qu’il occasionne comparativement à celle des décorations en pierre. On en a fait pendant longtemps un usage considérable dans la construction des tuyaux de cheminée, quoique le feu altère les qualités du plâtre; mais on pouvait ainsi les élever en ne leur donnant que de faibles épaisseurs et sans charger les murs et les planchers qui les recevaient.
On a fini par reconnaître les inconvénients qui en résultaient, et qui se manifestaient par des crevasses susceptibles d’occasionner de graves accidents. On a été ainsi amené à substituer la brique au plâtre dans la construction de ces tuyaux.
Le plâtre ordinaire se compose de 32,91 parties de terre calcaire, de 46,31 d’acide sulfureux et de 20,78 d’eau.
Si le plâtre est mis en contact avec le fer, il en détruit la qualité au moyen de l’acide sulfureux, l’oxyde fortement, et cela en rapport du temps que le plâtre met à sécher. Il est donc prudent de ne pas abuser du plâtre pour scellements et surtout dans les lieux où il ne peut sécher promptement ou qui seraient constamment exposés à l’humidité.
Dans les pays où le plâtre est rare et cher, on en fait un mélange avec de la chaux dans les proportions suivantes: pour faire les enduits extérieurs, un peu rustiques, on prend trois parties de mortier de chaux, qu’on mêle à une partie de mortier de plâtre (de plâtre gâché). Ce mélange neutralise, par le gonflement du plâtre, la diminution de volume de la chaux et empêche par là les gerçures et fentes qui se font quelquefois dans les enduits en chaux lorsqu’ils sèchent et se durcissent. Pour un enduit qui doit sécher très promptement, on ajoute, dans les pays où le plâtre est rare, une certaine quantité de sable quartzeux, d’ordinaire à 2 parties de plâtre en poudre, 1 partie de sable. Cette espèce d’enduit peut être employée à des épaisseurs assez fortes sans se gercer, et comme elle durcit promptement, elle convient pour former les premières charges destinées à recevoir les corniches, et encore pour enduire des pans de bois. Pour traîner les corniches, on se sert dans les mêmes pays de ce qu’on y nomme stuc de plâtre, composé de 3 parties de chaux fraîchement éteinte, d’une partie de sable et de quatre parties de mortier de plâtre.
Quand le plâtre est trop cuit, il est scarifié, et n’est pas susceptible de former une bouillie par l’addition d’eau; si le plâtre n’est pas assez cuit, la poudre ne se dissout pas dans l’eau et tombe au fond, comme le ferait le sable.